Suite de la publication du scénario d’un projet de long métrage. Les ouvriers commencent la construction du mur d’enceinte du Jardin de Ptah. Il manque un arpenteur, il faut en faire venir un de Tyr en Phénicie. Problème : pas encore de chevaux en Égypte.
(Devant la Tente bleue. Extérieur nuit)
Les deux porteurs de la chaise de Neserty sont assis et jouent aux dés. Neserty, voilée, aux côtés d’Ennana essaye de ne pas salir ses pieds en se dirigeant vers la tente. Ennana lui ouvre la tente. Ils entrent.
(Tente Bleue. Intérieur nuit)
Pano, Ennana et Neserty s’asseyent. Neserty est dans l’ombre.
- ENNANA : Est-ce que je peux me divertir avec toi pour cette somme ?
Il soupèse un petit sac de pièces de cuivre.
- NESERTY (elle prend le sac et regarde Ennana) : Tu es maigre comme ton petit sac... Qu’est-ce c’est ? des bijoux ?... du cuivre ! allez, je prend !
- ENNANA : J’suis pas maigre, regarde mes bras et mes mains de Chef de tailleurs de pierres.
- NESERTY : Oh, les chefs ça ne fait rien. Viens, reposons ensemble le temps d’un gros sablier.
Ennana se désaltère, panoramique sur Imhotep entrant avec une coudée. Il ne remarque pas dans la pénombre Neserty qui rajuste sa coiffure avec un peigne. Elle va vers Imhotep.
- NESERTY : Hé, Imhotep le timide !
Imhotep sursaute, se retourne et pose sa coudée. Neserty lui touche le bras. Imhotep regarde avec un air de reproche et lui fait le geste de sortir. Ennana sort à contre-coeur ! Imhotep se rapproche et tente de la séduire.
- NESERTY : Viens chez moi demain, nous reposerons ensemble ; et n’oublie pas de te parfumer.
Imhotep cache sa timidité en prenant des objets et en les reposants. Il en fait tomber un. (Raccord avec la poterie cassée au plan suivant).
(Chambre Maison Neserty. Intérieur jour)
Une pièce avec un lit. Imhotep et Neserty sont assis l’un à côté de l’autre. Imhotep porte de beaux vêtements et des bijoux. Il ramasse des bouts de la poterie cassée et les dépose sur une table.
- NESERTY : Alors, celui qui embrasse mal, as-tu déjà touché à une femme ?
- IMHOTEP : Bien-sûr, puisque je t’ai bandé la cheville.
- NESERTY : As-tu déjà reposé auprès d’une femme ?
- IMHOTEP : Non.
- NESERTY : Tes études et ta pyramide t’on rendu timide et solitaire.
Elle se lève, prend un gobelet de vin, et en offre à Imhotep. Ils boivent tous les deux.
- NESERTY : Buvons pour nous faire battre le coeur. Peut-être bien que je me divertirai avec toi Imhotep.
Imhotep mal à l’aise reprend sa respiration.
- IMHOTEP : Viens, allons sur ton lit, nous dormirons ensemble l’un contre l’autre. Viens, mon corps s’affaiblit ; si tu ne viens pas, je m’écorcherai le visage avec mes cailloux.
- NESERTY (partiellement off) : Silence Imhotep, tu veux rattraper le temps perdu. Ton impatience me fait peur. Il n’est rien de plus naïf qu’un jeune homme vierge. Seule, la femme peut faire de l’homme un homme complet ! Tu dois savoir que les pattes des chats sont douces, mais elles contiennent des griffes qui déchirent sans pitié. Le chat joue avec sa victime et la dévore une fois paralysé. Je te dis cela, parce que je ne veux pas te faire de mal. Et en perdant l’innocence de ton corps, tu peux y perdre l’innocence de ton âme.
Elle prend les mains d’Imhotep et en met une sur son sein, et l’autre sur sa cuisse. Imhotep ému se met à trembler. Brusquement, Neserty repousse les mains d’Imhotep.
- NESERTY : Maintenant sauve-toi et ne reviens pas chez moi, afin que je ne te fasse pas de mal. Si tu restes, ne me reproche pas ce qui pourrait t’arriver.
Imhotep est ébahi, puis il réfléchit. Neserty sourit malicieusement.
