« Dis-moi, Shubhûti : le Tathâgata [l’éveillé, l’Ainsi Allé au sens du Gate gate pâragate pârasamgate bodhi svâhâ (Allé, allé, allé au-delà, allé complètement au-delà, l’Éveil ainsi)] est-il doté d’un oeil de chair ?
- Oui, répondit Subhûti, le Tathâgata est bien doté de l’oeil de chair.
- Dis-moi, Subhûti, le Tathâgata possède-t-il l’oeil divin ?
- Oui, répondit Subhûti, le Tathâgata possède l’oeil divin.
- Dis-moi, Subhûti, le Tathâgata possède-t-il l’oeil de la Connaissance suprême ?
- Oui, répondit Subhûti, le Tathâgata possède l’oeil de la Connaissance suprême.
- Dis-moi, Subhûti, le Tathâgata possède-t-il l’oeil du Dharma [peut désigner la Réalité] ?
- Oui, répondit Subhûti, le Tathâgata possède l’oeil du Dharma.
- Dis-moi, Subhûti, le Tathâgata possède-t-il l’oeil de Bouddha ?
- Oui, répondit Subhûti, le Tathâgata possède l’oeil de Bouddha.
- Alors, Subhûti, poursuit le Bienheureux, dis-moi : s’il y avait autant de Ganges que de grains de sable dans le Gange, et s’il y avait autant de mondes que de grains de sable dans tous les Ganges, ces mondes seraient-ils nombreux ?
- Oui, Bienheureux, ils seraient nombreux.
- Ô Subhûti, aussi nombreux que soient les êtres animés dans tous ces mondes, je connais parfaitement et distinctement dans ma sagesse le continuum de pensée de chacun de ces êtres. Comment cela se peut-il ? Eh bien, Subhûti, ce qu’on appelle ”continuum de pensée”, véritable continuum de pensée, le Tathâgata l’a déclaré n’être pas un continuum de pensée. Voilà pourquoi on l’appelle continuum de pensée. Pour quelle raison ? Parce que, Subhûti, la pensée passée n’est pas saisissable, pas plus que la pensée future, et la pensée qui surgit au présent ne l’est pas davantage ».
(Instant, Fractale, dans le Soûtra du Diamant 18. Trad. Philippe Cornu et Patrick Carré).
SAISIR la pensée s’appelle « opinion ».

Bienveillance ou Renoncement-Putréfaction.

« Fils des bouddhas, l’esprit chargé de cette profondeur, le bodhisattva [l’Éveillé authentique et parfait] obéit à une telle grande compassion et à une telle grande bienveillance qu’il demeure dans la première terre sans plus être avare de quoi que ce soit et, en quête de la suprême sagesse des bouddhas, il s’exerce au Grand Renoncement.
Il peut faire l’aumône de tout ce qu’il possède, de ses greniers débordants de grains et d’autre richesse, de tout l’or qu’il détient, l’argent, les joyaux magique, les perles, le lapis-lazuli, le jade, le corail et les cauris, de toutes les guirlandes de joyaux dont il se pare, de ses éléphants, ses chevaux et ses chars, de ses serviteurs, ses sujets, sa ville ou son village, de ses parcs et ses belvédères, de ses épouses principales et secondaires, de ses fils et de ses filles, de sa famille proche et éloignée, ainsi que de tout ce à quoi il accorde une valeur comme sa propre tête, ses yeux, ses mains, ses jambes, son sang, sa chair, ses os, sa moelle ou n’importe quelle partie de son corps : de tout cela il se départit sans regret pour la quête de l’immense sagesse des bouddhas. Voilà ce qu’on appelle ”accomplissement du Grand Renoncement propre au bodhisattva établi dans le première terre” ». (Soûtra des Dix Terres, Dashabhûmika 21, trad. Patrick Carré. Soûtra de tous les possibles sans limites dans la Sagesse Primordiale, hors de l’HOTC [Histoire-Opinions-Temps qui Coule] qui limite et qui juge à l’aide de f(r)ictions discriminantes qui prolifèrent à l’infini selon le mythe de l’évolutionnisme et de sa ”mise en valeur du temps” et du stockage dans l’inconscient collectif et conventionnel par l’ego tueur).

Le monde actuel est prisonnier de cette conception linéaire du temps, sa ”mise en valeur” en une ”flèche” dans la géométrie euclidienne de la ligne droite et nécessairement dans la dialectique de l’HOTC qui existe illusoirement et qui ne contient pas en lui-même son « sens ». L’HOTC est en « voyage » entre l’Alpha et Oméga en un pont de perpétuité que chaque Instant réalise et rejette en arrière, comme attacher À LA VALEUR d’un Instant qui passe à un autre Instant qui passe également. Alors ils NE BOUCLENT PAS SUR LE SOI, ILS N’ACCOMPLISSENT PAS LE TRIANGLE, première figure fermée et premier cycle ou première terre. Ils ne connaissent pas la leur Vraie Nature le « Je suis ce JE SUIS », à la fois Alpha et Oméga dans un non commencement et dans une non-fin-faim ou a-pesanteur.
Sur cette première terre les activités de Vraie Création n’ont pas de fin et sur la dixième terre se trouvent autant de mérites que le Mont Mérou. Sur la Terre radieuse Nous nous écartons à jamais de l’inconscient collectif et de son « langage humain » qui fait tourner le monde au chaos, non seulement la planète Terre, mais aussi TOUT LE COSMOS… (Soûtra des Dix Terres).
Les Dix Terres des bodhisattvas ont des noms représentant dix particularités dont elles ne pourront jamais être privées :
- Terre de la Joie suprême : elle forme les grandes prières d’aspiration qui vont en permanence en s’approfondissant.
- Terre Immaculée rejette les cadavres des préceptes violés.
- Terre Radieuse s’écarte de l’inconscient collectif et de ses conventions qui « civilisent » le monde de l’humain.
- Terre des Flammes de la Connaissance a la saveur des bouddhas.
- Terre Invincible produit les innombrables pouvoirs surnaturels et artisanaux que tous les trésors du monde juge les plus précieux.
- Terre de la Présence Manifeste examine la très profonde Vérité de la production interdépendante.
- Terre de Loin-Allée examine toutes choses avec la sagesse de l’Éveil.
- Terre Immobile manifeste l’immensité de toutes les ornementations possibles.
- Terre de Bonne Intelligence apporte une profonde harmonie dans les sens de ”Tout est possible mais Tout n’est pas permis”.
- Terre du Nuage des Enseignements peut accueillir le Zéro Indien de tous les tathâgatas sans jamais se lasser (un nuage est toujours changeant, sans ”constante” ou concept possessif et appelé aussi ”langage”).