Serguei Obraztsov
 

Ecrit par Sechy, le 04-02-2009 20:45

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Publié dans : Marionnettes, Théâtre de Marionnettes

Tags : Marionnettes, Russie, Sergey Obrastsov, Théâtre

 
Serguei Obraztsov
Сергей Владимирович Образцов


L’écrivain, l’architecte, le peintre, le sculpteur vivent dans leur œuvre plus longtemps qu’ils ne vivent réellement eux-mêmes. L’artiste de théâtre et celui des concerts ne connaissent rien de pareil. Ils ne vivent pas « pour l’avenir ». Ils vivent pour un moment donné. Les acteurs de cinéma sont dans une position différente.
(Serguei Obraztsov)

Cette page parle non seulement du métier de marionnettiste par le maître Obraztsov, mais aussi du métier d’acteur, car l’art du marionnettiste ne saurait être séparé de celui de l’acteur ; ainsi nous pourrons peut-être mieux apprécier les comédiens de dramas japonais et d’autres pays.
Sur la photo ci-dessus on peut voir Serguei Obraztsov et sa marionnette, le bébé Tiapa : « Tiapa ! il faut dormir »
 
Sergey Vladimirovich Obraztsov (1901-1992) était un russe maître de la marionnette qui a élevé le théâtre de marionnettes au niveau de l’art. De nombreux théâtres dans le monde monde doivent leur création sous l'influence de Obraztsov. Sa collection de marionnettes exotiques a été la plus importante en Russie, et l'une des plus importants au monde.

Obraztsov est né le 22 Juin 1901 à Moscou dans une famille dont la mère était professeur de Russe et le père ingénieur des ponts et chaussées. Il a eu un frère. Entre 1922 et 1931, il a travaillé avec Vladimir Nemirovich-Danchenko dans le Théâtre d'Art de Moscou et l'un de ses studios d'acteur. Au cours de cette période, il a organisé plusieurs vaudeville dans le style des spectacles de marionnettes, avant la création du Théâtre de marionnettes de Moscou en 1931.

Au cours de ses nombreuses tournées à l'étranger, il a contribué à populariser l’art de la marionnette aux États-Unis, dans la Grande-Bretagne et d'autres pays dont la France (années 1960 à Paris). Un de ses spectacles les plus connus, An Unusual Concert (1946), satire d'artistes en peine. Dans son théâtre, Obraztsov a souvent montré ses mains nues à la place des marionnettes.

Sergey Obrastsov est aussi auteur d'une autobiographie (le livre MON MÉTIER) et d'une monographie sur le théâtre de marionnettes chinois. Il a reçu le Prix d'État de l'URSS en 1946, et a été nommé Artiste du peuple de l'URSS en 1952 et héros du travail socialiste en 1971. Obraztsov est décédé le 8 Mars 1992 et a été enterré dans le cimetière de Novodievitchi.

En Septembre 2001, le Théâtre Sergey Obraztsov a organisé une semaine de célébration du centenaire de sa naissance, qui comprenait un éventail international des artistes interprètes ou exécutants. (Résumé en partie d’après le Wikipedia anglais)
 
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Et si je suis la plus utile, c'est que sans cesse je signe
 
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Il puisait également, des deux mains, où il pouvait
 
- Qu’est-ce qui est le plus important, l’essentiel dans l’art ? Le plus important est de voir. Voir autour de soi la vie dans toutes ses manifestations : discerner dans la vie non seulement ce qui est important, mais aussi ce qui peut sembler secondaire et comme fortuit. Il faut savoir « enregistrer » tout ce qu’on voit pour en comprendre la signification et la relation des grandes et des petites choses, savoir dégager le grand qu’on trouve parfois dans le petit et inversement le petit dans le grand.
(Serguei Obraztsov)
 
Serguei Obraztsov, d’après son livre en édition en langue française : MON MÉTIER, traduction de O. Volkov.
- « Mon métier, c’est le théâtre de poupées ».

