Accueil arrow Yôkai arrow Élémentals, Divinités, Yôkai arrow Le monde est un mythe
Le monde est un mythe Suggérer par mail
 

Ecrit par Sechy, le 01-08-2010 22:32

Pages vues : 9240    

Favoris : 68

Publié dans : Elementals Yôkai, Élémentals, Divinités, Yôkai

Tags : Contes, Fables, Légendes, Merveilleux, Mythe, Nature, Yôkai

 
Free Image Hosting at www.ImageShack.us
 
Le monde est un mythe
 
 
Le mythe est de la même famille que l’allégorie. Les deux s’apparentes à une légende.
 
L’allégorie est une variation plus abstraite, plus imagée, qui illustre un exploit, une situation, une vertu, un être abstrait. Reprenant une citation de Henri Corbin dans la préface du dictionnaire des symboles de J. Chevalier et A. Gheerbrant : « L’allégorie est une opération rationnelle, n’impliquant de passage ni à un nouveau plan de l’être, ni à une nouvelle profondeur de conscience ; c’est la figuration, à un même niveau de conscience, de ce qui peut être déjà fort bien connu d’une autre manière. Le symbole annonce un autre plan de conscience qui l’évidence rationnelle ; il est le chiffre d’une mystère, le seul moyen de dire ce qui ne peut être appréhendé autrement ; il n’est jamais expliqué une fois pour toutes, mais toujours à déchiffrer de nouveau [N de MR : ce que j’appelle la ‘fixation cavalante’], de même qu’une partition de musicale n’est jamais déchiffrée une fois pour toutes, mais appelle une exécution toujours nouvelle ».
L’allégorie ne fige pas ; tout comme le mythe ne meurt pas, il se transforme tout simplement.

Les mythes révèlent les structures du réel et les multiples modes d’être dans le monde. Ils sont le modèle exemplaire des comportements humains. Ils révèlent des histoires vraies se référant à la « Réalité ».
Le mythe peut être : fables, récits populaires FABULEUX amplifiés par l’imagination collective. Ces récits concernent plutôt les dieux et les « grands » personnages.
Le mythe ne peut pas être « Particulier », il ne peut se constituer que dans la mesure où il révèle l’existence et l’activité des êtres surhumains se comportant de manière exemplaire ou hors du commun, tel le mythe de Frankenstein, le mythe de l’éternelle jeunesse, le mythe d’Orphée (la Nuit fécondée par le Vent). « Le mythe de l’alchimie est un des rares mythes optimistes : l’Opus alchimicum en plus de transformer et de régénérer la Nature, confère la perfection à l’existence humaine en lui donnant santé, jeunesse, et même immortalité ». (D’après le Mythe de l’Alchimie, de Mircea Eliade]

Lorsqu’il n’y a plus de mystères dans le mythe, il devient :
1 – Mythe.
2 – Légende/Conte. (D’après Mircea ELIADE).

Garder les mystères, sinon en les résolvant, ils seront tués.
Heureusement que beaucoup restent des gouffres sans fonds.
• Tirer de l’obscurité du gouffre quelques lumières.
• Qui entretient le Mystère cultive le Mythe ; qui entretient l’Authentique développe la Foi.
• Mystère où il n’y a pas de réponse au POURQUOI.
• Mystère des Mystères. Ce qu’il y a pourtant de moins mystérieux.

Maintenant voici un étonnant mélange entre mythe et « réalité » ou rêve et « réalité » dans l’enseignement 315 de Ramana Maharshi. (Les notes entre-crochets sont de moi).

