Les Réalisés vivants vivants libérés du mental et donc du conditionnement, ce qui n’entraîne pas le renaissance ou cycle des naissances et des morts. « Ce n’est pas du tout le mental, mais la pure lumière (
sattva (2)). Les Réalisés vivants vivent et fonctionnent ici établis dans cette
sattva, pas dans le mental. Le mental ignorant et inerte est le mental ; le mental éveillé se nomme
sattva. Les ignorants vivent dans leur mental, les Réalisés dans le
sattva », explique Kumbha (Cudâlâ) au roi Sikhidhvaja, dans le
Yoga Vasistha, L’histoire de Sikhidhvaja et Cudâlâ (suite).
Renoncer au mental = Putréfaction.
De la Putréfaction naît l’INCONDITIONNÉ OU GRATUITÉ. (Condition, de con : avec, et dition : dire, le DIT, montrer…). On abandonne les opinions : « Il faut faire ceci ou cela », et les « il ne faut pas faire… », qui bien-sûr se trouve aussi dans le Soi, n'en est pas séparé.
« Ce qu’on a décrit du terme de
sattva doit être abandonné par la
sattva elle-même - c’est-à-dire par une totale liberté vis-à-vis d’elle et un non attachement à elle ». Comme tout est dans Tout
”Dans son cœur [celui du Réalisé], invisible et subtile, il y a la trace de sattva qui permet de raviver la conscience du corps. C’est comme la fleur et le fruit, potentiellement présents dans la graine” (YV VI, 1-103). Dans le cas du Réalisé dont le mental est totalement dégagé du mouvement de l’idéation, qui est exempt de la plus infime notion de dualité ou d’unité [qui implique nécessairement son contraire, donc le chaos !] et dont la conscience est tout aussi ferme et solide qu’une montagne, le corps est dans un état de parfait équilibre et ne montre aucun signe de plaisir et son contraire ; il ne monte ni ne retombe (vit ou meurt), mais demeure en parfaite harmonie avec la Nature.
Ce n’est que tant qu’il y a des opinions de dualité ou d’unité que le corps subit des changements, comme le mental. C’est le mouvement de la pensée [idéation] qui apparaît en tant que ce monde. De fait le mental fait l’expérience du plaisir, de la colère et de l’illusion, lesquels demeurent ainsi irrépressibles. Mais une fois le mental fermement établis dans la sérénité, pareilles agitations ne se produisent pas chez le Réalisé. Il est semblable au pur espace », dit Vasistha au Prince Râma.
”Quand il n’y a ni le mental ni même la sattva dans le corps, alors, comme la neige qui fond au soleil, le corps se dissout dans les éléments” (YV VI, 1-103).
Dans L’histoire de Kaca, fils du précepteurs des Dieux : Brhaspati, icelui répond à son fils à propos de ce qu’est le mental.
”Ceux qui connaissent le mental affirment que le mental est le ‘je’. Le sentiment de l’ego qui lève en toit ton mental” (YV VI, 1-111). « Mais, c’est difficile, sinon impossible », dit Kaca. Brhaspati répondit : « Au contraire, c’est plus facile que d’écraser une fleur que tu tiens à la main, plus facile que de fermer les yeux ! Car ce qui paraît être à cause de l’ignorance, périt à l’aube de la connaissance. En vérité, le sentiment de l’ego semble exister du fait de l’ignorance et de l’illusion. Où est ce sentiment de l’ego, comment a-t-il vue le jour, qu’est-il ? Chez tous les êtres, à n’importe quel moment, il n’y a que la pure Conscience unique [l’Instant, sinon, on invente l’HOTC : Histoire-Opinions-Temps qui coule] ! Par conséquent, ce sentiment de l’ego n’est qu’un mot. Renonces-y, mon fils, et renonce à la limitation de soi ou conditionnement psychologique.
Tu es l’inconditionné, que ne conditionnent jamais le temps, l’espace [donc l’HOTC] ».
Vasistha à Râma : « Abandonne les concepts d’unité et de diversité et demeure dans la béatitude. Ne souffre pas en te comportant comme l’homme ignorant ! ».
Une histoire contée par Vasistha à Râma, qui pourrait aussi intéresser les Anciens Hébreux qui ne jurait que par leur désert !
