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Wall Street et les Juifs Bolcheviks 1 Suggérer par mail
 

Ecrit par Sechy, le 13-12-2011 20:42

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Publié dans : Nouvelles Spéciales, Russie

Tags : Amour, Anarchie, Argent, Banques, Chaos, Communisme, Chronologie, Démocratie, Diable, Dictature, Dieu, Église, Esprit, Europe, Goulag, Homéopathie, Inquisition, Justice, Laïcité, Libéralisme, Liberté, Maffia, Médecine, Monarchie, Mondialisme, Mort, Nature, Opinion, Politique, Pouvoir, Prisons, Ptah, Pyramides, Religions, République, Révolution, Robot, Royauté, Russie, Sagesse, Satan, Science, Sécurité, Sexe, Silence, Supplices, Synarchie, Tao, Télépathie, Temps, Terreur

 
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Wall Street et les Juifs Bolcheviks 1

Ou le packaging "Meilleur des Mondes"
 
 
 
Ou comment transférer la technologie des Couilles en Or vers les soviétiques marxistes.
Il est naturel que le capitalisme ne puisse pas se passer du communisme !
Ainsi nous avons un socialisme à la Juifs bolcheviks ; un socialisme à la American way of life ; et un socialisme façon national-socialisme à la Hitler, un centrisme voulant refermer la fracture droite et gauche ouverte à la révolution de 1789.
Ce qui relie ces trois variantes de socialisme, C'EST LE FRIC de Wall Street.
Le sommet étant tout de même le socialisme à l'American way of life où l'idéal démocratique se résume à la dissolution de l'individu qui n'est plus : "Je suis CE JE SUIS", c'est-à-dire que l'intégration de l'individu dans le social s'accomplit dans la "même soupe pour tous" aussi bien dans les attitudes de la pensée que dans l'usage des biens matériels. Donc le communisme américain c'est FAIRE COMME TOUT LE MONDE, et c'est ce que les Américains veulent imposer au reste du monde ! nous apportant ainsi le Nouvel Ordre Mondial.
En résumé : nous avons bien à faire à UN COMMUNISME INTERNATIONAL. Le meilleur exemple, mais aussi le plus dramatique, c'est l'économie basé sur le système du Goulag en Union Soviétique, vague héritage de l'esclavage imposé par le Tsar Pierre le Grand pour la construction de Saint Petersbourg.
 
Donc il n'y a rien à attendre de n'importe quelle forme de démocratie, y compris la dictature hitlérienne ou stalinienne, ou de toute autre, qui ne sera que la démocratie à sa maturité ; tout comme il n'y a rien a attendre d'aucune des opinions et options politiques actuelles des laïcs, qu'ils soient catholiques ou républicains.
Il faut se souvenir que le marxisme est une véritable religion à l'envers ! Et comme le système de Teilhard de Chardin, ces systèmes en religions à l'envers stipulent que l'homme est issue de la Matière par ÉVOLUTION, ce qui veut dire que dans le système marxiste et teilhardien, seule est valable la conception de la ligne droite, et de façon irréversible !!! Ainsi nous débouchons sur le renversement des rôle : de fabriqué physique devenant fabricant de la spiritualité, du psychisme des autres, Staline se pose en démiurge ; cela est valable pour tout "clergé" marxiste.

Tout ces francs-maçons, ces Staline et Coudenhove-Kalergi et autres Winston Churchill renversent les rôles, d'objet fabriqué, ils décident de devenir sujets fabricants. Ils peuvent bien nous dirent que la vie matérielle de la société existe indépendamment de la volonté de l'homme, ils n'en décident pas moins, eux des hommes, de ce qu'elle doit être pour "fabriquer" des hommes à leur convenance. Et cela réussit dans la mesure où les hommes n'ont pas atteint l'autonomie d'être humain : s'approcher de 'Je suis CE JE SUIS'.

En haut de page : Karl Marx ravi de fricoter avec les Couilles en Or.

Le 20è siècle jusqu'à nos jours fut la bolchévisation du capitalisme mondial !


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Trotsky régnant sur le Kremlin
 
 
Reprise de la page du site Alterinfo sur la traduction du livre de Antony C. Sutton sur le financement de la révolution russe de 1917.

url du livre original en ligne :
http://www.reformation.org/wall-st-bolshevik-rev.html
 
 
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
 
Chapitre 1

Les acteurs sur la scène révolutionnaire

“Cher Monsieur le président,
La forme de gouvernement soviétique a toute ma sympathie comme étant ce qui convient le mieux au peuple russe…”
(Ouverture d’une lettre de William Lawrence Saunders, président d’Ingersoll-Rand Corporation, directeur d’American International Corporation et vice-président de la banque de la réserve fédérale de New York au président des Etats-Unis Woodrow Wilson le 17 Octobre 1918)
Le dessin pamphlétaire qui illustre ce livre a été dessiné par Robert Minor en 1911 pour le St Louis Post-Dispatch.
Minor était un artiste talentueux, très bon dessinateur et écrivain doublé d’un révolutionnaire bolchévique ; il fut arrêté en Russie en 1915 pour soi-disant de la subversion ; il fut plus tard financé par des financiers importants de Wall Street.
Le dessin de Minor (NdT : qu’on peut voir sur le lien original du livre ci-dessus) met en scène un Karl Marx barbu et hilare se tenant sur Wall Street avec un exemplaire de la revue “Socialism” sous le bras et acceptant les félicitations de financiers connus comme J P Morgan, L’associé de Morgan George W. Perkins, John D. Rockefeller, John D. Ryan de la National City Bank et Teddy Roosevelt, qu’on identifie facilement grâce à sa célèbre dentition, qui se tient en arrière-plan. Wall Street est décorée avec des drapeaux rouges. La foule en liesse et les chapeaux jetés en l’air suggèrent que Karl Marx devait avoir été un homme populaire au sein du district financier de New York.
Minor rêvait-il ? Bien au contraire, nous allons voir que Minor était très terre à terre en décrivant une alliance enthousiaste entre Wall Street et le socialisme marxiste. Les personnages du dessin de Minor, Karl Marx (symbolisant les révolutionnaires du futur Lénine et Trotsky), JP Morgan, John D. Rockefeller et Robert Minor lui-même, sont aussi des personnages importants de ce livre.

