Court métrage de dessin animé réalisé par Paul Grimault en 1944.
Production : Les Gémeaux (André Sarrut).
Couleurs par Technicolor.
Scénario et découpage : Maurice Blondeau et Paul Grimault, d’après une idée de Jean Aurenche.
Musique : Roger Désormière et Jean Wiener.
Animation :
- Henri Lacam et
Jean Vimenet : le Voleur.
- Gabriel Allignet : la pluie, l’orage et les effets spéciaux.
- Émile Savitry : les flics.
- Georges Juillet : les chiens.
- Léon Dupont.
Grand Prix International du Dessin Animé au Festival de Venise 1946.
Il s’en suit un léger travelling, l’éclairage devient légèrement bleu nuit et l’ombre en plan moyen de deux policiers à chapeau melon et nez en patate acquiescent. Panoramique vertical vers les toits : des chiens aboient ; panoramique horizontal découvrant de nombreux chiens de gardes.
Tel est l’ouverture du film en un très beau travail de layout : mise en place et étude du mouvement de la caméra dans l’espace. La caméra de banc-titre étant fixe et ne se déplaçant de haut en bas et l’inverse sur deux colonnes en générale, c’est le décor qui défile sous la caméra, il y a donc un travail à cause de la longueur des cellulos (feuilles transparentes) par rapport au cadre de la caméra, afin d’éviter que les bords apparaissent dans le champ caméra.
Ensuite on découvre un petit chien attaché à une chaîne, et perché sur le haut d’un paratonnerre le fameux voleur. Il est espionné par deux flics... Le voleur est habillé tel un rat d’hôtel, et ici un rat de toits avec un loup sur le visage.
Graphiquement c’est très beau, comme un petit bijou dans une boîte. Les décors sont splendides avec leur perspective étudiée mais sans plus ; il y a une certaine liberté qui fait parfois défaut au classique de chez Walt Disney, où les perspectives sont tirées au cordeaux ou sont trop rigides. Toute la balade du voleur sur les toits permet d’admirer ces camaïeux, percés ça et là de petites lumières et de reflets sur des cheminées. Déjà il y a la poésie du petit voleur, des chiens, et qui dit chien dit os, aussi il s’y ajoute un os mécanique très marrant...
Pour en revenir aux décors ils participent ici pleinement à l’action du film et font jaillir les sentiments propre à la situation. Les animaux sont importants pour Paul Grimault qui est respectueux de la Nature. Ils participent à l’action comme le petit chien sur le toit ; un gros chien de garde attaché à sa niche juchée sur le toit est un obstacle que le voleur doit contourner.
Techniquement l’animation est inventive et c’est nécessaire pour contourner des difficultés comme : monter une échelle quand on est poursuivit par deux flics et en plus à chaussures à clous. Et en parlant d’échelle et de perspectives, Grimault joue beaucoup aussi sur la profondeur dans le plan, exactement comme Jean Renoir pour son chef d’œuvre :
la Règle du Jeu. L’animation fonctionne bien car bien plus que dans Le Petit Soldat, elle utilise à fond la
loi des lignes ondulatoires.
On peut jubiler car avec ce charmant voleur poursuivit par les deux flics ça fait penser à
Guignol ! Je me souvient de celui qui était au
square des Batignolles à Paris. Pour terminer je dirais que le scénario est remarquablement construit.
(Actuellement le film n’a pas subit de restauration, d’où des couleurs bien noircies et des scintillements)
Michel Roudakoff