Un des assistants demanda : « Shri Bhagavân (Maharshi) : « Réalité et mythe sont tous deux la même chose ». Comment devons-nous comprendre cela ? »
- Maharshi : Les tantristes et d’autres de même tendance condamnent la philosophie de Shri Shankara, le mâyâvâda, sans bien le comprendre. Que dit en effet Shankara ?
Il dit : 1) le brahman [être suprême] est réel ; 2) l’Univers est un mythe ; 3) le brahman est l’Univers. Shankara ne s’arrête pas à la deuxième déclaration, mais complète par la troisième. Qu’est-ce que cela signifie ? L’Univers est habituellement conçu comme étant séparé du brahman, mais cette conception est fausse [nous ne sommes pas séparé de la Nature, nous sommes la Nature]. Les adversaire de Sankara s’appuient sur son exemple de rajju-sarpa (la corde et le serpent(1)). Il s’agit là d’une surimposition inconditionné. Dès que l’existence de la corde est reconnue, l’illusion du serpent est détruite une fois pour toutes.
Mais ils devraient tenir compte aussi de la surimposition conditionnée telle qu’elle apparaît dans l’exemple de marumarîchikâ (le mirage dans le désert) ou mrigatrishnâ (l’eau du mirage). Le mirage ne disparaît pas, même lorsqu’on reconnaît qu’il s’agit d’un mirage. La vision demeure, mais l’homme ne court pas ver l’eau. Shri Shankara doit être compris à la lumière des deux exemples. Le monde est un mythe. Cependant, même après l’avoir compris, le monde continue à se manifester. Il faut donc le voir comme étant le braham et non pas séparé du braham.
Le monde apparaît, mais à qui apparaît-il ? demande-t-il. Quelle est votre réponse ? Vous devez dire : au Soi. Sinon, le monde pourrait-il apparaître en l’absence du Soi ? Le Soi est donc la réalité. Telle est la conclusion de Shankara. Les phénomènes sont réalité quand nous les voyons comme le Soi, et les mythes quand nous les considérons comme séparés du Soi.
Maintenant, que disent les tantristes et autres ? Ils disent que les phénomènes sont réels parce qu’ils font partie de la Réalité dans laquelle ils apparaissent.
Ces deux théories ne sont-elles pas semblables ?
C’est ce que je voulais vous faire comprendre lorsque je vous ai dit que la réalité et le mythe étaient tous deux une même et unique chose.
Selon les contradicteurs, le phénomène de l’eau du mirage est purement illusoire, qu’il s’agisse d’illusion conditionnée ou inconditionnée, car cette eau ne peut en aucun cas servir. Par contre, le phénomène du monde est différent, il a une finalité. Comment peut-on alors placer au même niveau le mirage et le monde ?
Un phénomène n’est réel simplement parce qu’il sert à un ou plusieurs usages. Prenez le rêve, par exemple. Les créations oniriques ont leur utilité ; elles servent l’objectif du rêve. L’eau du rêve désaltère l’être assoiffé du rêve. La création onirique est toutefois contredite au réveil. La création de l’état de veille l’est aussi dans les deux états (rêve et sommeil profond). Ce qui n’est pas continu ne peut être réel. [Maharshi veut entend certainement ‘fluide’]. Si une chose est réelle, elle doit toujours l’être et non pas être parfois réelle et parfois irréelle.
Tout cela est comparable aux tours des magiciens. Leurs créations semblent réelles alors qu’elles sont illusoires.
De même, l’Univers ne peut être réel en lui-même, c’est-à-dire séparé de la Réalité profonde. [J’ajoute que cela correspond aussi avec la recherche des principes de la Nature, de manière que la vie s’écoule dans l’être sans rencontrer nul obstacle. On peut appeler ça la Transparence]

Prolongement dans l’enseignement 316.
Un film projette un incendie sur un écran de cinéma. L’écran prend-il feu ? Des tonnes d’eau sont déversées. L’écran est-il mouillée ? Du matériel est utilisée. L’écran est-il endommagé ?
C’est pourquoi il est dit : acchedyo ‘yam, adâhyo ‘yam, akledhyah... (Il ‘le Soi’ ne peut être ni blessé, ni brûlé, ni mouillé... (Bagavad-Gîtâ, chapitre 2, 24)
Le feu, l’eau, etc., sont des phénomènes qui apparaissent sur l’écran du brahman (c’est-à-dire le Soi), et ils ne l’affectent pas.

[En haut de page, une partie d’un tableau de Corot : Orphée et Eurydice]


Note.
1. C’est une image classique utilisée dans l’Advaita-vedânta : on voit dans la pénombre une corde et on la confond avec un serpent. Ce soi-disant serpent semble réel, mais son existence est purement illusoire. (J’ajoute que cela a un certain rapport avec PAN, le dieu grec de la Nature).
 
 

Derničre mise ŕ jour : 01-08-2010 23:10

Citer cer article dans votre site Favoured Print Envoyer ŕ un ami Articles associés

Commentaires utilisateurs  Fil RSS des commentaires
 

Evaluation utilisateurs

 

Aucun commentaire posté



mXcomment 1.0.8 © 2007-2024 - visualclinic.fr
License Creative Commons - Some rights reserved
< Précédent   Suivant >