Les contradictions suggérées par le dessin de Minor ont été glissées sous le tapis de l’histoire parce qu’elles ne cadrent pas avec le spectre classique et consensuel de la gauche et de la droite en politique. Les bolchéviques sont à l’extrême gauche du spectre politique et les financiers de Wall Street sont à l’extrême droite, dès lors, raisonnons-nous de manière implicite, ces deux groupes n’ont absolument rien en commun et toute alliance entre eux est totalement absurde. Les facteurs qui sont contraires à cet arrangement conceptuel sont en général rejetés comme observations bizarres ou d’infortunées erreurs. L’histoire moderne possède une telle dualité intégrée et il est certain que si trop de faits inconfortables ont été rejetés et poussés sous le paillasson, alors l’histoire est fausse.
D’un autre côté, on peut observer que les deux extrêmes, droite et gauche, du spectre politique, sont absolument collectivistes.
Le national socialiste (par exemple le fasciste) et le socialiste international (par exemple le communiste), recommandent tous deux des systèmes politico-économiques totalitaires fondés sur la puissance politique pure et dure et la coercition individuelle. Les deux systèmes demandent un contrôle monopoliste de la société.
Alors que le contrôle monopoliste des industries fut au départ l’objectif de JP Morgan et de John D. Rockefeller, vers la fin du XIXème siècle le cœur de Wall Street avait compris que la manière la plus sûre de gagner un monopole sans conteste était “d’entrer en politique” et de faire travailler la société pour les monopolistes et ce sous couvert du bien et de l’intérêt publics. Cette stratégie fut détaillée en 1906 par Frederick C. Howe dans son ouvrage “Confessions d’un monopoliste”. Howe qui soit dit en passant, est aussi un personnage dans l’histoire de la révolution bolchévique.

Ainsi un emballage conceptuel alternatif des idées politiques et des systèmes politico-économiques serait de classifier le degré de liberté individuelle contre le degré de contrôle politique centralisé. Sous une telle classification, l’état providence industriel et le socialisme sont du même côté du spectre politique. C’est ainsi que l’on peut constater que les tentatives du contrôle monopoliste de la société peuvent être étiquetées différemment tout en ayant des traits de caractère très similaires.
En conséquence, une des barrières sur le chemin d’une compréhension mature de l’histoire récente est la notion que tous les capitalistes sont les ennemis jurés et mortels de tous les marxistes et socalistes. Cette idée erronée trouve son origine avec Karl Marx et fut sans aucun doute très utile pour ses objectifs. En fait, cette idée est un non-sens total. Il y a eu une alliance continue, même si savamment dissimulée, entre les capitalistes politiques internationaux et les socialistes révolutionnaires internationaux et ce pour leur bénéfice mutuel. Cette alliance n’a pas été pour ainsi dire observée, parce que les historiens, mis à part quelques exceptions notoires, ont une conception marxiste inconsciente biaisée et sont ainsi enfermés dans le moule de l’impossibilité qu’une telle alliance existe.
Le lecteur large d’esprit doit garder deux choses à l’esprit : les capitalistes monopolistes sont les ennemis mortels de la libre-entreprise et de ses entrepreneurs et aussi, au vu de la faiblesse de la planification centrale socialiste, l’état socialiste totalitaire est le marché captif parfait pour les capitalistes monopolistes si une alliance peut-être établie avec les tenants du pouvoir socialiste.

Supposons, car cela n’est qu’une hypothèse à ce stade, que les capitalistes monopolistes américains aient été capables de réduire une Russie sous planification socialiste au statut de colonie technique captive ? Ceci ne serait-il pas l’extension logique internationaliste du XXème siècle des monopoles sur les chemins de fer des Morgan et du trust pétrolier des Rockefeller de la fin du XIXème siècle aux Etats-Unis ?
Mis à part Gabriel Kolko, Murray Rothbard et les révisionistes, les historiens n’ont pas du tout été alertes quant à une telle combinaison d’évènements. L’historiographie, à de rares exceptions près, a été forcée dans la dichotomie capitalistes contre les socialistes. L’étude monumentale et lisible de George Kennan sur la révolution russe maintient de manière consistante cette fiction de la dualité entre Wall Street et le bolchévisme. “La Russie quitte la guerre” n’a qu’une seule référence incidentelle à la firme J.P Morgan et aucune référence du tout concernant la Guaranty Trust Company ; et pourtant, ces deux organisations sont abondemment mentionnées dans les dossiers du Département d’État (NdT : le ministère des affaires étrangères américain), auxquels de fréquentes références sont faites dans ce livre, toutes deux étant partie des preuves principales présentées ici. Aucun de l’auto-incriminé “banquier bolchévique”, Olof Aschberg ni la banque Nya Banken de Stockholm ne sont mentionnés dans la recherche de Kennan et pourtant tous deux furent essentiels au financement bolchévique. De plus, dans de circonstances mineures mais néanmoins cruciales, du moins cruciales pour notre développement, Kennan a commis des erreurs factuelles. Par exemple, Kennan cite le directeur de la banque de la réserve fédérale William Boyce Thompson comme quittant la Russie le 27 Novembre 1917. Cette date de départ rendrait physiquement impossible la présence de Thompson à Pétrograde le 2 Décembre 1917 d’où il transmît un télégramme de demande d’un million de dollars à Morgan à New York. Thompson en fait quitta Pétrograde le 4 Décembre 1917, deux jours après avoir envoyé le télégramme à New York. Là encore, Kennan fait état du fait que le 30 Novembre 1917, Trotsky fît un discours devant le soviet de Pétrograde dans lequel il observa : “Aujourd’hui, j’ai avec moi ici à l’institut Smolny, deux Américains en relation étroites avec les éléments capitalistes américains”. D’après Kennan, il est “difficile d’imaginer “ qui d’autre “auraient pu être” ces deux Américains, “sinon Robins et Gumberg”. En fait, Grumberg n’était pas américain mais russe. De plus, comme Thompson était toujours en Russie le 30 Novembre 1917, alors les deux Américains qui visitèrent Trotsky étaient plus certainement Raymond Robins, un promoteur minier devenu bon samaritain et… Thompson de la réserve fédérale de New York.

La bolchévisation de Wall Street était connue dans les cercles informés dès 1919. Le journaliste financier Barron enregistra une conversation avec le magnat du pétrole E.H. Doheny en 1919 qui mentionna spécifiquement trois financiers importants, William Boyce Thompson, Thomas Lamont et Charles R. Crane :
-  A bord du SS Aquitaine, soirée du Vendredi 1er Février 1919.
J’ai passé la soirée dans la suite des Doheny. Mr Doheny a dit : “Si vous croyez en la démocratie, vous ne pouvez pas croire au socialisme. Le socialisme est le poison qui détruit la démocratie. La démocratie veut dire des opportunités pour tous. Le socialisme fait croire qu’un homme peut quitter son travail et être mieux loti. Le bolchévisme est le fruit véritable du socialisme et si vous lisiez les témoignages intéressants devant les comités du sénat vers la mi-Janvier qui montrèrent tous ces pacifistes et faiseurs de paix comme des sympathisants de l’Allemagne, des socialistes et des bolchéviques, et vous verriez que la majorité des professeurs d’université aux Etats-Unis enseignent le socialisme, le bolchévisme et que cinquante-deux de ces professeurs étaient dans des comités pacifistes en 1914. Le président Eliot d’Harvard enseigne le bolchévisme. Les pires des bolchéviques aux Etats-Unis ne sont pas seulement les profs d’université dont le président Wilson fait partie, mais les capitalistes et les femmes de capitalistes et aucun ne semble savoir de quoi ils parlent. William Boyce Thompson enseigne le bolchévisme et il va sûrement convertir Lamont de JP Morgan and Co, Vanderlip est un bolchéviste ainsi que Richard Crane. Beaucoup de femmes rejoignent le mouvement et ni elles ni leurs maris ne savent de quoi il retourne ou ce à quoi cela mène. Henry Ford en est un autre, ainsi que la majorité  de la centaine d’historiens que Wilson a emmené à l’étranger avec lui avec cette idée insensée que l’histoire puisse enseigner à la jeunesse une juste démarcation des races, des gens et des nations géographiquement.”

