69 Sixty Nine
 

Ecrit par Sechy, le 11-02-2009 03:43

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Publié dans : Flash sur films, Sommaire films du Japon

Tags : Films, 69 Sixty Nine, Japon, Mai 1968


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69 Sixty Nine
シクスティ・ナイン
 
Travaille, marie-toi, fais des enfants !
(Un professeur d’anglais du héros de 69)
 
 
Film japonais réalisé en 2004 par Lee Sang-il, d’après une nouvelle de Ryu Murakami publiée en 1987, et sur un scénario de Kudo Kankuro.

Le mouvement étudiant de 1968 en France et dans des grandes villes du monde, et l’engagement des États-Unis dans la guerre du Vietnam ont secoué le globe jusqu’au Japon ; et en 1969 à Sasebo, Kensuke (Ken pour les intimes), un étudiant du secondaire, se rebelle contre l’enseignement. La mode où il faut être révolutionnaire, la mode des hippies et le « paradis Katmandou » ou la recherche de spiritualité est encore très présente, et la culture de l’Occident pénètre au Japon. Avec ses camarades, Ken souhaite créer un festival de musique rock mélangé avec du film.
 
L’ambiance débute façon West Side Story (1962) : six étudiants sont comme dans une cage devant le grillage d’un entrepôt militaire de l’armée américaine.
Le plus hardi veut franchir le grillage. Comme pour se donner du courage, il enlève son pull et envoie par dessus le grillage son cartable. Tel est le prologue du film avant un générique marrant en animation, mélangeant des symboles US, les CRS de mai 1968, et « sous les pavées la plage », et Woodstock ; un côté : il faut que jeunesse se passe, avant de prendre un gros bide. J’ai le plaisir de retrouver l’excellent comédien Tsumabuki Satoshi.
 
 
Après ce générique résumant l’ambiance du film, comme une ouverture d’opérette, on retrouve Ken (joué par Tsumabuki Satoshi, que l’on peut voir dans Dororo) qui vente ses exploits de rencontres, donc par volets on passe du présent au passé.

Première fois que je vois un réalisateur cadrer la braguette du jean d’un acteur masculin assis à côté d’une pin-up, avec sûrement un accessoire glissé dans le slip pour accentuer l’effet. C’est pas vraiment de bon goût si je peux dire. Bref on sait qu’il en pince pour le sexe féminin, et non le sexe masculin !
Ces évocations d’un passé jouissif sont châtrées par un enseignant demandant aux étudiants de nettoyer les chiottes ! Mais avant ça  on a encore droit à un désagréable (pour moi) retour vers le passé de Ken... en compagnie, toujours d’une femme, qui le trouve si mignon. Ça ne dure pas longtemps puis qu’on retrouve ensuite le présent et Yamada baptisé Adama (joué par Ando Masanobu), puisque selon des étudiants il ressemble à Adamo !
 
 
Ensuite, et bien je parlais plus haut du goût de Ken pour les femmes, mais Ken s’est aussi essayé auprès des hommes, enfin avec un « mec très gentil »... Je passe sur son explication pour que mon commentaire reste tout public. Mais la bouche ça ne sert pas que pour manger des nouilles instantanées Nissin ! Enfin il pourrait faire attention à ne pas mettre son sexe n’importe où !... surtout qu’il est toujours puceau. Moi je ne trouve pas, mais je ne suis pas le scénariste ! C’est-à-dire que Ken là-dedans est resté le passif. Et souvenez-vous... il n’a toujours pas nettoyé les chiottes, ce que ne manque pas de lui rappeler cet Adamo, pardon Adama.

