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IMHOTEP a sa musique  

EXCLUSIF :

Interview d'IMHOTEP
par Djed Ramose

Transcription en langue française du XXIe siècle après l'ère Chrétienne.

 
 

Récemment, suite aux recherches de mon ami le physicien G.H.W., j'ai pu accéder à un fragment de temps, là où il y a eu chez nous 4862 fois le renouveau de la végétation et que nous appelons ici le Printemps.

Vous ne pouvez pas savoir comme c'est simple de remonter ce qu'on appelle improprement " Temps ". Ici on ne sait pas définir ce difficile concept que faute de mieux, on a appelé : Temps.

En gros le temps, c'est comme un grain de riz, avec un autre grain de riz, ou un morceau de sucre avec un autre morceau de sucre, et ainsi de suite. Ne pouvant en écrire plus dans le préambule de cette interview, je peux cependant ajouter le plus important : avec cette image des grains de riz ou des sucres, il y a les COULEURS : le ROUGE pour le passé, le BLEU pour le futur, et le BLANC pour l'Instant ou le présent lequel est la source de tous les possibles. En faîte, cela ressemble un peu à ce que les théologiens de la religion monothéiste Chrétienne ont nommé Trinité, mais ils ne sont pas les premiers à avoir employé ce mot.

Grâce aux vibrations pulsées et croisées de mon ami G.H.W., je suis parvenu à rencontrer le grand Architecte du roi Djeser, qu'on écrit également Djoser. N'ayant pas beaucoup étudié les hiéroglyphes redécouverts par J.F. Champollion, j'ai pu tout de même communiquer avec l'Architecte Imhotep, comme par une sorte de transmission de pensée et de gestes où chacun conservait sa propre langue. C'est difficile à admettre, mais nous nous comprenions tout de même Imhotep et moi.

L'effet des croisements vibratoires sous les plaques de polarisation de la " caméra " de G.H.W. m'a amené (mon corps et mon intellect) dans une sorte de couloir, un peu comparable au couloir de ronde du temple d'Edfou, mais sans les gargouilles en forme de têtes de lions puisque le couloir était couvert. Le couloir était éclairé d'une extraordinaire lumière orange dont on ne voyait pas la source, certainement bien cachée. Imhotep m'a expliqué que nous étions à Mur-Blanc (l'actuel Mit-Rahina), capitale de l'Égypte que l'on a appelée plus récemment Memphis ; et nous étions dans le bâtiment appelé Grande Maison ou Palais du roi.

•  DR : Seigneur Imhotep, Merci de m'accueillir et de m'accorder votre écoute.

•  IMH : Je ne m'attendais pas à te découvrir au détour du couloir de ronde. Aucun garde ne t'as arrêté ? Tu es habillé d'une façon que je ne reconnais pas.

•  DR : Non Seigneur, pas de gardes. J'ai un peu subi la traversée de beaucoup, beaucoup, beaucoup d'espaces. Ce serait long à vous expliquer Seigneur.

•  IMH : Ah tu sais traverser des espaces, et bien félicitations. Ne reste pas debout, assieds toi près de moi, et n'emploi pas ce terme si impersonnel de " vous " ; et ne m'appel pas Seigneur ! Alors tu veux me poser des questions ! j'aime répondre, c'est amusant et j'aime bien m'amuser. Et comment sais-tu qu'Imhotep est bien assis à tes côtés ?

•  DR : Merci Seigneur, pardon, Imhotep. (À ce moment, un peu abrutis par la situation où je me trouve, je m'assoie). Mais puisque vous l'avez à la main, c'est votre manière de tenir le calame et le papyrus. Selon moi, il ne peut y avoir qu'Imhotep pour tenir le calame comme cela. J'avais beaucoup observé des statues de scribes à l'époque d'où je viens.

•  IMH : Peut-être parce que j'ai aussi appris dans le Temple à dessiner et à manipuler des formes et des couleurs.