En bref, ceci est l’histoire de la révolution bolchévique et de ce qui s’ensuivît, mais une histoire qui se démarque de l’approche traditionnelle des capitalistes contre les communistes. Notre histoire postule un partenariat entre le capitalisme international monopoliste et le socialisme révolutionnaire international pour servir leur bénéfice mutuel. Le coût humain final de cette alliance est retombé sur les épaules du citoyen russe, du citoyen américain. L’entreprenariat a été discrédité et le monde a été propulsé vers une planification socialiste inefficace comme résultat de ces manœuvres monopolistes dans le monde de la politique et de la révolution.
Ceci est aussi une histoire réfléchissant la trahison de la révolution russe. Les tsars et leur système politique corrompu [voir la série de pages sur RASPOUTINE] furent éjectés pour n’être remplacés que par les agents du pouvoir d’un autre système corrompu. Là où les Etats-Unis auraient pu exercer une influence dominante pour amener une Russie libre, cela trébucha sur les ambitions de quelques financiers de Wall Street, qui pour leurs intérêts personnels, pouvaient accepter une Russie tsariste centralisée, une Russie marxiste centralisée, mais en aucune manière une Russie libre et décentralisée. Les raisons de ces hypothèses vont se dévoiler alors que nous développerons les faits sous-jacents et non-dits jusqu’ici, de la révolution russe et de ses conséquences.


Chapitre 2

Trotsky quitte New York pour faire la révolution

“Vous aurez une révolution, une terrible révolution. Quelle route prendra t’elle dépendra beaucoup des instructions de Mr Rockefeller à Mr Hague. Mr Rockefeller est le symbole de la classe dirigeante américaine et Mr Hague est le symbole de son outil politique.”
(Léon Trotsky à New York le 13 Décembre 1938, note : Hague était un politicien du New Jersey)
En 1916, l’année qui a précédée la révolution russe, l’internationaliste Léon Trotsky fut expulsé de France, officiellement à cause de sa participation à la conférence de Zimmerwald, mais aussi sans nul doute à cause des articles enflammés qu’il écrivît pour le journal Nashe Slovo, publication russe parisienne. En Septembre 1916, Trotsky fut poliment escorté à la frontière espagnole par la police française. Quelques jours plus tard, la police de Madrid l’arrêta et le plaça dans une “cellule de première classe” au prix de une peseta et demie par jour. Subséquemment, Trotsky fut conduit à Cadix, puis à Barcelone finalement pour être mis à bord du bateau à vapeur de la compagnie espagnole transatlantique, le S.S Montserrat. Ainsi, Trotsky et sa famille traversèrent l’océan Atlantique et arrivèrent à New York le 13 Janvier 1917 [...]
[...] Comment pût survivre en Amérique capitaliste un Trotsky qui ne parlait que russe et allemand ?
D’après son autobiographie “Ma Vie”: “Ma seule profession à New York fut celle d’un socialiste révolutionnaire”. En d’autres termes, Trotsky écrivit des articles occasionnels pour le Novy Mir, le journal socialiste russe new yorkais. De surcroît, nous savons que l’appartement familial de Trotsky avait un réfrigérateur et un téléphone et que, d’après Trotsky lui-même, la famille voyageait occasionnellement en limousine. Ce mode de vie intrigua les deux jeunes garçons Trotsky. Quand ils se rendirent dans un salon de thé, les garçons demandaient anxieusement à leur mère pourquoi le chauffeur n’entrait pas avec eux ? Ce style de vie très confortable est également en porte à faux avec les revenus déclarés de Trotsky. Les seuls fonds que Trotsky admît avoir reçu pour l’année 1916 et 1917 furent de 310 US$ et d’après Trotsky toujours : “J’ai distribué ces 310 US$ à cinq immigrants qui retournaient en Russie.” Toujours est-il que Trotsky paya pour une cellule de première classe en Espagne, la famille Trotsky voyagea à travers l’Europe et les Etats-Unis, ils ont obtenu un excellent appartement à New York, payant trois mois de loyer en avance et ils avaient l’usage d’une limousine avec chauffeur pour leurs déplacements. Tout cela avec les revenus d’un révolutionnaire exilé appauvri qui écrivait quelques articles pour un journal de langue russe de faible diffusion le Nashe Slovo à Paris et le Novy Mir à New York !

Joseph Nedava estime les revenus de Trotsky pour 1917 à 12 US$ par semaine, “agrémentés de quelques piges pour discours et entretien”. Trotsky fut à New York en 1917 pour trois mois de Janvier à Mars, cela fait donc 144 US$ de revenu du Novy Mir et disons en étant large, 100 US$ de salaire pour quelques lectures, pour un total de 244 US$. De ces 244 US$, Trotsky devait donner 310 US$ à ses amis, payer pour son appartement de New-York, soutenir sa famille et trouver les 10.000 US$ qui lui furent confisqués par les autorités canadienne du port d’Halifax en Avril 1917. Trotsky maintient que ceux qui disent qu’il avait d’autres sources d7argent ne sont que des “mauvaises langues” promptes à “répandre des calomnies stupides et des mensonges” ; mais à moins que Trotsky n’eut joué aux courses, ceci ne pouvait-être fait. Il est évident que Trotsky avait une autre source de revenus.
Quelle était cette source ? [...]
[...] La plupart des enquêtes se sont centrées sur le fait vérifiable que lorsque Trotsky quitta New York en 1917 à destination de Pétrograde pour organiser la phase bolchévique de la révolution, il quitta la place avec 10.000 US$. En 1919, le comité sénatorial Overman enquêta sur la propagande bolchévique et l’argent allemand aux Etats-Unis et toucha incidemment à la source des 10.000 US$ de Trotsky. L’examen des dires du colonel Hurban, un attaché de Washington auprès de la délégation tchèque mena à ceci :
(NdT : s’ensuit dans le livre le transcript d’une partie de l’interrogatoire du comité qui établit le fait que Trotsky obtint les 10.000 US$ de ressortissants allemands alors qu’il était aux États-Unis…) [...]
[...] Il est ici assez remarquable de noter que le comité ajourna brusquement l’interview avant même que les “sources” de l’argent de Trotsky ne purent être placées dans les archives du sénat. Lorsque l’interview repris le lendemain, le comité Overman n’avait plus aucun intérêt de connaître le fin mot de cette histoire de financement de Trotsky[...]
[...] Une somme de 10.000 US$ de provenance allemande est aussi mentionnée dans le télégramme officiel britannique aux autorités navale du port d’Halifax en Nouvelle-Ecosse au Canada, qui requirent que Trotsky et tous les gens qui l’accompagnaient furent débarqués du S.S Kristianafjord. Nous avons aussi appris d’un rapport du directorat britannique pour le renseignement que Gregory Weinstein, qui fut en 1919 un élément important du bureau soviétique de New York, collecta des fonds pour Trotsky à New York. Ces fonds venaient d’Allemagne et furent acheminés via le Volks-Zeitung, un quotidien de presse allemand de New York et sponsorisé par le gouvernement allemand[...]