- NESERTY : D’accord, mais tu me donnes tous tes bijoux.
Imhotep s’exécute. Neserty se déshabille, s’allonge sur le lit. Imhotep la rejoint, nu lui aussi. Ils s’étreignent, se caressent. Puis brusquement Neserty baille.
- NESERTY : Vas-t-en, je suis fatigué, tu ne me donnes aucun plaisir, tu es bien trop maladroit. Tes bijoux me conteront bien.
Stupeur d’Imhotep, qui voulut l’embrasser à nouveau, mais elle le chassa.
SÉQUENCE 7 (Marché de Mur-Blanc. Extérieur jour)
Ambiance bruyante. Sepa et deux acolytes avec pelles et fourches. Ils traversent le marché avec ses petites toitures de paille et passent devant Houy qui donne des pièces de cuivre à un marchand tenant un beau vêtement sur son épaule. Derrière eux Hésyré les regarde. Au passage, Sepa salut Houy de la main et d’un clin d’oeil. On suit Sepa et ses deux acolytes jusqu’au détour d’une rue.
(Rue à côté du marché. Extérieur jour)
On découvre Ptah. Celui-ci se baisse pour caresser un chat. Arrive les deux acolytes de Sepa qui se cognent à Ptah et tombent avec leur outils. La chat s’enfuie. Ptah se relève avec son bâton, Sepa se rapproche.
- SEPA : Eh vieux, passe ton chemin !
- PTAH (à lui-même) : Vieux moi ! (il regarde Sepa et les autres qui s’éloignent). Pauvres mortels.
(Plan de coupe : survol sur Jardin de Ptah avec les ouvriers chantants)
- OUVRIERS (suite de la chanson de la séquence 6) :
3) Ennemi du transparent. (7)
Tu ne te raidiras plus,
Tu n’éjaculeras plus.
A) Tu es rampant Apophis, (7)
Résidant du ciel terrestre,
Enfant de la déchéance.
B) Tu es l’ondulant serpent, (7)
Le cercle perdu sans centre,
Enfant de la déchéance…
(Maison Neserty. Intérieur jour)
Entrée de Houy et d’Imhotep. Imhotep est emmené par un serviteur.
(Chambre Maison Neserty. Intérieur jour)
Assise sur son lit elle se farde en tenant à la main un miroir de cuivre. Imhotep est très contracté.
- NESERTY : Que veux-tu ? Ta présence me dérange.
Imhotep s’approche rapidement d’elle.
- IMHOTEP : C’est toi que je veux, tu le sais bien.
Elle le repousse.
- NESERTY : Quelle impatience, et es-tu méchant ? Ne vois-tu pas que je me fais belle pour recevoir ce soir un riche marchand ?
Elle retourne un sablier et s’étend sur son lit. Imhotep l’admire timidement mais avec insistance.
- NESERTY : Pourquoi tu restes ici Imhotep ?
Imhotep se jette sur elle fébrilement. Elle se débat habilement. Imhotep est découragé, il retourne le sablier. Neserty énervé le retourne à nouveau.
- NESERTY : Si je sacrifiais mon temps pour toi, et si je me divertissais avec toi maintenant ; que me donnerais-tu ?
Elle se prélasse sur le lit et répète en regardant boudeuse Imhotep.
- NESERTY : Que me donnerais-tu ?
- IMHOTEP : Je t’ai donné les seuls bijoux que je possédais ; je ne suis pas si riche que tu le crois.
Et il alla se retirer.
- NESERTY : Attends, j’ai pitié de toi Imhotep.
Elle s’étire érotiquement, enlève une partie de ses vêtements.
- NESERTY : Tu portes tes beaux habits, donnes-les-moi, l’étoffe en est précieuse. Et estime-toi heureux que je ne te demande pas ta maison !
- IMHOTEP : Je te les donne si tu te divertis avec moi. (Il regarde la poitrine à moitié dénudée de Neserty).
Elle ne répond pas. Imhotep vient s’étendre sur le lit en se déshabillant. Tous les deux sont nus. Neserty se détourne pour se regarder dans un petit miroir de cuivre… Elle baille, caresse à peine Imhotep, baille. Imhotep la serre dans ses bras, la caresse.
