Rêves à plusieurs
 

Ecrit par Sechy, le 25-08-2009 18:08

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Tags : Chute, Légendes, Matière, Mystères, Mythes, Rêves, Symboles, Yôkai


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Rêves à plusieurs
 
 
Voir pour le croire, suite, ou de la continuité des rêves de personnes en personnes ; et toujours les croisements !

Tout symbole tient du rêve, et réciproquement.
Comme l’écrit Mircea Eliade dans Mythes, rêves et mystères, toute poésie est un effort pour recréer le langage, en d’autres termes pour abolir le langage courant, de tous les jours, et inventer un nouveau langage, personnel et privé, en dernière instance : secret. Et c’est bien ce qui se passe dans les rêves.

Voici un extrait très intéressant tiré du livre : Mythes, rêves et mystères, de Mircea Eliade, Gallimard 1957.
 
C'est l'histoire du rabbin Eisik, de Cracovie, que l'indianiste Heinrich Zimmer avait déterrée des Khassidischen Bûcher de Martin Buber. Ce pieux rabbin, Eisik de Cracovie, eut un jour un rêve qui lui enjoignait d'aller à Prague : là, sous le grand pont menant au château royal, il découvrirait un trésor caché. Le rêve se reproduisit trois fois, et le rabbin se décida à partir. Arrivé à Prague, il trouva le pont, mais gardé jour et nuit par des sentinelles, Eisik n'osa pas fouiller. En rôdant toujours aux alentours, il attira l'attention du capitaine des gardes ; celui-ci lui demanda aimablement s'il avait perdu quelque chose. Avec simplicité, le rabbin lui raconta son rêve. L'officier éclata de rire : "Vraiment, pauvre homme !", lui dit-il, "Tu as usé tes souliers à accomplir tout ce chemin simplement à cause d'un rêve ? Quelle personne raisonnable croirait à un rêve ?" L'officier, lui aussi, avait entendu une voix en rêve : "Elle me parlait de Cracovie, m'ordonnant d'aller là-bas et de chercher un grand trésor dans la maison d'un rabbin dont le nom était Eisik, Eisik fils de Jekel. Le trésor devait être découvert dans un coin poussiéreux où il était enterré derrière le poêle". Mais l'officier n'ajoutait aucune foi aux voix entendues en rêve : l'officier était une personne raisonnable. La rabbin s'inclina profondément, le remercia et se hâta de rentrer à Cracovie. Il creusa dans le coin abandonné de sa maison et découvrit le trésor qui mit fin à sa misère.

C'est comme les lunettes, on les cherche alors qu'on les a sur le nez !

Cela me fait penser au domaine des inventions. Un chercheur rêve d'une invention d'une façon globale, comme seulement une esquisse d'invention avec des parties manquantes. Et c'est une autre personne, ne connaissant pas ce chercheur et habitant à plusieurs centaines de kilomètres de distance, qui va rêver la suite et l'aboutissement de l'invention du premier chercheur, et la concrétiser. (C'est peut-être ce qui s'est produit à la fin de l'effervescence du 19è siècle en physique, avec la vitesse de la lumière et la relativité de Henri Poincaré. Ces découvertes, ou redécouvertes étaient dans "l'air du temps").
Plus loin, Mircea Eliade écrit des choses se rapprochant du voyage initiatique de Nicolas Flamel à Saint Jacques de Compostelle, le compost !

Mais alors il y a un fait étrange et constant que c'est seulement après un pieux voyage dans une région lointaine, dans un pays étranger, sur une terre nouvelle, que la signification de cette voix intérieure guidant notre recherche pourra se révéler à nous. Et, à ce fait étrange et constant, il s'en ajoute un autre, à savoir que celui qui nous révèle le sens de notre mystérieux voyage intérieur doit être lui-même un étranger, d'une autre croyance et d'une autre race.

Chute dans le temps ou la matière.
Cette chute, véritable éjection du Paradis façon Bible, commence avec la désacralisation du travail, selon Mircea Eliade ; c’est seulement dans les sociétés modernes que l’homme se sent prisonnier de son métier, car il ne peut plus échapper au temps vulgaire, celui qui coule. Et parce qu’il ne peut « tuer » son temps durant les heures du travail - c’est-à-dire alors qu’il jouit de sa véritable identité sociale - s’efforce de « sortir du temps » dans ses heures de loisirs et de consommateur ; d’où le nombre vertigineux de sollicitations diverses et de distractions pour s’a-muser (se priver des muses) inventées par notre civilisation dite moderne. Dans les sociétés traditionnelles où les « distractions » n’existent pas ou presque (quelques jeux de ballon, de cerf-volant), car la « sortie du temps » s’obtient par tout travail responsable.
Désacralisation du travail et mécanisation : perte de liberté ;
seule évasion possible : les distractions et la consommation.

(Mythes, rêves et mystères, de Mircea Eliade, chapitre : Symbolisme religieux, pages 76 - 77)


Autour du mot RÊVE :
(Les mots entre-crochets sont en Français du Moyen-Âge)
[Eve] : eau, proche d'Isis, la source de toute fécondité.
[Endeviner] : devin.
En langue de l'Égypte ancienne :
Le Hiéroglyphe R (air, errer) indique : ce qu'il faut faire, la voie à suivre.
Rswt (Resout) : Rêve.
Rsw (avec un accent sur le S) : se réjouir.
Rs : être éveillé, vigilant.
Rsw : vent du Sud.
En Sumérien :
: aller, venir, guider, conduire.
Ra : déluge, inondation.
 
 

Dernière mise à jour : 25-08-2009 18:44

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