Les religions abrahamistes enferment le temps dans une conception linéaire en géométrie de la ligne droite, et donc nécessairement dans la flèche Histoire-Opinion-Temps qui coule. Ces religions se sentent en voyage entre l’Alpha et Oméga, en un rêve de « perpétuité » que chaque Instant accompli, comme s’il avait une date de péremption, puis est rejeté en arrière. Ainsi elles ne bouclent pas sur la Conscience, elles n’accomplissent pas la première figure fermée : le Triangle. Elles ne connaissent pas la co-naturalité, le « Je suis ce JE-SUIS » (à la fois Alpha et Oméga dans l’éternité).

 

À partir de la dictature de la religion catholique par l’empereur Constantin on assiste à cette conception linéaire en géométrie euclidienne de la ligne droite du temps. On ne peut plus reculer !

Comme le remarque l'Empereur, Julien, il est étrange que le Jésus a laissé pendant des millions d’années les êtres humains dans une conception cyclique du temps, donc comme écrit plus haut en Triangle éternel, ou Temps cyclique (le Mythe de l’éternel retour selon Mircea Eliade), pour brutalement donner naissance à une conception linéaire ou « flèche du temps » dans un seul sens et « circulez ya plus rien à voir en arrière ».

LÀ EST LE PROBLÈME, parce que le réalisé vivant : Jésus le Christ (Christ correspond à un titre comme prince) est bien du Thème du TEMPS CYCLIQUE, celui du retour à l’Origine, et non à une « fin des temps » qui n’arrivera jamais.
LÀ EST LE PROBLÈME, car ce qui arrive à un moment donné doit aussi disparaître à un autre moment !!! Or le message du Jésus est UNE FOIS POUR TOUTE : ni en avant, ni en arrière, mais DANS L’INSTANT : « Le Royaume des Cieux est en vous ». À l’entretien 106 de Ramana Maharshi : « Dieu est une entité inconnue. De plus, Il est extérieur. Alors que le Soi est toujours avec vous, il est vous. pourquoi donc quitter ce qui vous est intime pour aller chercher ce qui est extérieur ? ».
À Exode 3, 14 (Le Buisson ardent), à la question de savoir comment « Dieu s’appelle », pour le rapporter aux Israélites, il lui est répondu : « Je suis ce JE-SUIS ». Ainsi Moïse pourra dit aux Israélites : « JE-SUIS » m’a envoyé vers vous. Hélas, ce Dieu se cantonne à une petite partie du monde en parlant ainsi : « Yahvé, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ». Il dit que c’est son nom pour toujours, précision fondamentale. Alors pourquoi ce Yahvé se comporte-t-il comme un dément ? À mon avis il doit s’y mêler un ou des problèmes politiques à cette époque… Le temporel se mélangeait aussitôt avec l’énoncé de cette histoire.

À l’entretien 106 Ramana Maharshi cite ce passage de l’Exode 3 : « De toutes les définitions de Dieu, nulle n’est mieux exprimée que celle de la Bible : « Je suis ce JE SUIS ». Il y a d’autres déclarations, telles que brahmaivâham, aham brahmâsmi et so’ham. Mais aucune n’est aussi directe que le nom de Jehovah : JE SUIS. L’Être absolu est ce qui EST.  C’est le Soi. C’est Dieu. En connaissant le Soi, on connaît Dieu. En fait, Dieu n’est rien d’autre que le Soi ».