- NESERTY : Tu as reçu ce que tu voulais Imhotep. Laisses-moi, tu m’ennuies beaucoup. Tu ne me donnes pas le moindre plaisir, tu es toujours aussi maladroit. Tes mains me font mal. Tu es trop naïf, vas-t’en ! vas-t’en ! (en colère).
Imhotep se lève et se sauve en titubant ; il serre les poings, des larmes coulent de ses yeux. Il veut reprendre ses vêtements, Neserty les retiens, il essaye de cacher sa nudité.
(Devant Maison Neserty. Extérieur jour)
Houy cache la nudité de son Maître comme il peut, et l’aide à remonter dans la chaise à porteurs. Les deux porteurs ne peuvent s’empêcher de rire.
- HOUY (à l’un des porteurs) : J’aurai dû mieux veiller sur mon Maître !
- PORTEUR 1 : Nous on veille sur nos jambes. Ça en fait seulement quatre. Tu te rends compte si on en avait 1000 comme Sepa le mille-pattes ! le nombre de courses que l’on pourrait faire !
- PORTEUR 2 (à Houy) : Sepa ? l’ingénieur ?
Houy fait oui de la tête.
- IMHOTEP (angoissé dans la chaise) : Allez, dépêchez-vous !
Les jambes des porteurs s’activent encore plus.
(Tente Bleue. Intérieur jour)
Sechy avec un pinceau à la main, devant un dessin de la porte ; à ses côtés : Khenen.
- KHENEN (tristement) : Je ne sais pas pourquoi j’ai été jeté si laid en ce pays ; c’est comme un dessein du Seigneur Ptah ! (il s’incline) Ma mère est morte et mon père a prit une autre femme et ......
- SECHY (il le coupe et montre son dessin) : Regarde Khenen, il y a autant de beauté que de gens ; il ne faut pas séparer laideur et beauté. Tout dépend de comment tu observes. Khenen, va me chercher en sa Maison le Maître Imhotep ; ça fait 2 jours que je ne l’ai pas vu. Il me manque des indications pour le haut de la porte.
Khenen salue Sechy et sort. Une femme le croise et entre avec une cruche d’eau.
(Maison d’Imhotep. Intérieur jour)
Imhotep est à genoux et ramasse de la poussière sur le sol, et se la jette sur la tête et au visage ; la poussière colle sur ses larmes. Il répète plusieurs fois ce geste de douleur.
Houy pleurant aussi, entre pour apporter serviette et verre d’eau.
Imhotep le chasse violemment. Houy pose serviette et pot, et s’en retourne tout penaud en reniflant. Imhotep s’allonge face contre le sol.
- HOUY (off) : Maître, un jeune garçon te demande.
Retrouvant brusquement sa dignité, et s’essuyant le visage avec la serviette.
- IMHOTEP : Qu’il vienne.
Arrive Khenen. Il reste un instant en arrêt ; il est ébloui par la prestance d’Imhotep, mais replonge dans son regard triste, tout en saluant les 2 mains sur les genoux.
- KHENEN : Seigneur, Maître Sechy demande des renseignements sur le haut de la porte.
- IMHOTEP (off) : Dit lui que rien ne presse ; Sechy est trop impatient ; mais toi, je ne t’avais pas encore remarqué, qu’elle est ton nom ? Pourquoi as-tu ce visage si triste ?
Khenen est admiratif et gêné, comme paralysé devant Imhotep.
- KHENEN : Je ne sais pas Seigneur. Je m’appelle Khenen. Oh ! Pourrais-je apprendre et t’assister sur le chantier ?
- IMHOTEP : Possible ; va Khenen, il me reste à faire.
Départ de Khenen. Imhotep prend des pots, des cailloux les broient, les fait cuire au four. Il s’active comme un possédé et se met à psalmodier :
Le four de potier ronfle. Imhotep dans son agitation fait tomber une pierre, elle se brise en une poudre rosée. Intrigué, il la ramasse, la tamise, ajoute de l’eau et le liquide d’une fiole en terre émaillée.
Il se met à genoux pour prier tout en faisant cuire cette bouillie.
- IMHOTEP : Seigneur Ptah, tu es parfait lorsque tu es miséricordieux ! Sois miséricordieux pour moi, chaque jour.