•  DR : J'ai tellement de questions que je ne sais pas commencer... Est-ce toi qui a construit ce couloir de ronde par où je suis venu et qui a de si jolies proportions ? Cela doit être difficile de partir de simples pierres et d'imaginer quelque chose avec elles ?

•  IMH : Le couloir de ronde, c'est moi. J'avais 12 étés, c'était au bord du Nil, à côté du temple de To-Tjenen ; je jouais avec des cailloux. Les cailloux m'ont toujours fasciné. Encore enfant, je prenais certaines pierres que je mettais à côté de ma tête avant de m'endormir. Plus tard, j'ai mis ces mêmes pierres précieusement dans un petit coffre en bois dont je conservais la clef attaché autour du cou. Ce matin de mes 12 étés, le vent soufflait un peu fort et j'empilais mes cailloux pour former une petite pyramide. J'ai eu l'idée que l'on pouvait en faire un édifice. Ici nous construisons surtout avec des briques cuites au rayon de Rê.

•  DR : Mais Seigneur, pardon ; et le roi Djeser ?

•  IMH : C'est un ami d'enfance, Sakay, qui était à l'école des scribes avec moi et qui travaille maintenant au service de mon roi Djeser, Vie, Santé, force. Je lui ai parlé de mon idée de faire un édifice en pierres ; et à cette époque, mon roi envisageait déjà de se faire construire sa demeure d'éternité. Sakay a parlé à mon roi de cette idée et il m'a demandé auprès de lui. C'est assez simple !

•  DR : Comment m'exprimer ? D'où je viens, on parle dans la nécropole de Mur-Blanc de Saqqara ; cette pyramide à degrés.

•  IMH : Mais d'où tu viens ? Que ta peau est claire. Ton costume est étonnant. Qu'est-ce que cela ?

•  DR : Une fermeture métallique qu'on appelle aussi dans mon pays " fermeture éclaire ", parce que ça se ferme en un instant. (Je lui fais une démonstration).

•  IMH : C'est amusant les petits bouts de métal. On pourrait faire des habits avec cela.

•  DR : Mais nous avons utilisé ça à une époque très riche en symbole qu'on a appelé ici " Moyen Age " et l'habit s'appelait : côtes de mailles. Mon arrivée ici ! ce sont les croisements d'espaces et de couleurs qui m'ont permis d'arriver jusqu'à toi.

•  IMH : Oui, il ne doit y avoir que cela pour y parvenir. Pour répondre à ta question sur Saqqara, j'ai dessiné les plans, et mon dessinateur et arpenteur Yermoutef m'a beaucoup aidé pour construire l'intérieur. Avec l'or de mon roi, nous avons bien payé et nourrit les tailleurs de pierres. La construction a été assez rapide :10 étés. Mais j'y pense, je suis victime d'Apopis, je n'ai même pas demandé comment on te nommait ? Et est-ce que chez toi il y a aussi un roi ?

•  DR : Je m'appelle Djed Ramose. Non, chez moi il n'y a plus de rois. Pour ne pas te choquer, je ne te dirais pas ce que nous avons fait à notre dernier roi, qui était le 16 ième Louis. Nous l'avons remplacé par un Président. Comme son nom l'indique, il ne fait que présider, il dirige ; mais à la différence d'un roi, il est dépourvu de symbole spirituel, et il n'est là que comme administrateur en chef le plus élevé. C'est une notion récente qui n'a pas le naturel d'un état gouverné par un roi. Ici nous ne sommes pas encore en état d'accepter un nouveau roi. Cela viendra, je n'en doute pas ; et ce qui tourne autour du pouvoir est très dangereux !

•  IMH : Curieux, tu portes le même nom que l'Orfèvre de la Grande Maison. Oui, le pouvoir est une sorte de mouvement très dangereux. Djed Ramose, je vais t'apprendre que la pyramide à Saqqara n'est toujours pas terminée et que j'ai entrepris la construction de la clôture du Jardin-Sud-de-la-Pensée-et-de-la-Parole, au sud de Mur-Blanc.

•  DR : D'où je viens, je n'ai jamais entendu parlé de ce jardin ?