Beaucoup d’humour et de décontraction dans 69, par exemple Ken et cet Adama, du haut du toit d’un bâtiment de leur lycée, observent à la jumelle un ensemble de filles faire de la gymnastique sur un stade sous la ferme autorité d’une « merde sur une bite », c’est Ken qui le dit ! Ils sont rejoins par les autres copains de Ken et avec un ravitaillement de boissons (deux bouteilles de café au lait). Ils doivent encore avoir échappés à la corvée de chiottes. Ils ont l’air au Paradis du haut de ce poste d’observation, et justement, Ken pense que toutes ces filles sur le stade seraient bien mieux sur une plage en bord de mer. Il donne naissance à sa volonté : sauver ces pauvres filles de 17 ans. Et c’est à partir de ce déclic que l’idée d’un festival de musique lui est soufflée à l’esprit. À coup sûr Ken a entendu parlé de Woodstock, il suit donc la mode de la musique US.
 
 
Là encore le réalisateur chamboule la chronologie, on retourne à l’ambiance West Side Story quand Ken a lancé son cartable dans la base US... mais ses camarades lancent aussi autre chose ! Poursuivit par deux flics à scooter ça les excitent tous follement. Le jeu de Guignol « gendarmes et voleurs » n’est pas loin. Effectivement la séquence est sympa et peut faire rire, comme à Guignol ! Ensuite pour rester dans la rébellion adolescente, on a droit à une séquence poésie avec l’inévitable Arthur Rimbaud, mais le scénariste aurait aussi pu évoquer François Villon, un autre marginal.
 
 
Adama et Rimbaud, pardon Ken échangent des idées pour leur futur festival. Ken veut faire un film, carrément ; et à l’époque ça veut dire filmer sur de la pellicule argentique et en 8 mm, format « lacet de chaussure ». Il lui faut donc une actrice principale. Pour le moment ils se font traiter de « Nouilles de Nagasaki » par un noir qui les course pour l’avoir dérangé en plein travail sexuel ! Après des accrochages avec un prof de gym qui le frappe à trois reprises, et même plus, car c’est le prof frappeur, Ken discute avec peut-être sa « future actrice » qui lui parle de : Shakespeare, Bob Dylan, et Simon & Garfunkel. Sûr que Shakespeare c’est trop ancien, et donc ça fait ringard, ce n’est pas de leur temps.

Ken a un père bizarre, ancien prof de dessin : il fait un tableau à la peinture à l’huile et se sert de la patte de son chat comme d’un pinceau ! Je me demande comment le chat ne l’a pas encore griffé.
 
 
Par la suite il y a quelques séquences avec jeux coquins, décrivant bien les bêtises que l’on peut faire à l’âge du lycée. C’est marrant, la référence cinématographique de Ken, mais probablement de Ryu Murakami, l’auteur de la nouvelle sur lequel repose 69, est Jean-Luc Godard. Pour Ken un film c’est : de la tragédie, du cœur, du sexe ; la vie quoi, comme écrivait François Truffaut. Malheureusement le type qui doit prêter la caméra de film 8 mm ne comprend le cinéma que lorsqu’il y a lutte (sens de lutter pour, pour tout). Bizarre.

Pour le nom du groupe de rock, Ken a trouvé : Basara, et d’après lui c’est le « nom érotique de l’autre monde » en sanscrit. Quand on consulte le Wikipédia, même s’il comporte des erreurs, Basara fait référence entre autres à un manga. Ensuite ils préparent un coup dans le lycée, quelque chose de révolutionnaire, puisque c’est à la mode à leur époque ; chez nous ce qui est à la mode au début des années 2000 c’est le terrorisme ! Donc pour la petite bande de Ken, pas question de se courser dans les dortoirs des filles pour se rincer l’œil. Seulement voilà, il y a « l’odeur des filles », et tel le loup d’un dessin animée à la Tex Avery, la petite bande à Ken ne peut y résister.
 
