« Avant de devenir sage, il faut avoir été longtemps libre ».
Pierre Waldeck-Rousseau.
Cette citation est à double sens, et s’attache aussi aux dérivent religieuses, philosophiques, et technologiques. La Trinité de la connaissance n’échappe pas aux cycles et peut chuter à tous moments. Ainsi les sectes peuvent être bonnes ou mauvaises, tout comme les sociétés cachées comme les Francs-maçons (toutes les loges ou branches ne sont pas pourris).
Pour comprendre Raspoutine, il faut un peu voir le côté double, comme dans tout, de la foi en Russie : l’exotérique et l’ésotérique (le vulgaire et le caché). Raspoutine se rattache bien-sûr au côté ésotérique. Il fréquenta la secte des
Khlysty, qui par la transe des Adeptes tournant sur eux-mêmes rappelle les
Derviches tourneurs. Pour faire bien on différencie, secte et ordre ! Et l’un et l’autre ont a voir avec l’aspect religieux.
Défier le Péché
La fleur de Lotus pousse sur le fumier : de la putréfaction alchimique naîtra la blancheur de la pureté et ensuite le rouge de la naissance des transformations.
Un ascétisme (pénitence pour la perfection) le plus extrême, « à la mode russe », passait par la domination des sens grâce à une débauche sans limites !
Ne vivons-nous pas une époque semblable à celle de la secte de Raspoutine : les Khlysty (flagellants), prônant : « défier le pécher », car chez le croyant du style monothéiste chrétien, le péché devait être toujours suivi d’une grande souffrance, puis d’un profond repenti. Rappelez-vous la
précédente page sur Raspoutine, où celui-ci est battu pour avoir volé son voisin, et il en découvre « la joie de la souffrance, de l’humiliation, de l’outrage », (penser au sens du mot Slave, sens aussi de la symbolique des souffrances des Bateliers de la Volga qu’à si bien traduit le peintre
Ilya Répine).
Bateliers de la Volga, par le peintre Répine.
La rédemption par le péché n’est pas comparable à la méthode naturel homéopathique : le mal par le mal ou principe de similitude ou analogie est déjà énoncé par Hippocrate, mais remonte à la nuit des temps. Seulement le principe Homéopathique consiste à donner au malade, à dose infinitésimale la substance qui, prise chez un homme sain à doses fortes, produit des symptômes semblables à ceux observés sur le malade. Cependant dans le cas de la secte des Khlysty, la doctrine khlyst : le grand péché ou délire sexuel suivit du grand repentir ; péché, repentir, purification sont tout de même une « trinité alchimique » purificatrice. Et par rapport à l’Homéopathie, seul le fait de soutenir la fièvre pour provoquer une élimination des toxines peu faire penser à cette médecine.
L’adversaire est important, il entre partout, tout comme tout symbole est double : Yin et Yang. Ainsi combattre le mal par le mal et « naviguer » et jongler avec la dualité est somme-toute une opération d’ingénieur électricien de haut niveau, ou de spécialiste des ondes, car ce n’est pas du tout évident ! Cette dualité éternelle est exprimé sur le bâton magique que tient le dieu Ptah, le haut du bâton est surmonté d’une tête sethienne, et d’un lien et d’une plume (pour l’aspect directe).
Délivrer du matérialisme, de la chair et de son pêché, remonte au temps où on brulait sur un bûcher les sorcières et sorciers pour les purifier. C’est peut-être en partant de cette conception de délivrance qu’une secte s’est créée : les
Skoptsy (les castrats).
Cette ordre caché ou secte pratiquait le « baptême du feu » par la castration ! Mais plus que le bûcher purificateur ces croyants se basaient aussi sur l’Évangile de Mathieu : 19 - 12 : Il y a en effet des eunuques qui le sont devenus par l’action des hommes, et il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels à cause du Royaume des Cieux. Qui peut comprendre, qu’il comprenne ». Ainsi les horribles mutilations des Skoptsy les préparaient selon eux à la vie éternelle.