Woodrow Wilson et un passeport pour Trotsky

Le président Woodrow Wilson fut la bonne fée qui donna un passeport à Trotsky pour qu’il puisse retourner en Russie afin de “porter de l’avant” la révolution. Ce passeport américain était accompagné par un permis d’entrée en Russie et un visa de transit britannique. Jennings C. Wise, dans son livre “Woodrow Wilson : disciple de la révolution”, fait ce commentaire pertinent : “Les historiens ne doivent jamais oublier que Woodrow Wilson, et ce malgré les efforts intenses de la police britannique, rendît possible pour Léon Trotsky de rentrer en Russie avec un passeport américain.”
Le président Wilson a facilité le passage de Trotsky en Russie alors que dans le même temps, des bureaucrates prudents du département d’état (NdT : ministère des affaires étrangères américain), concernés par de tels révolutionnaires entrant en Russie, tentaient de manière unilatérale de rendre plus difficile les procédures d’obtention de passeport. La branche de Stockholm câbla le département d’état le 13 Juin 1917 juste après le passage de Trotsky à la frontière finlando-russe : “la délégation a confidentiellement informé les bureaux de passeport russe, britannique et français à Tornéa (frontière), qu’elle était inquiète du passage de personnes suspicieuses en possession de passeports américains.” La réponse du département d’état américain le même jour fut comme suit : “le département exerce une attention particulière pour la délivrance des passeports pour la Russie” [...]
[...] En conséquence, par vertu du traitement préférentiel accordé à Trotsky, lorsque le S.S Kritianafjord (NdT : S.S est un acronyme pour Steam Ship ou navire à vapeur) quitta New York le 26 Mars 1917, Trotsky était à bord avec un passeport américain, en compagnie d’autres révolutionnaires trotkistes, de financiers de Wall Street, de communistes américains et d’autres personnes non moins intéressantes, dont très peu avaient embarqué avec pour but des affaires légitimes. Cet amalgame de passagers a été décrit par Lincoln Steffens, le communiste américain :
“La liste de passagers était longue et mystérieuse. Trotsky menait un groupe de révolutionnaires ; il y avait un révolutionnaire japonais dans ma cabine. Il y avait un bon nombre de Hollandais qui se pressaient de revenir chez eux depuis Java. Ils étaient les seules personnes innocentes à bord. Le reste n’était que des messagers de guerre, deux de Wall Street pour l’Allemagne...”
Notablement, Lincoln Steffens était en route pour la Russie à l’invitation spécifique de Charles Richard Crane, un soutien et ex-président du comité des finances du parti démocrate. Charles Crane, le vice-président de la Crane Company, avait organisé la Westinghouse Company en Russie, était un membre de la mission Root en Russie et avait fait pas moins de vingt-trois visites en Russie entre 1890 et 1930. Richard Crane, son fils, était l’assistant confidentiel de secrétaire d’état d’alors (NdT : assistant ministre des affaires étrangères) Robert Lansing. D’après l’ancien ambassadeur américain en Allemagne William Dodd, Crane “fit beaucoup pour amener la révolution de Kerensky, qui mena au communisme.” Ainsi les commentaires de Steffens dans son journal de bord à propos des conversations a bord du S.S Kristianafjord sont très pertinents : “... tous étaient d’accord pour dire que la révolution n'était que dans sa première phase, qu’elle devait grandir. Crane et les radicaux russes à bord pensent que nous devrions être à Pétrograde pour la continuité de la révolution.”
Crane retourna aux Etats-Unis après que la révolution bolchévique fut achevée (c’est-à-dire, la continuité de la révolution), et bien que citoyen privé, il reçut des rapports de première main sur le progrès de la révolution bolchévique au long des réceptions des télégrammes du département d’état. Par exemple, une memorandum daté du 11 Décembre 1917 est intitulé : “Copie du rapport de la révolte maximaliste pour Mr Crane”. L’origine du même était de Maddin Summers, consul général américain à Moscou et la lettre de présentation de Summers dit en partie :
“J’ai l’honneur d’incorporer ci-joint une copie du même rapport avec la requête qu’il soit envoyé pour l’information confidentielle de Mr Charles R. Crane. Il est assumé que le département ne verra aucune objection à ce que Mr Crane ait connaissance du rapport…”
Brièvement, l’image improbable et inquiétante qui émerge est que Richard Crane, un ami et soutien de Woodrow Wilson et un financier important doublé d’un politicien, a eu un rôle connu dans la “première” révolution et voyagea à la mi-1917 en Russie en compagnie du communiste américain Lincoln Steffens, qui était en relation avec Woodrow Wilson et Trotsky. Ce dernier était en possession d’un passeport américain délivré sur ordre du président Wilson et de 10.000 US$ en provenance supposée de sources allemandes. A son retour aux Etats-Unis, après la “seconde” révolution, Crane a bénéficié de l’accès à des documents officiels confidentiels concernant la consolidation du régime bolchévique. Ceci représente un tissu de faits interliés, intrigants, qui demandent plus de recherche et qui suggère, bien que à ce stade sans preuve évidente, que des liens existent entre le financier Crane et le révolutionaire Trotsky.

Les documents canadiens sur la remise en liberté de Trotsky


Des documents du court passage de Trotsky entre les mains des autorités canadiennes sont maintenant déclassifiees et disponibles auprès des archives du gouvernement canadien. D’après ces archives, Trotsky fut débarqué du S.S Kristianafjord par des personnels de la marine canadienne et britannique dans le port d’Halifax (Nouvelle-Ecosse), le 3 Avril 1917 ; il  fut enregistré comme un prisonnier de guerre allemand et interné au camp d’Ambherst en Nouvelle-Ecosse érigé pour les prisonniers allemands. Mme Trotsky, les deux garçons et cinq autres hommes russes décrits comme étant des “socialistes russes”, furent également débarqués et internés. Leurs noms sont enregistrés par les autorités canadiennes comme suit : Nickita Muchin, Leiba Fisheleff, Konstantin Romanchanco, Gregor Teheodnovski, Gerchon Melintchansky et Léon Bronstein Trotsky (toutes les orthographes identiques aux documents originaux).
Le formulaire de l’armée canadienne LB-1, sous le numéro de série 1098 (incluant les empruntes digitales des pouces) fut complété pour Trotsky, avec la description suivante : “37 ans, exilé politique, profession journaliste, né à Gromskty, Chuson, Russie, citoyen russe”. Le formulaire fut signé par Leon Trotsky et son nom complet donné comme étant : Leon Bromstein (sic) Trotsky [...]
[...] Le 20 Avril 1917, la capitaine Matkins écrivit à l’amiral Kingsmill expliquant ses raisons d’avoir débarqué Trotsky ; il refusa d’être mis sous pression et de prendre une décision en disant : “Je vais câbler à l’amirauté et l’informer que la milice des autorités demande une décision rapide concernant les suites à donner à l’affaire.” Le jour suivant, le 21 Avril, Gwatkin écrivit à Coulter : “Nos amis les socialistes russes doivent être libérés ; des arrangements sont en ce moment en cours pour assurer leur passage en Europe.” L’ordre donné au capitaine Matkins de libérer Trotsky avait pour origine l’amirauté de Londres. Coulter reconnu l’information d’un : “ceci plaira immensément à nos correspondants de New York.” [...]