« Il existe un homme qui a été façonné par le mécanisme de l’illusion. Il est né dans un désert et a été élevé dans le désert. En lui une opinion pervers a vu le jour : « Je suis né de l’espace, je suis l’espace, l’espace est à moi [qui reflétait le comportement des Hébreux qui réussirent à évacuer la Nature considérée comme impure]. Il faut donc que je protège cet espace ». Ayant pris cette décision, il construisit une maison pour protéger l’espace. Voyant que l’espace ne risquait rien une fois enfermé entre quatre murs, il était heureux. Mais à la longue, la maison s’écroula. Il éleva la voix en pleurant : « Ô mon espace ! Où es-tu parti ? Hélas ! il est perdu ». Alors il creusa un puits et estima qu’à l’intérieur l’espace était protégé. Le puits aussi finit par se perdre. Tour à tour il construisit une pot, une fosse et aussi un petit bosquet planté de quatre buissons. Ces arbres périrent en peu de temps, laissant dans le malheur l’homme qui était le jouet de l’illusion ».
« L’attachement est l’esclavage de l’homme. Il disparaît lors de l’élimination de l’ego ». (Ramana Maharshi, entretien 317).
« Le détachement est la maîtrise de l’absence de désir pour les objets vus et entendus » (1. 15, Yoga-sûtra de Patanjali).
Ainsi cet homme était prisonnier de l’ego. « Il prend naissance comme le mouvement au sein du vent. Sa Réalité est Brahman [le Soi].
Ignorant cela, le sentiment de l’ego considère l’espace et l’entoure comme lui-même ainsi que comme son bien [ce qui firent exactement les Hébreux en leur temps…]. Il s’identifie ainsi avec le corps, [et donc aussi à la politique si à la mode de chez nous], etc., qu’il désire protéger. Le corps, etc., existe et périt au bout d’un certain temps. Du fait de cette illusion, le sentiment de l’ego s’afflige à maintes reprises, pensant que le Soi est mort et perdu. Quand le pot, etc., est perdu, l’espace n’en est nullement perdu. Semblablement, quand les corps sont perdus, le Soi n’en est pas affecté. Ô Râma, le Soi est pure Conscience, encore plus subtile que l’espace. Il n’est jamais détruit.
IL EST NON NÉ. Il ne périt pas. Et c’est le Brahman infini qui seul brille en tant que cette apparence du monde. Sachant Cela, sois à jamais heureux », dit Vasistha à Râma.
L’être humain ignorant divise à n’en plus finir : « Si l’on pense qu’un bracelet en Or est un bracelet, on a assurément affaire à un bracelet et pas à l’Or [même en pensant à la
« valeur » on ne pense pas à l’Or, car cette
« valeur » est une opinion] ».
« Si l’on s’aperçoit que le bracelet ne diffère en rien de l’Or, on dit de la compréhension qu’elle est non modifiée (
nirvikalpa (3)). Qui s’attache au jaillissement d’étincelles ne se rend pas compte que ce n’est que du feu. […] S’il voit que les étincelles ne sont que du feu et ne diffèrent en rien d’icelui, il voit seulement du feu et on dit de sa compréhension qu’elle est non modifiée (
nirvikalpa).
Qui est ainsi établi en
nirvikalpa est assurément un grand être. Sa compréhension ne diminue pas. Il est parvenu à ce qui mérite d’être atteint. Son cœur ne s’empêtre pas dans le filet des objets.
En conséquence, abandonne cette perception de la diversité ou opiniofication et demeure établi dans la Conscience.
Tout ce que le Soi considère est matérialisé du fait du pouvoir inhérent à la conscience.
Cette pensée matérialisée brille ensuite comme si elle était indépendante [ce qui va donner à la Renaissance le phénomène « humanisme »] ! Ainsi, tout ce que le mental - qui est doté de la faculté de penser - envisage se matérialise sur le champ. C’est l’origine de la diversité. Voilà pourquoi cette apparence du monde n’est ni réelle ni irréelle.
”De même que les êtres doués de conscience créent et connaissent divers objets dans leurs propres rêveries, cette apparence du monde est la rêverie de Brahman” (YV VI, 1-114). Quand elle est comprise en tant que Brahman, alors l’apparence du monde est dissoute - ou, du point de vue absolue, ce monde est inexistant. Brahman demeure en tant que Brahman et Il ne crée pas une chose qui n’existait pas déjà ! », explique Vasistha.
« Ô Râma, sache que tout ce que tu fais n’est jamais que pure Conscience. Seul Brahman est manifeste ici en tant que tout Cela, car rien d’autre n’existe. Il n’y a pas d’espace disponible pour « ceci » et « l’autre ».
Par conséquent, abandonne même les concepts de libération et de servitude. Demeure dans le pur état sans ego ».
