Tigre et Dragon タイガー&ドラゴン
Dans le prologue de l’épisode spécial, les récits se mêlent habilement comme en musique la lecture verticale : l’harmonie, avec ajout de contrepoint (superposition de lignes mélodiques, donc lecture horizontale).
Au bout de 10 bonnes minutes, ont peut se rendre compte de l’invention de la narration et de la réalisation, les deux étant fluides comme il se doit. Et c’est par un accident cocasse que notre Yakuza, à l’allure de super mâle, se voit malgré lui contraint d’assister à un spectacle de Rakugo. Là encore, le réalisateur mêle habilement différentes lignes mélodiques : « réalité » de la scène, avec explication par le joueur de Rakugo de la subjectivité de cette scène (que nous montre des plans). Il y a donc comme deux espaces-temps, surtout que les époques et les costumes sont différents.
Superbe et étonnant, touchant cette narration, ça ne m’étonne plus la grande quantité de prix aux Academy Awards.
Là, dans cette jonglerie d’espace-temps, le Yakuza veut devenir l’élève du joueur de Rakugo qu’il voulait racketter une heure avant.
Évidemment, un maître du Rakugo ne peut pas devoir d’argent à l’un de ses apprentis ! le Yakuza, lequel veut avec insistance devenir « cool et suave ». Et c’est pas de la tarte que d’apprendre l’art du Rakugo à Yamazaki Toraji le Yakuza ! Surtout qu’il y a des histoires de tourner sa tête à 45 degrés ou d’autres degrés ; évidemment, comme le dit avec énervement Toraji : il n’est pas prof de maths ! Là encore, le réalisateur joue habilement avec les espaces-temps.
Et faut pas oublier que c’est un Yakuza, avec ce que cela comporte d’une certaine cruauté, mais ici avec de l’humour. Finalement Toraji passe sur scène... Mais dès les premières secondes, le public est perplexe... Non seulement, mais plein de spectateurs s’en vont ! Dans le fil de l’histoire et des récits de Rakugo qui se succèdes, Toraji raconte de mieux en mieux et est très applaudit.
Par la suite ça se complique : Okada Junichi joue Yanaka Ryuji, styliste et propriétaire, dans un « quartier branché », d’un magasin de vêtements à la mode ; et Toraji veut aussi être son élève... Yanaka Ryuji est en faîte le fils de Yanaka Shokichi. On peut s’y perdre car les acteurs principaux jouent plusieurs personnages. Normal, puisque nous sommes dans le Rakugo, et chaque récits a son thème et sa variation, cependant en respectant une chronologie et les repères de causes et effets.
Nagase Tomoya et Nishida Toshiyuki sont formidables, et avec Okada Junichi, ils sont drôles, touchants et poétiques, et ont peut facilement se souvenir de leur abattage d’acteur.
C’est un modèle de drama dans son genre.
Note.
1. Rakugo 落語 est un divertissement japonais verbale. Un seul conteur (Rakugoka) se trouve sur la scène, appelé le Kōza (高座), et en utilisant uniquement un panneau d’affichage en papier comme accessoire, et sans se lever de son siège, le conteur représente une longue et complexe histoire comique. L'histoire comporte toujours le dialogue de deux ou plusieurs personnages, la différence entre les personnages représentés n’est indiqué que par un changement de hauteur de tonalité et par un léger tour de la tête.
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Dernière mise à jour : 07-08-2008 17:49
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