Les vues des services de renseignement canadiens sur Trotsky

Nous pouvons approcher le cas de la libération de Trotsky sous un autre angle : celui du renseignement canadien.
Le lieutenant-colonel John Bayne MacLean, un important éditeur et homme d’affaires canadien, fondateur et président de la MacLean Publishing Company de Toronto, géra plusieurs journaux canadiens de commerce, incluant le Financial Post. MacLean avait également une très longue association avec les services de renseignement militaires de l’armée canadienne.
En 1918, le colonel MacLean écrivit un article dans son propre magazine “MacLean’s”, article intitulé : “Pourquoi avons-nous laissé partir Trotsky ? Comment le Canada a perdu une opportunité de raccourcir la guerre” [...]
[...] En premier lieu, il convient de dire que le colonel MacLean était un homme intègre, qui possédait d’excellentes connexions au sein du gouvernement et des services de renseignement canadiens. En second lieu, les archives du gouvernement déclassées depuis par le Canada, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, confirment les déclarations de MacLean à un bon degré de signifiance. Certaines déclarations de MacLean doivent être confirmées, mais l’information à notre disposition en ce début des années 1970 n’est pas nécessairement inconsistante avec l’article du colonel MacLean.
MacLean ouvre le débat de la sorte : “quelques politiciens canadiens ou officiels furent dûment responsables du prolongement de la guerre (1ère guerre mondiale), pour la grande perte de vies humaines, les blessures et les souffrances de l’hiver 1917 et des grandes offensives de 1918.”
De plus, dit MacLean, ces personnes faisaient (en 1919) tout ce qui était possible pour empêcher le parlement et le public canadiens d’obtenir les faits relatés. Les rapports officiels, incluant ceux de Sir Douglas Haig, démontrent que si ce ne fut pour le désengagement de la Russie en 1917, la guerre aurait été finie au moins un an avant et que “l’homme responsable de la défection de la Russie fut Trotsky... agissant sur instructions de l’Allemagne.”

Qui était Trotsky ? D’après MacLean, Trotsky n’était pas Russe mais Allemand. Aussi bizarre que cette assertion puisse paraître, cela coïncide avec d’autres pièces d’information et de renseignement qui stipulent que Trotsky parlait mieux allemand que russe et qu’il était l’exécutif russe du “Black Bond” allemand. D’après MacLean, Trostsy a été ostentatoirement expulsé de Berlin en Août 1914, il arriva finalement aux Etats-Unis d’où il organisa les révolutionnaires russes, ainsi que des révolutionnaires dans l’ouest canadien, qui “étaient essentiellement des Allemands et des Autrichiens voyageant comme des Russes”. Mac Lean continue :
“Originellement, les britanniques se sont rendus compte par leurs associés russes que Kerensky, Lénine et quelques autres leaders moindres étaient payés par l’Allemagne depuis au moins 1915 et ils découvrirent en 1916 les connexions avec Trotsky qui vivait à New York. A partir de ce moment là il fut observé sans relâche par le service de déminage. Au début de l’année 1916 un officiel allemand se rendît à New-York. Les officiels du renseignement britannique l’accompagnèrent. Il fut détenu à Halifax, mais sur leur instruction il fut permis qu’il continua sa route avec moultes excuses pour le retard occasionné. Après pas mal de manœuvres, il arriva dans un petit bureau de presse sale dans les bidonvilles et trouva Trotsky, pour lequel il portait des instructions importantes. De Juin 1916, jusqu’à ce qu’ils le relaient au service britannique, le service de déminage de New York ne perdit jamais le contact avec Trotsky. Ils découvrirent que son véritable nom était Braunstein et qu’il était Allemand et non pas russe.”
Une telle activité allemande en pays neutres a été confirmée dans un rapport du département d’état (316-9-764-9), qui décrivait l’organisation de réfugiés russes pour des buts révolutionnaires [...]
[...] Trotsky a été relâché “à la requête de l’ambassade britannique de Washington... qui a agit sur la requête du département d’état américain, qui lui agissait pour quelqu’un d’autre...” Les officiels canadiens furent instruits “d’informer la presse que Trotsky était un citoyen américain voyageant avec un passeport américain et que sa relâche avait été spécifiquement demandée par le département d’état à Washington. De plus, écrit toujours MacLean, à Ottawa “Trotsky avait et continue à avoir, une très forte influence. Là, son pouvoir est si grand que des ordres furent donnés pour que toute considération lui soit accordée.”
Le thème général sur lequel MacLean s’épanche est bien évidemment que Trotsky avait des relations intimes et probablement travaillait pour l’état major allemand. Alors que ces relations ont été établies en ce qui concerne Lénine, jusqu’à confirmer que Lénine était financé et son retour en Russie facilité par l’Allemagne, il apparaît comme quasi certain que Trotsky fut aidé de la même façon. Le fond de 10.000 US$ de Trotsky à New York était de source allemande et un document archivé du département d’état américain récemment déclassifié déclare :
“9 Mars 1918, au consul américain, Vladivostok ; de Polk, faisant fonction de secrétaire d’état, Washington D.C
Pour votre information confidentiel et prompte attention : ce qui suit est la substance d’un message du 12 Janvier émanant de Von Schanz de la Banque Impériale allemande à Trotsky. Message accorde la banque impériale d’un crédit de 5 millions de roubles à envoyer à l’assistant commissaire naval en chef Kudrisheff d’extrême Orient...”
Ce message suggère une liaison entre Trotsky et les Allemands en Janvier 1918, une époque où Trotsky proposait une alliance avec l’occident. Le département d’état ne donne pas la provenance du message, seulement qu’il provient du bureau du personnel de l’école de guerre. Le département d’état a traité ce message comme authentique et a agit en conséquence sur la base d’une authenticité assumée. Ceci est consistant avec le thème général de l’article du colonel MacLean.