Ensuite Serguei Obraztsov explique qu’il a appris la peinture avant d’assumer la direction d’un théâtre de poupées. Il a aussi été pendant quatorze ans acteur, d’abord dans un théâtre lyrique, ensuite dans un théâtre dramatique.
Serguei Obraztsov explique que ses parents n’avait aucun lien avec l’art : sa mère était professeur de Russe, son père ingénieur des ponts et chaussées. Ses parents aimaient beaucoup l’art, et leur chanteur favori était Fédor Chaliapine.

Obraztsov a œuvré dans l’influence de Constantin Stanislavski, Stéphan Kouznétsov, Ermolova ou bien Komossarjevskaïa.
 
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Camarades ! Il est  temps d'en finir avec ces
sournoises petites théories sottes et nuisibles...
 
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Je vous propose, camarades...
 
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Euh, euh...
 
Serguei Obraztsov eut son enfance bercée par les récits de contes d’Afanassiev, des frères Grimm, d’Andersen que lui racontait de mémoire son père. Il a même connu l’Illiade et l’Odyssée racontées par son père bien avant d’avoir lu Homère. De plus, ses parents et lui chantait en chœur, car ses parents avait l’oreille très juste.

A l’âge ou beaucoup de garçons veulent devenir pompier ou aviateur, Serguei Obraztsov à quatre ans veut devenir peintre. Et a dix ans il a commencé a étudier le dessin avec un professeur.

- La peinture m’apprenait à jouir de la possibilité de fixer sur la toile ou sur le papier les images du monde ambiant, de les « saisir » et les  faire « miennes ».

- « J’ai étudié l’anatomie et compris le mécanisme et la plastique du corps humain ; j’ai modelé l’argile et appris à me représenter le mouvement des volumes dans l’espace. A la faculté de gravure et de dessin j’ai étudié l’eau-forte, la gravure sur bois et sur linoléum, la lithographie. J’ai commencé à aimer l’odeur des couleurs, du bois, de la colle. J’ai commencé à aimer l’espace, à reproduire la couleur. J’ai commencé à aimer le monde des choses. Un metteur en scène de théâtre de marionnettes, où l’image est matérialisée au maximum (image condensée, symbolisée), est tenu de penser matériel, facture, volume et centimètre et mètre ».
 
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Au bord de la banquise, un soir, tu t'en souviens !
 
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Reviens sur la banquise, il fait si froid sans toi !
 
Tous les enfants sans exception et dès leur plus jeune âge, sont bons acteurs.

C’est d’ailleurs ce qui qualifie le merveilleux et redoutable pouvoir de l’imagination que beaucoup perdent à l’âge dit adulte.

« Admirez-moi ! »
Je pense comme Obraztsov que pour le comédien le jeu est primordial, mais que si un scrupule de vanité vient à tomber sur le comédien, ce sera catastrophique.
C’est exactement la même chose que lorsque je peins une aquarelle, et que je me dis que ça va être sensationnelle, et toujours c’est le contraire qui se produit.
Stanislavski a beaucoup écrit sur la vanité, et il explique qu’il faut aimer l’art en soi-même et non son ego ou soi-même dans l’art, ce n’est pas si évident à pratiquer... En deux mots, il faut être SINCÈRE et faire le VIDE. Entrer dans la peau du personnage pour un comédien, entrer dans la matière d’un paysage ou d’un vase que l’on peint. Cependant en comédie, et en accord avec Stanislavsky, je crois qu’il faut savoir se jouer soi-même mais dans des circonstances données, ce qui demande une grande concentration ou beaucoup d’énergie. (J’en ai fais l’expérience).
Comme pour peindre un paysage ou une nature morte, il y a un accord, tout est vibrations, aussi quand on joue la comédie, à moins d’avoir un long monologue seul sur une scène, on doit être attentif à ses partenaires comédiens, cela forme un ENSEMBLE, si on joue en prenant d’abord ses partenaires comédiens pour spectateurs, ce sera la catastrophe... En scène, avec les autres comédiens, il faut être nu, comme ignorant tout du métier de comédien, il faut faire le vide, comme au commencement de quelque chose, il faut penser à la vérité du personnage que l’on joue, à ses sentiments. Voir plus bas le paradoxe de la re création sur la scène. (D’après les conseils de Obraztsov, Ksénia Ivanovna Kotloubaï, et Michel Weinstadt élève de Michel Bouquet au Conservatoire d’Art Dramatique)
 
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Soirée décisive
 
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Serai-je amant ou non ?
 