 
Pour illustrer cet odeur, on a droit à un plan onirique un peu vulgaire et inutile. Enfin leur travail peut commencer : le tag (graffiti). Ça devait être déjà répandu dans les années 1960, mais certainement pas jusque dans les lycées, surtout au Japon.
Mais étant allé à Pompéi en Italie, dans l’ancienne ville ruinée par l’éruption du Vésuve, j’ai vu plusieurs tags de cette époque, alors nous n’avons rien inventé au 20è et 21è siècle. Et les peintures préhistoriques avec des traces de mains colorées sur les parois de grottes !
 
 
Si faire des tags sur les murs et des carreaux du lycée c’est être « révolutionnaire », le journaliste qui a lancé sa chaussure sur l’ex président des États-Unis : G.W. Bush est un hyper révolutionnaire ! Mais dommage que Bush ait évité la chaussure. Ça équivaut à un mauvais comédien qui sur scène se prend une tomate ou un poireau en pleine figure.
Par rapport à 1969, les motifs poussant a se révolter sont nettement plus nombreux : la pauvreté, la mal bouffe, l’économie en déroute, etc...
Évidemment cette séquence genre révolte contre les écoles de Jules Ferry : « foutez le feu aux cahiers et la maîtresse au milieu » est drôle, existante. Et justement, il y en a un qui est pris de chiasse, Ken lui indique d’aller déposer sa merde sur le bureau du directeur, qui est à deux mètres ! Effectivement, quand sa sort, c’est très liquide...
 
 
Il y a un côté Rabelaisien là-dedans que les Japonais ont sut conserver, alors qu’en Occident, ont trouverait ça vulgaire et déplacé. Non, ici on nous montre la vie toute crue en une comédie proche des fêtes du Moyen-Âge.
Ainsi nous avons assisté dans cette séquence de la « Barricade du lycée », c’est ce qu’annonce au téléphone Ken à son correspondant d’un journal local. Le lendemain matin la tête des élèves et des profs devant leur lycée fait peine à voir. Ils peuvent s’estimer heureux que Ken et sa petite bande n’aient pas poussée leur « révolution » jusqu’à mettre le feu au lycée.
Hélas pour Ken, il est convoqué par la police, certains de sa petite bande auraient « parlé », sous la menace ?... Non, ce sont les taches de peinture sur les vêtements qui ont parlé. Non, même plus grave, ils l’ont trahi ? Difficile a démêler tout ça car la séquence mélange habillement plans oniriques et réalité. L’inspecteur de police demande à Ken s’il veut devenir clochard, drôle mais louche association d’idée par rapport au lycée... Il essaye de faire peur à Ken, cette peur qui ronge le monde, donc on assure sur tout et n’importe quoi... En attendant, le festival de Ken est mal né !
 
 
Évidemment, tout est possible, surtout les conneries, comme voler, mais ne vous faites pas prendre ! sinon, il faut savoir en payer les conséquences dans ce monde de causes et effets. C’est un peu ce que dit son père à Ken. Et Ken se met à pleurer, ça la fout mal pour un révolutionnaire. Résultat de ce que Ken doit payer : l’exclusion du lycée. Après ça ? c’est les vacances il glandouille ! La suite du film oscille entre comique, théâtre, onirisme et comédie, rencontre avec une autre bande, tout cela me rappel un peu Takashi Miike, aussi bien dans l’atmosphère que dans le découpage technique. Un petit côté russe aussi. Et ça tourne à ce que j’écrivais plus haut : les cahiers au feu et la maîtresse au milieu ; c’est-à-dire que si le directeur vire tous les élèves qui se révoltent, il n’y en aura plus un seul dans le lycée, et tout ça sur une chanson : « J’ai sorti mon zizi, et partout j’ai fait pipi... Oh, mon zizi. Oh, il fait pipi... ».
Pour terminer, regardez une des captures d’écran pour savoir si le festival de Ken a eu lieu...

Trois étoiles pour ce film charmant et léger, bien oriental, original et distrayant. Hélas, pour moi la fin est ratée !

Michel Roudakoff
 
 
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Dernière mise à jour : 11-02-2009 04:22

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