Les intentions et objectifs de Trotsky

Par conséquent, nous pouvons dériver la séquence d’évènements suivante : Trotsky a voyagé de New York à Pétrograde avec un passeport suppléé suite à l’intervention du président Woodrow Wilson et avec l’intention déclarée de “poursuivre plus avant” la révolution. Le gouvernement britannique fut la source d’origine de sa libération de détention par les autorités canadiennes en Avril 1917, mais il se peut très bien qu’il y ait eu des “pressions”. Lincoln Steffens, un communiste américain, a agit comme relais entre Wilson et Charles R. Crane et entre Crane et Trotsky. De plus, alors que Crane n’avait aucune position officielle, son fils Richard était l’assistant confidentiel du secrétaire d’état Robert Lansing et Crane senior reçu des rapports rapides et détaillés sur les progrès de la révolution bolchévique. De plus, l’ambassadeur William Dodd (ambassadeur américain en Allemagne durant la période d’Hitler) a dit que Crane a eu un rôle actif dans la phase Kerensky de la révolution ; les lettres de Steffens confirment que Crane voyait la  phase Kerensky comme n’étant qu’une étape dans la continuité de la révolution.

Le point intéressant n’est pas tant la communication parmi des personnes disparates comme Crane, Steffens, Trotsky et Woodrow Wilson, que l’existence d’au moins une mesure d’accord sur la procédure à suivre, à savoir que le gouvernement provisoire était vu comme “provisoire” et que la “seconde révolution” devait suivre.
D’un autre côté, l’interprétation des intentions de Trotsky doit être sujette à précaution : il était un adepte du double jeu. La documentation officielle démontre très clairement des actions contradictoires. Par exemple, la division administrative des affaires d’extrême orient du département d’état américain, reçût le 23 Mars 1918, deux rapports de Trotsky. L’un est inconsistant avec l’autre. Un rapport du 20 Mars 1918 de Moscou ayant pour origine le journal russe Russkoe Slovo ; le rapport citait une interview avec Trotsky dans lequel il disait que l’alliance avec les Etats-Unis était impossible :
“La Russie des soviets ne peut pas s’aligner sur l’Amérique capitaliste car ce serait une trahison. Il est possible que les Américains cherchent un rapprochement avec nous, motivé par leur antagonisme avec le Japon, mais dans tous les cas il ne peut pas y avoir d’alliance de notre part et de quelque nature que ce soit avec une nation bourgeoise.”

Dans l’autre rapport, provenant aussi de Moscou figure un message du 17 Mars 1918, trois jours plus tôt, et de l’ambassadeur Francis : “Trotsky demande cinq officiers américains comme inspecteurs de l’armée étant organisée pour la défense et aussi demande des techniciens de chemins de fer et de l’équipement.”
Cette requête vers les Etats-Unie est bien évidemment inconsistante avec la réjection de “l’alliance” [...]
[...] tant que nous verrons tous les révolutionnaires internationaux et tous les capitalistes internationaux comme étant des ennemis implacables les uns des autres, alors nous ne verrons jamais le point crucial, à savoir qu’il y a effectivement eu une coopération opérationnelle entre les capitalistes internationaux, ceci incluant les fascistes et les révolutionnaires internationaux ; il n’y a a priori aucune raison de rejeter Trotsky comme ne faisant pas partie de cette alliance.
Cette tentative de réévaluation limitée sera remis plus en lumière quand nous verrons l’histoire de Michael Gruzenberg, l’agent en chef des bolchéviques en Scandinavie qui sous le pseudonyme d’Alexandre Gumberg était aussi un conseiller confidentiel de la Chase National Bank de New York et plus tard à la Floyd Odium of Atlas Corporation. Ce rôle ambivalent était connu et accepté des deux employeurs soviétiques et américains. L’histoire de Gruzenberg est un cas d’école de l’histoire de l’alliance entre la révolution internationale et le capitalisme international.

Les observations du colonel MacLean sur Trotsky ayant “une forte influence” et que “son pouvoir était si grand que des ordres furent donnés pour lui garantir la plus grande considération”, ne sont pas du tout inconsistantes avec l’intervention de Coulter-Gwatkin au profit de Trotsky ou plus tard avec les accusations stalinistes des procès des années 1930 (NdT : qui disaient que Trotsky était un agent du capital) ; elles ne sont pas non plus inconsistantes avec le cas Gruzenberg. D’un autre côté, le seul lien direct connu de Trotsky avec la finance internationale est à travers son cousin Abram Givatovzo, qui était un banquier privé à Kiev avant la révolution russe et à Stockholm après la révolution. Alors que Givatovzo professait l’anti-bolchévisme, il agissait en fait pour les soviets en 1918 au cours de transaction de changes [...]
[...] En bref, les allégances ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent-être. Nous pouvons quoi qu’il en soit conjecturer que Trotsky, Aleinikoff, Wolf, Coulter et Gwatkin en agissant pour un objectif commun limité avaient aussi un but commun plus important que l’allégeance nationale ou le label politique. Il n’y a pas de preuve que cela fut. Ceci n’est pour le moment qu’une supposition logique qu’on peut tirer des faits. Une loyauté plus haute que celle forgée par un but commun immédiat n’a pas besoin d’être plus que l’amitié, même si cela peut-être une vue de l’esprit considérant le polyglotisme impliqué. Cela a aussi pu être motivé par d’autres intérêts. Nous n’avons toujours qu’une vue partielle.


Chapitre 3


Lénine et l’assistance allemande à la révolution bolchévique

“Ce ne fut pas avant que les bolchéviques aient reçu de notre part un flot plus constant de fonds au moyen de diverses sources et sous différents labels, qu’ils furent en position de développer leur organe d’information majeure la “Pravda” afin de conduire leur propagande énergique et d’être capables d’étendre la base originellement étroite de leur parti.”

(von Kühlmann, ministre des affaires étrangères allemands au Kaiser le 3 Décembre 1917)
En Avril 1917, Lénine et un groupe de 32 révolutionnaires russes, la plupart bolchéviques, voyagèrent en train depuis la Suisse, à travers l’Allemagne et la Suède jusqu’à Pétrograde en Russie. Ils étaient en route pour rejoindre Léon Trotsky afin de “compléter la révolution”. Leur voyage de transit à travers l’Allemagne fut approuvé, facilité et financé par le grand-état major allemand. Le transit de Lénine et son passage en Russie faisait partie d’un plan approuvé par la commandement suprême allemand et n’a pas été immédiatement porté à la connaissance du Kaiser ; ceci fut fait afin d’aider à la désintégration de l’armée russe et d’éliminer la Russie de la première guerre mondiale. La possibilité que les bolchéviques puissent être retournés contre l’Allemagne et l’Europe ne vint pas à l’idée de l’état-major allemand. Le Major Général Hoffman a écrit : ” Nous n’avons jamais su ou prévu le danger pour l’humanité résultant de ce voyage des bolchéviques en Russie.”
Au plus haut niveau, le politicien allemand qui autorisa le voyage de Lénine vers la Russie fut le chancelier Theobald von Bethmann-Hollweg, un descendant de la famille banquière de Francfort Bethmann, qui devînt très prospère au XIXème siècle. Bethmann-Hollweg fut nommé chancelier en 1909 et devint en Novembre 1913 le premier chancelier victime d’un vote de censure au Reichstag. Ce fut lui qui dit au monde en 1914 que la garantie allemande sur la Belgique n’était “qu’un vulgaire bout de papier” [...]

