Oracle ou Messie ?

 

 

ORACLE : de 1160 : lieu sacré, du latin oraculum ; étymologie de oraison (o de origine et ‘raison’). Le propre de l’oracle est celui d’une divinité annonçant un événement à l’avance. Mais si le Dieu annonce un événement qui ne se passe pas : « on lui crache à la gueule »... Ou alors il y a entre l’événement annoncé et l’événement effectif une subtile différence qui suffit à désemparer celui qui s’attendait ce à quoi il devait assister. S’il ne s’est rien passé il y a déception, comme tromperie sur la marchandise.
Le propre de l’oracle est de suggérer, sans jamais la préciser, une chose autre que la chose qu’il annonce et qui se réalise effectivement. Mais cette suggestion déçue peut se manifester en toute occasion, puisque tout événement implique la négaton, la destruction de son double ! (On ne saisit pas ce qui est impossible à saisir ! Pas de but à atteindre : la prise en charge de soi-même est en quelque sorte le renoncement à cette même prise en charge...)

 

 

 

 

Exemple d’une fable d’Esope en forme d’oracle : Le Fils et le Lion.

Un vieillard peureux avait un fils unique courageux et passionné par la chasse. Le vieillard le vit en songe périr sous la griffe d’un lion. Craignant que le songe se réalise « en vrai », il fit aménager un appartement élevé et magnifique, et il y garda son fils. il avait fait peindre pour le distraire des fresques représentant toutes sortes d’animaux parmi lesquels figurait un lion. Bien-sûr la vue de ces peintures énervait le jeune homme et le rendant dépressif. Un jour s’approchant de la fresque représentant le lion il lui cria : « mauvaise bête, c’est à cause de toi et du rêve menteur de mon père que je suis enfermé ici, dans cette prison pour femmes ! Que pourrais-je bien te faire ? » Et il asséna sa main sur le mur, pour crever l’œil du lion. Mais une pointe s’enfonça sous son ongle et lui causa une douleur aiguë aboutissant à une gangrène. La fièvre l’emporta. Le lion, pour n’être qu’un lion de peinture, n’en tua pas moins le jeune homme, à qui l’artifice de son père ne servit à rien.

Bien-sur on peut parler de « tour du destin » quand l’événement se produit « envers et contre tous » les efforts entrepris pour y porter obstacles. Ainsi, DESTIN = IRONIE. On dit aussi : Être le jouet du destin. Plus on veut « éviter le destin » et plus son accomplissement arrive rapidement !
Pour maîtriser le destin il faut réaliser le Soi-Instant : le TOUT-ET-RIEN, donc se débarrasser du mental ou ego.


DESTIN ou KARMA.

Destin. La bonne étoile. La volonté de la Divinité qui règle les évènements + ou – à venir.
En rapport avec la divination, L’oracle ou réponse d’une Divinité consulté : voir par exemple le Livre des Transformations, le Yi-King, qui est plus que de la Divination, il représente un Mouvement ; ainsi il n’y a pas de réponses précises dans le Yi-King, comme pour un oracle.

- Maharshi : Les karmas portent en eux-mêmes les semences de leur propre destruction. (R. Maharshi, entretien 11)

Le destin est le résultat des activités passées. Il concerne le corps (le mental). « Le libre arbitre [l’individualité] et le destin durent aussi longtemps que le corps. Mais la Sagesse les transcende tous deux. Le Soi est au-delà de la connaissance et de l’ignorance. Lorsqu’un événement se produit, c’est la résultante des diverses activités passées, de la volonté divine et d’autres facteurs » (R. Maharshi, entretien 193).

Ramana Maharshi dit à l’entretien 244 qu’il n’y a pas de destin : « Abandonnez-vous et tout ira bien. Rejetez toute la responsabilité sur Dieu. Ne portez pas le fardeau vous-même [comme Adolph Hitler par exemple]. Que peut alors vous faire le destin ? »

RAPPEL : Objets, sensations ou pensées sont tous des conceptions du mentales. Le mental s’élève une fois que la pensée ‘je’, ou  l’ego s’est élevée. D’où l’égo s’élève-t-il ? De la Conscience abstraite ou pure intelligence. (entretien 244).
Le Maharshi dit aussi qu’il n’y a aucune différence entre matière et esprit, l’ensemble se nomme ÉNERGIE.

Donc le destin n’existe pas, même s’il est lié à l’Oracle, car comme le dit Ramana Maharshi, le destin étant lié au corps, au mental, la « duperie » ou illusion ratée n’est pas du côté de l’événement, mais du côté de l’attente. L’oracle doit donc surprendre mais sans décevoir aucune attente réelle.

Le destin n’existe pas dans la seule réalité puisque le destin appartenant au mental appartient à l’OPINION : « On annonce un matin aux médias radio-télé qu’à l’Élysée Monsieur le Président Gros Tas est au plus mal ; annoncée dans la soirée, la mort du Président surprend (c’était donc bien cela, A est donc A). Le destin ou suggestion suggéré par les oracles est de l’opinion prenant la forme « d’universalité ». C’est pourquoi on parle souvent de « légendes oraculaires ».
L’oracle est une FAUSSE réalisation de l’Instant. La prédiction à l’avance de l’oracle a valeur symbolique : projection dans l’avenir de ce qui lie l’être à chaque « Instant de sa vie présente ». Avec le destin, pas d’échappatoire, EN APPARENCE, car en franchissant l’IDIOTIE DE LA VIE, on franchit la Stargate, probablement sans retour possible.

La Vie est une IDIOTIE : étymologie de idiote (ignorant), de 1180, du latin idiôtes (sot), du grec idiotês (simple particulier), ignorant. La réalité étant unique, l’individu comme son nom l’indique est particulier, il est de ce fait IDIOTÈS. Ainsi le Royaume de Dieu n’est pas ici mais AILLEURS, sans son double sujet-objet. Alors le Dieu créateur est soit un fou inconscient, soit un sadique et un pervers jouant un jeu cruel ; aussi il n’est point créateur mais opinion. Par exemple YAHVÉ EST OPINION.

Des philosophistes comme Jean-Paul Sartre et Karl Marx s’obstinent à repérer dans le « réel » de la matière une « loi réelle » qui en explique à la fois le sens et le devenir, en une démarche doublement oraculaire (à la duplication du visible et de l’invisible, qui prétend faire le partage entre un faux et un vrai s’ajoute la prédiction, l’annonce du futur). En d’autres mots, le marxisme ou règne des opinions : ce sont les accidents qui engendrent les essences ; bref, tout est à l'envers.