Julien écrit, dans : Défense du Paganisme - Contre les Galiéens : « Moïse et Jésus n’ont pas été les seuls à dire que Dieu, dès le commencement, avait pris un soin tout particulier des juifs et les avait choisis comme héritiers [mythe du ”peuple élu”]. C’est clairement l’avis de Paul, bien que ce soit étrange dans son cas. Car il ne cesse, tel un caméléon, de changer d’opinion à propos de Dieu au gré des circonstances, tantôt soutenant que les Juifs avaient eu seuls l’héritage de Dieu et tantôt essayant de persuader les Grecs de se joindre à lui, comme lorsqu’il  dit : « Il n’est pas seulement le Dieu des Juifs, mais aussi celui des Païens, oui des Païens [Épître aux Romains 3, 29, puisque ce Dieu est monothéiste, donc mondialiste] ». Il est donc juste de demander à Paul pourquoi Dieu, s’il n’était pas seulement le Dieu des Juifs mais aussi celui des Païens, a comblé les Juifs de grâces, leur donnant le don prophétique, Moïse, l’onction, les prophètes, la Loi (1) et les traits bizarres et monstrueux de leurs fables.
Vous les entendez crier : « L’homme a mangé le pain des anges [Psaumes 78, 25] ». Pour finir, Dieu a envoyé aux Juifs Jésus, mais à nous ni prophète, ni onction, ni maître, ni héraut pour annoncer son amour des hommes qui devrait un jour, non sans retard, venir jusqu’à nous.
Mais pendant des myriades d’années ou, si vous préférez, des millénaires [temps cyclique], il a laissé les peuples dans la plus grande ignorance adorer les « idoles » (c’est ainsi que vous les appelez) de l’Orient à l’Occident, du Nord au Sud, excepté un petit peuple habitant depuis moins de deux mille ans une partie de la Palestine (2). Car s’il est bien notre Dieu à tous et le créateur de toutes choses, pourquoi nous a-t-il négligés ? Il faut donc en conclure que le dieu des Hébreux n’est pas le créateur de tout l’Univers et le maître de toutes choses, mais bien plutôt, comme je l’ai dit auparavant, que son pouvoir est limité et qu’il n’est qu’un parmi d’autres dieux.
Devons-nous encore prêter attention à vous parce que vous ou l’un de votre race s’est fait par l’imagination une conception aussi simple du dieu de l’Univers ? Tout cela n’est-il pas d’une grande partialité ? Dieu est jaloux, dites-vous. Mais pourquoi est-il si jaloux, allant jusqu’à venger les péchés des pères sur les enfants [voir Exode 20, 5 où ce Dieu dit qu’il est un « Dieu jaloux »] ?».

En sacralisant le Temps qui coule, donc aussi l’Histoire et l’Opinion, les Hébreux inventent bien une forme de Temps qui colle (coule) encore à nous, car le temps n’existe que s’il y a quelqu’un pour l’observer, donc le fabriquer. La Chute va venir puisque à partir de là l’ÊTRE HUMAIN TOMBE DANS LA DURÉE, avec date de péremption !!! L’être humain tombait dans LES ÉVÉNEMENTS et effectivement dans la durée et la chronologie, le devenir [fin des temps], le « Nouveau, vu à la télé » ou le pro-jet ; il tombait dans les noms-les-formes et plus tard dans l’écriture et de nos jours dans le virtuel informatique du Big data. Le perpétuel ici et maintenant était tué au profit d’une linéarité mortifère nommée « CROISSANCE » et en modèle irréversible.

La Flèche du temps et son irréversibilité est une découverte récente dans la vie de l’humanité.
Flèche du temps = événement, ce qui vient, avenir, donc pro-jeté.

Notes.
1. Le Loi : une seule : harmonie entre le haut et le bas, et l’inverse ; ou être en accord avec les rythmes et cycles cosmiques.

2. Pour résumer : le mot CONSCIENCE voudrait simplement dire : reconnaître son Soi immortel.
Les Hébreux du temps de Moïse, c’était déjà Hollywood, les jolies et fantastiques histoires sacralisées et la dialectique des événements, comme l’écrit Mircea Eliade dans « Le mythe de l’éternel retour ».
Un certain Leibnitz (1646-1716) est surpris que les habitants « d’un petit canton de terre soit des gens plus éclairés que le reste du genre humain » (préface des Essais de Théodicée). Bref, le mondialisme et sa démocratie modèle actuel se mettait déjà en place ; au lieu de se tourner vers l’intérieur les gens se tournèrent vers l’extérieur. Le « Royaume des Cieux » n’était plus en nous mais ici sur Terre dans les biens de consommation et de la production démente !