[...] dès 1917, Bethmann-Hollweg avait perdu son soutien au Reichstag et dût démissionner, mais pas avant avoir approuvé le transit des révolutionnaires bolchéviques en Russie par l’Allemagne. Les instructions du transit allèrent de Bethmann-Hollweg à son secrétaire d’état Arthur Zimmermann, qui était directement sous Bethmann-Hollweg et qui supervisa les détails des opérations au quotidien avec les ministres allemands à la fois à Berne et à Copenhague. Le Kaiser lui-même ne fut mis au courant du mouvement révolutionnaire qu’après le passage de Lénine en Russie.
Bien que Lénine lui-même ne fut pas au courant de la source précise de l’assistance, il savait très certainement que les Allemands fournissaient le financement. Il y eut quoi qu’il en soit des liens intermédiaires entre le ministère des affaires étrangères allemands et Lénine ainsi que le montre ce qui suit :
Le transferts de Lénine en Russie d’Avril 1917
-  Décision finale : Chancelier Bethmann-Hollweg
-  1er intermédiaire : Arthur Zimmermann (secrétaire d’état)
-  2ème intermédiaire : Brockdorff-Rantzau (ministre allemand à Copenhague)
-  3ème intermédiaire : Alexandre Israël Helphand (alias Parvus)
-  4ème intermédiaire : Jacob Furstenberg (alias Ganetsky)
-  Lénine en Suisse

[...] Bien que le chancelier Bethmann-Hollweg fut l’autorité finale qui décida du transfert de Lénine et bien que celui-ci était très certainement au courant de l’origine allemande de l’assistance, Lénine ne peut néanmoins pas être étiqueté comme un agent allemand. Le ministère des affaires étrangères allemand évalua les actions probables de Lénine en Russie et décida qu’elles étaient consistantes avec leur propre objectif de la dissolution de la structure du pouvoir existant en Russie. Quoi qu’il en soit, les deux parties avaient un agenda caché : L’Allemagne voulait une priorité sur le marché russe de l’après-guerre et Lénine avait pour intention d’établir une dictature marxiste.
L’idée d’utiliser les révolutionnaires de cette façon peut-être tracée dès 1915. Le 14 Août de cette année-là, Brockdorff-Rantzau écrivit au sous-secrétaire d’état allemand à propos de sa conversation avec Helphand (Parvus) et fît une importante recommandation d’employer Helphand “un homme extraordinairement important dont nous devrions employer les pouvoirs peu communs pour la durée de la guerre...” Inclus dans le rapport était une mise en garde : “Il serait peut-être risqué d’utiliser les pouvoirs derrière Halphand, mais ce serait sans nul doute une admission de notre faiblesse si nous devions refuser leurs services par peur de ne pas être capable de les diriger.”
Les idées de Brockdorff-Rantzau de diriger et de contrôler les révolutionnaires furent en parallèle, comme nous le verrons, avec celles des financiers de Wall Street. Ce fut JP Morgan et l’American International Corporation qui tentèrent de contrôler les révolutionnaires à la fois américains et étrangers aux Etats-unis pour leurs propres intérêts.

Un autre document établît les termes de la demande de Lénine, dont le point le plus intéressant fut le point #7, qui permettrait aux troupes russes “d’entrer en Inde”, ce qui suggéra que Lénine avait l’intention de poursuivre le projet expansioniste du tsar. Zeman note aussi le rôle de Max Warburg dans l’établissement d’une maison d’édition russe et annonce un accord daté du 12 Août 1916 dans lequel l’industriel allemand Stinnes acquiesça de contribuer pour deux millions de roubles pour le financement d’une maison d’édition en Russie.
Ainsi, le 16 Avril 1917, un groupe de 32 personnes à bord d’un train, incluant Lénine, sa femme Nadezhda Krupskaya, Grigori Zinoviev, Skolnikov et Karl Radek, partirent de la gare centrale de Berne en route pour Stockholm. Lorsque le groupe arriva à la frontière russe, seuls Fritz Plattan et Radek se virent refuser l’entrée en Russie. Le reste du groupe fût autorisé à entrer en Russie. Plusieurs mois plus tard, ils furent suivis par quelques 200 Menchéviks, incluant Martov et Axelrod.
Il convient ici de noter que Trotsky, qui était à New York pendant ce temps là, a obtenu des fonds également traçables à des sources allemandes. De plus, von Kühlmann fait allusion à l’incapabilité de Lénine d’élargir la base du parti bolchévique avant que les Allemands n’aient suppléé les fonds. Trotsky était un menshévik qui ne tourna bolchévique qu’en 1917. Ceci suggère que les fonds allemands étaient peut-être liés à la condition que Trotsky change de label politique.

Les documents Sisson

Au début de 1918, Edgar Sisson, le représentant à Pétrograde du comité d’information publique états-unien acheta un certain nombre de documents russes qui étaient supposés prouver que Trotsky, Lénine et les autre révolutionnaires bolchéviques étaient non seulement payés par le gouvernement allemand mais en étaient des agents.
Ces documents, plus tard appelés les “documents Sisson”, furent envoyés aux Etats-Unis en toute hâte et secret. A Washington D.C, ils furent soumis à l’attention du comité national de service historique pour identification. Deux historiens influents, J. Franklin Jameson et Samuel N. Harper, testèrent leur authenticité. Ces historiens divisèrent les documents de Sisson en trois groupes. Concernant le premier groupe ils conclurent :
“Nous avons soumis avec grande attention ces documents à tous les tests possiblement applicables et auxquels les étudiants sont familiers… Sur la base de ces études, nous n’avons aucune hésitation à déclarer que nous ne voyons aucune raison de douter de l’authenticité de ces 53 documents.”
Les historiens furent moins confiants quant au matériel du second groupe de documents. Ce groupe ne fut pas rejeté comme des faux, mais il fut suggéré qu’ils étaient des copies de documents originaux. Bien que les historiens firent “une déclaration de non confiance” sur le 3ème groupe, ils n’étaient pas prêts à déclarer qu’ils étaient des faux.
Les documents Sisson furent publiés par le comité d’information publique, dont le président était George Creel, un ancien contributeur du journal bolchévique “Masses”. La presse américaine en général accepta ces documents comme étant authentiques avec pour seule exception notoire le New York Evening Post, propriété à l’époque de Thomas W. Lamont, un associé de la firme JP Morgan. Quand seulement quelques uns furent publiés, le Post défia l’authenticité de tous les documents.