•  IMH : Il doit être perdu dans l'usure de nos petits espaces. Pourtant le Jardin est très grand : il faut 9 et 9 couchés de Rê pour en faire le tour dans un chariot tiré par 2 boeufs. Mon roi Djoser, Vie, Santé, Force, m'a demandé de faire une clôture. Je trouve cela beaucoup plus difficile que la construction de Saqqara.

•  DR : Oui, cela correspond à la définition d'un jardin : Un espace presque clos où l'on apprivoise les plantes.

•  IMH : Ah tu connais cette définition. Elle est parfaite dans ton monde et dans le mien. Avec mon équipe et le chef des travaux Amoni, nous avons presque fini la clôture. Il reste la porte d'entrée du Jardin à peindre. Mais nous avons quelques problèmes qu'il serait un peu long à t'expliquer. Cher Djed, pour les piliers de la porte, j'ai essayé de faire comme avec nos briques : reconstituer de la pierre par moulage. J'ai inventé un moyen de cuisson qui compacte la poudre de pierre et la rend aussi dure que notre granite.

•  DR : Tu as inventé le béton !

•  IMH : Le béton ?

•  DR : C'est comme cela qu'on appelle cette pierre dure reconstituée et moulée. Nous la rendons plus solide par des tiges en métal noyées dedans, et nous appelons cela : " béton armé ".

•  IMH : Ah, vous avez besoin de tiges en métal. Comme je n'aime pas trop la couleur de mes pierres moulées, ton béton, j'avais décidé de faire placer une grande pierre naturelle comme linteau au-dessus de la porte et de la faire sculpter par Ennana, mon chef des tailleurs de pierres. Après la sculpture d'Ennana, il a fallu faire placer le bloc au-dessus de la porte. Pour cela, j'ai fait chercher un arpenteur en Phénicie. Djed, tu dois savoir que c'est à Tyr que l'on trouve les meilleurs arpenteurs. (Tyr est dans notre monde : Sûr, dans le Liban)

À Tyr, les 2 cavaliers que j'avais envoyés m'ont amené Mew l'arpenteur ; qui d'ailleurs n'a failli ne jamais arriver jusqu'à Mur-Blanc ! Ils ont tous trois été attaqué par des pilleurs, mes 2 cavaliers sont partis dans la Douat, seul Mew est arrivé dans un triste état. Je l'ai soigné. Tu sais, j'ai fait dans la Grande Maison des études assez poussées de médecine, auprès du Maître Oupkhetem. Et en soignant Mew, j'ai été intrigué par sa beauté ; ça ne m'était jamais arrivé. Même avec Neserty.

•  DR : Qui est Neserty ?

•  IMH : Une courtisane que j'ai soignée.

•  DR : A ce point, j'aimerais me permettre une remarque sur ton physique Imhotep : je te trouve beau.

•  IMH : Merci, mais tu sais bien que c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup subjectif la beauté !

•  DR : Oui, mais avec un regard si intense, tu as dû en intriguer Neserty et Mew. Dis-moi si je suis trop indiscret sur ta vie privée ?

•  IMH : Non, non, puisque tu es là, je répondrais avec joie à tes interrogations affectives à mon égard.

•  DR : C'est curieux, où je vis, on te représente le crâne rasé, mais tes cheveux sont bien là et très vigoureux à ce que je peux voir.

•  IMH : Pourtant comme tu vois, j'ai pu conserver le privilège de ne pas me raser, mais puisque je suis prêtre, je suis obligé de me couvrir la tête dans le Temple. Chez nous, ce qui est poils et cheveux sont considérés comme impures, mais je tiens à mes cheveux à cause du vent qui pénètre dedans et m'aide à méditer lorsque je me promène dans les collines.

C'est justement devant le Temple que j'ai croisé Neserty. Elle venait de se tordre la cheville à cause d'une marche ébréchée. Je me souviens bien, après lui avoir bandé le pied, elle à fait des remarques sur ma timidité. Je suis timide, au sens où tu le comprends à ton espace Djed. Neserty était très belle, bien que je sois presque plus sensible aux formes masculines. Pour moi, les corps masculins sont plus pleins, plus nerveux plus expressifs, mais aussi plus lourds, plus terrestres. Les formes féminines sont plus aériennes si je peux dire, plus joyeuse aussi.