À suivre…
[Voyage en cette dimension en compagnie de Vasistha (ou Vasishtha), un des grands Sages de l’ère du
manvantara. Énorme merci à son traducteur le Swami Venkatesananda (1921-1982). Hymnes composés par Vasishtha dédiés à Agni (Igné-Inné…)]
Notes.
1.CORRUPTION/SATURNE/RENONCEMENT [RENOIERIE] /DIGESTION/ABANDON.
Faire acte de renoncement à l’opinion, à son intelligence. Laisser un grand repos à son intelligence ; la LAISSER DIGÉRER.
LACHER PRISE/FLUIDE/COULER/COLON.
RENONCEMENT [RENOIER) [NOIER] [NIER] : TUER, NOYER.
C’est sûrement à rapprocher de l’expression
« la mort dans l’Âme » ; et l’on n’est pas loin du NOIR de qui découle la BLANCHEUR, puis la ROUGEUR. BLANC + ROUGE = ROSE ou OR (Pommier…).
Dans le sens Annonciation ou suspendre un temps, la Putréfaction est comme un SILENCE, comme une sorte de SEPT :
BLANC potentiel, et aussi jour de repos, INSTANT (suspension du temps qui coule).
- Dans la Fermentation le corps change de Nature.
- Dans la Putréfaction le corps échange ses vêtements.
C’est donc la phase qui suit la Fermentation. Les microbes (les vers ne sont pas loin eux aussi) prennent la succession des enzymes pour
décomposer/dé-former la Matière, la réduire en poussière. C’est le CHAUD + L’HUMIDE.
Symboliquement cela représente la Mort de la Matière, condition nécessaire de son passage à un état supérieur (ce qui n’a rien à voir avec le chaos actuel sournoisement organisé pour pratiquer une
tabula rasa mondialiste [
ordo ab chaos] et tout réorganiser selon l’opinion ou ego-égrégore du sommet de la pyramide. L’ordre pensé par l’humain n’est que désordre, car toute chose naturellement s’ordonne d’elle même selon ce qu’elle EST, Sans Pourquoi, donc sans déviation. De plus, en ces temps soi-disant de
« paix » mondiale, rien ne signale l’état d’extrême urgence du DANGER pour tous les Terriens, même pas l’Internet !…).
Par Putréfaction, la Nature se convertit et change de Forme, et nul changement ni mutation ne se peut faire d’aucune chose qui soit au monde que par Putréfaction.
C’est l’Eau mystique des Philosophes, qui est vile en toutes choses, et sans laquelle rien ne s’engendre.
Comment faire la Pierre ? Réponse : Putréfie ! (D’après
La Clef du Secret des Secrets, de Nicolas Valois).
« L’homme doit mourir avant que le Saint puisse naître ». (
Isis Dévoilée. Vol.2, page 355. H.P. Blavatsky).
2.
Sattva : existence, être, une des trois qualités originelles (
guna), représentés par le BLANC, pureté et Blanc de l’Instant.
« De son activité originelle sublime (la vibration primordiale) résulte la lumière réfléchie de
sattva ; de là découle l’ego rajasique ; puis des formes de pensée tamasiques, connues communément sous le nom de connaissance, ou comme la lumière qui traverse une lentille grossissante… » (
Ramana Maharshi, entretien 323).
3.
Nirvikalpa : Nirvikalpa-Samadhi : stade le plus élevé de
samadhi [contemplation totale] dans lequel l’âme perd toute sensation de séparation d’avec le Soi universel, mais en état temporaire, car il y a encore retour à la conscience de l’ego. À l’entretien 54, le Maharshi explique qu’on devrait être naturellement en état de
samadhi, en son état originel,
au sein de n’importe quel environnement.
En sahaja (intuition), le mental s’est fondu dans le Soi et a disparu (entretien 187).
À l’entretien 286 le Maharshi explique que l’ego à l’état pur est expérimenté entre deux états ou deux pensées (donc comme une intuition). « L’ego ressemble à une chenille qui ne quitte une feuille qu’après en avoir saisi une autre. Mais sa véritable nature ne peut être trouvée que lorsqu’il n’est pas en contact avec des objets ou pensées [comme pour voir, ne jamais pointer ou posséder l’objet par le sujet-yeux, mais déporter son regard à côté…]. Saisissez cet intervalle avec la conviction acquise par l’étude de l
’avasthâ-traya (les trois états de la conscience : rêve, veille, sommeil profond) ».