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Il fait sombre, personne ne nous verra.
 
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Je me penche en effet
 
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En effet, et, penché, je lui dis, tel un bon père
 
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L'Amour est un abîme - Je vous prie :
Éloignez-vous,
Éloignez-vous - Je vous prie
 
C’est avec ses moyens physiques que le comédien crée son image scénique. Et il y a échange permanent avec le spectateur dans la salle. L’acteur et le public forment un ENSEMBLE.

Serguei Obraztsov a connu le montreur de marionnettes à gaine Ivan Afinoguénovitch Zaïtsev, qui a débuté sa vie professionnelle dans le cirque à l’âge de sept ans, où il fit son apprentissage dans tous les genres : « enfant de caoutchouc », acrobate, bateleur, saltimbanque, clown, ventriloque, etc. Il fut le premier montreur de marionnettes qui fut distingué d’une médaille d’artiste émérite, et il fut le dernier artiste du théâtre forain russe. Il est mort en 1936, après avoir fait des milliers de kilomètres en traînant son castelet et avec son orgue de barbarie de 15 kg sur le dos. A la fin du régime des tsars, les forains vivaient dans une grande misère.
 
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Nous étions tous deux au bord des flots
 
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Et alors
 
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Je ne t'ai rien dit
 
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Et des larmes jaillirent de tes yeux
 
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Je me penchai vers toi en sanglotant désespérement
 
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Ah, pourquoi ne t'ai-je alors rien dit ?
 
Serguei Obraztsov au cours de ses représentations à l’étranger à connu le théâtre Remo Bufano à New York. A Prague il a connu le marionnettiste tchèque Joseph Skupa.

Paradoxe : seul en scène, même avec ses partenaires.
Lors de la représentation en public, l’acteur est seul sur scène : les dix ou quinze minutes qui lui sont assignées par le rôle appartiennent à lui seul, il est seul responsable pour chaque fraction de seconde qu’il passe devant le public. Les yeux de tous les spectateurs sont tournés vers lui et ils n’ont d’oreilles que pour sa voix. Personne ne peut lui venir en aide. Il n’y a ni partenaires, ni décors. Ses minutes sont encore plus remplies et ses nerfs en sont encore plus tendus. Comme rien n’est pareil d’instant en instant, le spectacle est toujours différent puisque le public change de représentation en représentation.

- « Je ne sais pas combien de temps il me reste encore à produire mes poupées. je ne sais pas quand vont s’user mes capacités d’acteur et quand mon métier d’acteur va prendre fin. Tôt ou tard, cela doit arriver, c’est inévitable. Quoique je n’aie pas encore l’intention de prendre congé de l’estrade et d’écrire la nécrologie de mon métier, je veux dire maintenant que je suis heureux d’avoir été un acteur et de m’être produit pendant tant d’années. L’approche de la fin de mon métier ne l’afflige pas. Non seulement parce que j’ai depuis longtemps un second métier, celui de metteur en scène et de directeur de théâtre, mais parce qu’il ne faut pas tirer de conclusions pessimistes sur les caractères propres au métier d’acteur ».

(Parties de textes recueillis et arrangées par M. Roudakoff, d’après le livre de Serguei Obraztsov : Mon métier, traduction de O. Volkov. Les photos proviennent toutes de son livre)
 
 
Ivan Afinoguénovitch Zaïtsev
 
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Pétrouchka, marionnette à fil de I. Zaïtsev
 
 
Si mes rêves pouvaient être réalité...
 
 
 

Dernière mise à jour : 04-02-2009 22:22

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