Nous savons aujourd’hui que les documents Sisson étaient des faux, seulement une ou deux des circulaires allemandes d’importance mineure étaient authentiques. Une simple examen des en-têtes de lettres suggère que les faussaires étaient des faussaires inhabituellement maladroits, peut-être travaillant pour le marché américain très naïf. Le texte de langue allemande était truffé de termes qui étaient à la limite du ridicule, par exemple : le mot “bureau” au lieu du mot allemand “Büro” ou “central” au lieu du mot allemand “zentral”, etc.
Que les documents sont des faux est la conclusion de l’étude exhaustive de George Kennan et des études faites dans les années 1920 par le gouvernement britannique. Quelques documents étaient basés sur des informations réelles et comme l’observe Kennan, ceux qui les forgèrent eurent accès à des informations de première qualité. Par exemple les documents 1, 54, 61 et 67 mentionnent que la banque Nya Banken de Stockholm a servi de conduit pour les fonds destinés aux bolchéviques depuis l’Allemagne. Ce réseau a été confirmé par plusieurs sources très fiables. Les documents 54, 63 et 64 mentionnent Furstenberg comme étant l’intermédiaire bancaire entre les Allemands et les bolchéviques, le nom de Furstenberg apparaît dans d’autres documents authentiques. Le document de Sisson # 54 mentionne Olof Aschberg et celui-ci d’après sa propre déclaration était le “banquier bolchévique”. Aschberg était le directeur de Nya Banken en 1917. D’autres documents dans les documents Sisson mentionnent une liste de noms et d’institutions, tels que la banque allemande Naphta-Industrial, la Disconto Gesellschaft et Max Warburg, le banquier de Hambourg, mais des preuves plus tangibles ne sont pas au rendez-vous. De manière générale, les documents Sisson, bien qu’étant des faux, sont quoi qu’il en soit basés sur des informations exactes [...]

La partie de bras de fer à Washington

[...] Le premier rapport des évènements du début Novembre atteignit Washington le 9 Décembre 1917. Ce rapport décrivit la nature peu intense de la révolution per se, mentionnait que le général William V. Judson avait fait une visite non autorisée à Trotsky et rapporta la présence d’Allemands à Smolny, le QG soviétique.
Le 28 Novembre 1917, le président Woodrow Wilson ordonna la non interférence avec la révolution bolchévique. Cette instruction vint apparemment en réponse à une requête de l’ambassadeur Francis pour une conférence alliée à laquelle la Grande-Bretagne avait déjà dit oui. Le département d’état argumenta qu’une telle conférence n’était pas pratique. Il y eut de longues discussions à Paris entre les alliés et le colonel Edward M. House, qui en référa au président Wilson comme étant “de longues et fréquentes discussions au sujet de la Russie”. De cette conférence, House dit que l’Angleterre “acquiesçait passivement”, que la France “était indifféremment contre” et l’Italie “activement aussi”. Woodrow Wilson approuva peu après un télégramme du secrétaire Robert Lansing qui donnait une assistance financière pour le mouvement Kaledin. Il y  avait aussi des rumeurs que “les monarchistes travaillaient avec les bolchéviques…” que le gouvernement de Smolny était complètement sous contrôle de l’état-major allemand et d’autres rumeurs qui disaient que tout ou partie des bolchéviques étaient des américains.” [...]

[...] Le 20 Février 1918 l’ambassadeur Francis câbla à Washington pour rapporter que le gouvernement bolchévique approchait de sa fin. Deux semaines plus tard, le 7 Mars 1918, Arthur Bullard rapporta au Colonel House que de l’argent allemand maintenait à flot les bolchéviques et que cette subside était bien plus substantielle que pensée auparavant. Arthur Bullard (du comité d’information publique) argumentait : “Nous devons nous préparer à aider  quelque gouvernement national honnête que ce soit. Mais hommes, argent ou équipement envoyés à ceux aux commandes actuellement seront utilisés contre les Russes tout autant que contre les Allemands.” Ceci fut suivi par un autre message de Bullard au colonel House : “je ne conseille pas de donner une aide matérielle au gouvernement russe actuel ; des éléments sinistres des soviets semblent gagner le contrôle.”
Mais il y eut des contre-forces influentes qui œuvrèrent. Dès le 28 Novembre 1917. Le colonel House câbla au président Wilson depuis Paris qu’il pensait que c’était important que la presse américaine commence à commenter sur le fait que “la Russie devrait être traitée comme un ennemi”, devrait être “supprimée”. Le mois suivant, William Franklin Sands, secrétaire exécutif de l’American International Corporation sous contrôle de JP Morgan et un ami de Basil Miles, soumît un memorandum qui décrivait Lénine et Trotsky comme ayant les faveurs des masses et pressait les Etats-Unis de reconnaître la Russie soviétique. Même le socialiste américain Walling se plaignît auprès du département d’état à propos de l’attitude pro-soviet de George Creel (du comité américain d’information publique), de  Herbert Swope et de William Boyce Thompson (de la banque de la réserve fédérale de New York).

Le 17 Décembre 1917, apparût dans un journal de Moscou une attaque sur le colonel Raymond Robins de la Croix Rouge et Thompson et qui insinuait un lien entre la révolution russe et des banquiers américains :
“... Pourquoi l’argent fut-il donné aux socialistes révolutionnaires et non pas aux démocrates constitutionnels ? On devrait pourtant supposer ceux-ci plus proches et plus chers aux cœurs des banquiers.”
L’article continue à argumenter que cela était parce que le capital américain regardait la Russie comme un futur marché et voulait ainsi s’implanter solidement. L’argent fut donné aux révolutionnaires parce que les travailleurs et les paysans font confiance aux socialistes révolutionnaires. Au moment où l’argent arriva aux révolutionnaires, ceux-ci étaient alors au pouvoir et il était supposé qu’ils y resteraient pour un moment.
Un autre rapport datant du 12 Décembre 1917 en provenance de Raymond Robins, détaille “des négociations avec un groupe de banquiers américains de la mission de la Croix Rouge américaine”. Les “négociations” avaient pour sujet le paiement de deux millions de dollars. Le 22 Janvier 1918, Robert L. Owen, le président du comité des changes du sénat américain et lié aux intérêts de Wall Street, envoya une lettre à Woodrow Wilson recommandant une reconnaissance de facto de la Russie soviétique par les Etats-Unis, la permission d’un envoi immédiat de produits qui étaient en demande de manière urgente là-bas, la nomination de représentants en Russie pour contre-balancer l’influence allemande et la création d’un groupe de service professionnel en Russie.
Cette approche fut aidée de manière consistante par Raymond Robis en Russie... D’après Robins, les bolchéviques voulaient l’assistance des Etats-Unis et une coopération commune avec la réorganisation des chemins de fer, parce que “par leur généreuse assistance et conseil technique à réorganiser le commerce et l’industrie, l’Amérique pourra entièrement exclure le commerce allemand pour le reste de la guerre.”

En bref, le bras de fer à Washington était un reflet de la lutte entre d’un côté, la vieille ligne de la diplomatie (comme l’ambassadeur Francis) et les officiels de bas-étage des départements administratifs et de l’autre côté, des financiers comme Robins, Thompson et Sands avec des alliés comme Lansing et Miles au département d’état et le sénateur Owen au congrès.

A suivre...
 
 

Dernière mise à jour : 13-12-2011 21:29

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