Donc selon le Yin et le Yang, la Russie religieuse secrète fonctionnait en parallèle avec le Russie religieuse officielle. Mais en particulier, et peut-être à cause de leurs ancêtre
Scythes, lesquels ne devaient pas être des tendres, selon ce qu’en transmet dans sa musique
Prokofiev, justement dans l’œuvre qu’il leur a consacré.
En Russie les églises orthodoxes sont souvent construites sur d’anciens lieux de cultes païens. La vénération et la déification païenne de la Nature demeure dans l’âme de la Russie.
En Russie au début du 17è siècle eut lieu une période troublé (1585-1613), et les réfugiés créèrent une sorte de far West dans les forêts profondes. Quelques décennies plus tard, ces réfugiés sortirent de leur Far West et entre temps une réforme de l’Église eut lieu. En particulier désormais il fallait se signer avec trois doigts au lieu de deux ! Bien-sûr ce changement provoqua un bain de sang et Satan entra dans la ronde. L’Église châtia les vieux croyants : prison, exécutions, suicides par le feu, etc. Les vieux croyants se réfugient donc dans les forêts inaccessibles aux autorités, aux alentours du bassin de la Volga. Si bien que pendant les trois siècles que dura la dynastie des Romanov (1613-1917), en Sibérie exista le Yin et le Yang, une Église non officielle (Église du peuple) et une officielle, presque aussi puissante l’une que l’autre.
A la fin du 19è siècle, l’Église officielle était fortement affaiblit et n’était plus d’aucun secours en cas de grave catastrophe. Avec la montée du nihilisme et des désordres sociaux, le peuple ne faisait plus confiance aux institutions ni au Tsar, le
« Petit Père des peuples » (à ne pas confondre avec Staline). Les gens déboussolés cherchaient des nouveaux guides, ils partaient vers des ermitages perdus dans des forêts profondes, trouver les
starets pour confier leurs problèmes, en attendant un regain d’espoir trompeur déclenché par la Révolution.
Raspoutine à travers la secte des Khlysty essayait son approche vers Dieu. Ce fut là qu’il apprit un bout du mysticisme. Ce fut là aussi qu’il apprit l’art de guérir par des formules magiques mêlées de prières chrétiennes. Il prit conscience de sa force, et une imposition de ses mains nerveuses suffisait pour que les maladies s’envolent.
Comme alors son entré dans le monde : celui de Saint-Pétersbourg. L’évêque Théophane de Poltava, devant la commission d’enquête au moment de la Révolution expliqua que Grigori Efimovitch Raspoutine est arrivé pour la première fois à Saint-Pétersbourg au moment de la
guerre russo-japonaise (1904-1905). Cette guerre fut le « virus » définitif qui devait mettre fin au régime tsariste quelques saisons après, et précipiter la Sainte Russie vers un nouvel Atlantide (expression de Edvard Radzinsky) qui dura
quatre ans, sans compter les prolongements...
A cette période la notoriété de Raspoutine dépassait les limites de la Sibérie. Il avait déjà de nombreuses admiratrices à
Kazan. C’est au court de ses si nombreuses pérégrinations que Raspoutine revenait accompagné de deux ou trois femmes habillées « comme des religieuses » ; ses disciples étaient essentiellement féminins ! Deux femmes lui servirent de « domestiques » : Dounia et Katia Petchorkine (tante et nièce).
RAPPEL IMPORTANT : le
servage n’a pas toujours existé en Russie, il date
d’Ivan le Terrible (1530-1584). Ce qui veut dire qu’AVANT, les paysans possédaient des terres et pouvaient vivre en autarcie, ce que sous tend furtivement l’atmosphère de quelques scènes du
Alexandre Nevsky de
Serge Eisenstein, où sous le courage du Prince Alexandre Nevsky, délivré de
l’envahisseur Teuton il semble régner une liberté dans tout le peuple, liberté peut-être feinte à cause de la propagande démoniaque et hyper développée du stalinisme.
À suivre...
M.R.
En haut, affiche de 1920 incitant les populations à une révolution mondiale, un avant goût de notre mondialisme.