La bouillie devient une poudre (c’est ainsi qu’il invente le béton).
Imhotep verse de l’eau sur cette poudre, cela donne une pâte. Il verse ensuite cette pâte dans un petit coffrage de bois et retourne un sablier.
(Raccord : saut dans le temps). Il retourne une deuxième fois un sablier plus gros, puis tâte la pâte qui a séché rapidement. Il brise le cadre de bois et contemple son morceau de pierre solidifiée. Avec un marteau, il tape sur le morceau de pierre. C’est dur et ça ne se casse pas !
- IMHOTEP : Ça marche ! Je n’y comprends rien !?
Sa gaieté retrouvée et décuplée par sa découverte, il appelle Houy. Celui-ci entre perplexe.
- IMHOTEP : Regarde....... c’est merveilleux, j’ai reconstitué une pierre, tape dessus avec ce marteau (il tend le marteau), ma pierre est plus dure que le calcaire de nos carrières.
Houy effrayé, se met les mains sur la tête. Il prend la pierre et le marteau et tape sur la pierre.
- HOUY : Maître Imhotep, qu’est ce que vous avez fait là ?!
Houy s’enfuit en faisant tomber la pierre.
SÉQUENCE 8 (Plan séquence). (Pilier droit porte porte. Extérieur jour)
(Le béton). Des blocs de calcaire sont entassés. Un ouvrier apporte des pierres sur une brouette ; un autre, un tissus sur le nez les broient, puis il se rafraîchit avec une jarre d’eau. Ennana se dirige vers les coffrages de bois. Au loin, un four rudimentaire en briques laisse échappée la fumée par des ouvertures. A côté d’un gros tas de bois, un ouvrier alimente le feu dessous le four. Cela chauffe dure, il va boire une rasade à la jarre.
Un autre ouvrier mieux habillé (le veilleur du feu), assis devant la porte du four, contrôle le temps de cuisson et retourne un sablier posé sur un tabouret. Près du four un ouvrier tenant 2 cordelettes et avec ses pieds sur 2 outres (soufflets) active le feu dans un grondement. (Les 2 outres sont reliées par 2 tuyaux au four). Une femme se dirige vers le veilleur du feu avec une corbeille remplie de pains ; elle lui en donne un.
Un peu plus loin, 2 ouvriers devant un coffrage de bois : l’un verse la poudre, et l’autre verse de l’eau sur le tas de cette poudre et mélange. Leur activité est bien synchronisée. À suivre… Si Ptah, Père des Dieux, le permet…
IMHOTEP INVENTE LE BÉTON et un ajustement incroyable de ces « nouvelles Pierres », tout le miracle du Sable, équivalent de Eau-Feu :
Distribution, pour les séquences ci-dessus :
ENNANA (25 ans) : Chef des tailleurs de pierres
NESERTY (2 flammes) (30-35 ans) : courtisane
SECHY (30 ans) : Chef des dessinateurs
IMHOTEP (35 ans) : architecte du Roi Djeser
SEPA (Mille-pattes) (22 ans) : l’ingénieur et Chef des travaux
PTAH : Dieu honoré à Mur-Blanc (Memphis)
Un CHAT
DEUX ACOLYTES DE SEPA
HOUY (35-45 ans) : le serviteur borgne d’Imhotep
DEUX PORTEURS DE CHAISE
KHENEN (troublé) (23 ans) : assistant de Sechy
REDEJET (accorder) (20 ans) : la femme aux coloris
DES TAILLEURS DE PIERRES
PLUSIEURS PERSONNES
Citation du jour
"La France n’est pas de tradition spirituelle chrétienne mais DE TRADITION DU PALÉOLITHIQUE : LE DOMAINE DES PAGANS : provinciaux des districts. Paganisme devrait bien signifier : ANCIENS CULTES DE DIVERS GROUPES DE POPULATION. Sa spiritualité sera celle du CULTE DE LA TERRE-MÈRE ou MÈRE DIVINE (Vierge Noire, Isis la Noire : l’Eau de Vie). Cette Tradition Paléolithique appartient au Christ-Soi".
La vérité tout entière ne peut consister en un puzzle de vérités partielles cueillies un peu partout. Le Tout est autre chose et plus que le total des parties.