•  DR : Imhotep, tu as été marié, tu as des enfants ? ?

•  IMH : Oui, j'ai croisé la jarre, ou marié comme tu dis, avec Jenemet, au début du chantier de Saqqara ; Jenemet me préparait mes pinceaux et mes couleurs. Avec elle, j'ai eu un fils qui est mort au bout de 3 saisons. Je n'ai pas su ce qu'il avait. Ce fut très dur... Jenemet est elle aussi parti dans la Douat quelque temps après ; elle avait les poumons rongés par des moisissures. Je n'ai rien pu faire pour la sauver. J'ai pu seulement soulager sa douleur et aider son départ vers la Douat (le monde des morts).

•  DR : Tu as cherché une autre épouse ?

•  IMH : Non, j'aime beaucoup la solitude. Et puis tu sais Djed, ce qui est organique, physique me fait peur, me dégoûte aussi ; et pourtant je suis médecin, dessinateur, et je te parlais, il y quelques espaces, de formes humaines et de mon attirance pour ces formes. C'est contradictoire, mais les contradictions font avancer les choses. Le paradoxe n'est-il pas un merveilleux moteur ?

•  DR : C'est ce que disent aussi certains philosophes ici dans mon espace.

•  IMH : Et puis j'ai trop souffert avec Neserty. Elle m'a fait la cour, elle me trouvait beau, comme toi. Elle m'a invité chez elle, m'a éconduit en m'injuriant, en me jugeant sévèrement. Elle m'a vendu ses charmes : figures-toi que j'ai été obligé de lui donner mes vêtements de cours pour obtenir d'elle quelques caresses. Je me suis retrouvé tout nu tard dans la nuit, à la sortie de sa demeure. Mon domestique borgne, Houy, m'a ramené en cachant ma nudité comme il pouvait. J'ai revu Neserty dans une Maison de Plaisirs, il y a quelques saisons. Elle vendait encore ses charmes, mais les formes de son corps n'avaient plus ces proportions si harmonieuses.

•  DR : Le hasard a placé Neserty sur ton chemin.

•  IMH : Oh, ce que tu appelles " hasard " est complexe. Je pourrais presque dire qu'il n'existe pas. Je dis : presque.

•  DR : Oui, on pourrait aussi parler du destin, du sort et de la fatalité, mais cela nous éloigne. Tu parlais de Maison de Plaisirs ?

•  IMH : Oui c'est après la mort de Mew.

•  DR : Ton arpenteur Phénicien est mort ?

•  IMH : Oui et cela a été encore plus dure que la perte de mon fils Jeb et de celle de Jenemet. J'ai été amoureux de Mew. Mais attention, je ne sais pas comment on interprète l'amour entre 2 êtres du même sexe dans ton espace ?

•  DR : Oui ta logique est différente. Ici, nous sommes de plus en plus matérialiste hélas, donc l'amour se réduit souvent au sexe utilisé comme un banal ustensile de cuisine, si je puis me faire comprendre ainsi.

•  IMH : Comme du matériel ?

•  DR : Oui, du sexe comme une marchandise de tous les jours. Dans mon espace, seul compte l'apparence où surface des choses. On croit aller vite et sans entraves, mais on casse tout.

•  IMH : J'entends que vous avez des efforts à réaliser. Mon amour envers Mew était spirituel. Nous nous sommes aimés de la même façon l'un et l'autre, et il n'y a jamais eu besoin de contact physique ; nous trouvions un équilibre vibratoire hors du commun. Même avec Jenemet et plus loin avec Neserty, je n'avais jamais trouvé cet équilibre, cette unité. Nous nous embrassions seulement quelquefois pour garder notre fraîcheur d'émerveillement intact, et j'ai seulement passé quelques couchés de Rê allongé aux côtés de Mew. Lui aimait beaucoup beaucoup les femmes. Quand il est parti de Tyr pour venir à Mur-Blanc, il était prêt à casser la jarre avec une jeune femme. Il l'a laissé à Tyr en croyant revenir vite en Phénicie. Ptah en a décidé autrement.

•  DR : Dans mon espace, l'attirance entre 2 êtres du même sexe est nommée : Homosexualité, ou Gay, dans la langue du pays Angleterre. Cela correspond peut-être à la logique de notre espace, mais pas du tout à la logique de ton espace il me semble, puisque dans homosexualité il y a sexe.

•  IMH : Oui, ici il est naturel d'éprouver une attirance amoureuse et quelquefois charnelle entre 2 personnes de même sexe. Je dis bien quelquefois charnelle. Si on a des envies d'unions d'un autre corps de même sexe, il n'y a qu'à aller dans la Maison de Plaisirs. Là, il y a aussi des jeunes garçons qui vendent mais aussi offrent gratuitement leurs charmes. Au cours d'invitation à quelques fêtes ou anniversaires, le maître de maison propose pour se divertir, de choisir entre femme ou garçon. C'est de tradition, et l'épouse n'est pas jalouse que son homme aille s'amuser avec un autre homme.

•  DR : Tu parlais de Neserty et là de Maison de Plaisirs. Tu y as été ?

•  IMH : Oui et non ! Après le départ de Mew pour la Douat, j'étais comme fou et complètement perdu. J'ai erré 3 couchés de Rê dans les rues de Mur-Blanc. Une vieille vendeuse de légumes me voyant délirer en chantant me proposa de me raccompagner chez moi. Je l'ai suivi et elle m'a laissé devant la Maison de Plaisirs en me disant que c'était là ma demeure ! La vieille a bien rigolé en me montrant ses dents toutes jaunes sombres. Puisque j'étais devant, j'ai poussé le rideau et je suis entré en titubant. Un client m'a donné un coup de pied au derrière, je suis tombé en cassant des poteries et c'est Neserty qui m'a relevé ! À nouveau elle m'a fait la cour, elle a voulu que je m'allonge près d'elle pour que nous nous amusions. J'ai hésité, alors elle m'a injurié. Je suis parti en courant. J'ai continué à délirer. Je chantais la chanson des " Lois ou l'argent est le seul Maître et ou la Pauvreté ne peut avoir Raison ".

•  DR : Mais c'est comme chez nous ! Tu ne peux pas t'imaginer cela Imhotep. Et Mew, comment est-il mort ?

•  IMH : Un accident. Certains jours, pour nous détendre de la tension du chantier de cette porte, nous allions nous baigner dans le Nil, près du petit temple de To-Tjenen dont je t'ai déjà parlé. Nous plongions nus dans l'eau un peu trouble, et je me souviens de la façon dont Mew rangeait ses vêtements et ses sandales sur le sable. Il passait beaucoup de temps à plier et replier sa tunique, puis il alignait soigneusement ses sandales dans un ensemble formant un parfait rectangle des plus belles proportions.

•  DR : (Ici, Imhotep s'arrête quelques secondes, il ne peut contenir son émotion).

•  IMH : Quelquefois, Mew allait se baigner seul. Un soir, ne le voyant pas revenir, avec un petit groupe, nous sommes parti à sa recherche vers le petit temple. Et là, grâce à la lueur de nos torches, l'un de mes compagnons a trouvé le corps de Mew en partie ensablé. Mew était déjà parti dans la Douat. Si jeune, il avait au moins 15 saisons de moins que moi. Et dire qu'il m'avait offert un magnifique scarabée de jade qu'il portait autour du cou et qui l'avait sauvé de la mort lorsqu'il a été attaqué par les pilleurs en venant à Mur-Blanc. Je lui ai remis autour du cou son collier, mais c'était trop tard ; je ne pouvais quitter son corps, ce sont mes compagnons qui m'ont portés pour m'arracher au lieu du drame. Après la cérémonie pour le départ de Mew, je me suis enfui en délirant dans les rues de Mur-Blanc. Mon serviteur borgne, Houy, m'a retrouvé, parce que curieusement, la nuit, je ne délirais plus. Je pouvais méditer et prier avec une telle intensité, que cela attirait les rares personnes encore dans les rues de Mur-Blanc. Et ces personnes se mettaient à prier avec moi, comme dans une union étonnante. Le 3e soir avec toutes les lanternes allumées, c'était magnifique. Et puis Houy m'a retrouvé et j'ai accepté de le suivre pour rentrer chez moi.

•  DR : Et pour la porte du jardin : comment Mew avait fait pour placer le bloc au-dessus de la porte ?

•  IMH : Mais avec la force du sable. Nous utilisons le sable comme s'il était un élément liquide, comme l'eau. Par un système de puit élevé jusqu'au-dessus de la porte, nous avons fait s'élever le gros bloc et il s'est parfaitement mis en place sur les 2 colonnes de la porte. Nous avons procédé de la même façon pour installer dans leurs gonds les 2 battants de bois de la porte.

•  DR : Au début de notre entretien, tu parlais de problèmes avec la porte ; d'après ce que tu viens de me dire, les travaux sont pour ainsi dire terminés ? peut-être à par la peinture des 2 battants ?

•  IMH : La peinture, ce n'est pas le problème, ni la porte. C'est dans le Jardin ! Je pense qu'en le clôturant et en ajoutant cette porte, d'ailleurs assez monumentale tu sais Djed, il se passe des choses étranges, presque comme ce que nos prêtres symbolisent dans le pays de la Douat. Je peux juste te raconter rapidement que dans le Jardin, j'ai croisé Anoupou, le plus jeune fils de Djoser, Vie, Santé, Force, et Hésyré, le trésorier. Lui qui ne voulait pas travailler et faisait tout faire en donnant des ordres aux autres et à ses serviteurs, se retrouvait dans un coin du Jardin à construire une maison avec nos pièces de cuivre. Il me disait qu'il s'entraînait à travailler !

Une autre fois, j'ai croisé 2 panthères tachetées, et il n'y en a normalement pas dans nos contrées. L'une d'elles me léchait la main et l'autre ronronnait fortement.

Et ce ne sont pas des délires. J'ai accepté le départ de Mew pour la Douat. C'est bien étrange Djed !

•  DR : La vie du Jardin se manifeste ! Ton Jardin rêve Imhotep, les plantes rêvent aussi !

•  IMH : Oui, cela doit être ainsi. Les plantes se sentent protégées maintenant, et elles peuvent rêver tranquillement.

•  DR : Je te salue Imhotep. Quelque chose m'attire dans mon espace, la courbe torique du réglage doit arriver au bout de sa course. Permet-moi de te quitter, à une prochaine visite j'espère. Merci pour le privilège que tu as bien voulu m'offrir. Je le garderai en mon coeur pour l'éternité.

•  IMH : Alors je te salue Djed. Bon retour, Vie, Santé, Force, et accroche-toi tout de même au présent de ton espace.

L'interview se termine ici. Je m'en suis allé un peu triste dans un coude du couloir de ronde de la Grande Maison, et avant qu'un garde ne m'aperçoive, j'avais regagné notre espace : celui où je suis né, dans l'instant, mais dans notre Instant seulement. Trop difficile à expliquer ici avec mes moyens et avec les études que j'ai faites.

Merci de votre lecture si vous êtes parvenu jusqu'ici, et merci de l'honneur que vous avez bien voulu apporter en vous intéressant à l'interview du Seigneur Imhotep. Je suis sûr qu'il est heureux de savoir que de cette manière, on en connaît un peu plus sur sa vie et sur la clôture du Jardin-Sud-de-la-Pensée-et-de-la-Parole.

À bientôt.

Djed Ramose.

Copyright Djed Ramose - Août 2005


Voir aussi le document pdf sur l'ÉNNÉADE D'HÉLIOPOLIS.

 
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