MATIÈRE PREMIÈRE

   
       
  D'après un auteur anonyme, que je soupçonne d’être d’origine arabe, et cité par René Alleau dans " Aspects de l'Alchimie traditionnelle ", voici une possible Matière Première :  
           
   
 

On ne peut saisir ce qui sépare sans être aussitôt séparé de ce qu'on saisit. (Il y a un peu une familiarité avec Monsieur de La Palice, Jacques II de Chabannes, Maréchal de France)

A. Vouloir saisir l'Âme. Il faut d'abord un corps, mais en considérant l'ensemble, on tient ainsi le corps et pas l'Âme !
B. On ne peut pas saisir une lame de métal sans se couper les doigts (ou alors du côté non tranchant !), il faut un manche : on appelle cela un couteau. Mais quand on saisit le couteau, on tient alors le manche et pas la lame !

Aussi, cela dépend du " Monde " de la MANIÈRE de ce que l'on entend par COUTEAU.

C’est la même chose que : « Un âne avec sa musette-mangeoire et une musette-mangeoire avec son âne ». Il y a un âne ou deux ânes ?

Une autre forme de « matière » se retrouve, et plus d’une fois, dans les récits du légendaire Nasr Eddin Hodja, personnage de la tradition du folklore du monde arabo-musulman et qui va même jusqu’en Mongolie. Tout comme le Hodja, le fou non dément est souvent considéré comme un illuminé, comme un « Bienheureux ». La lumière dérangeante qu’il projette sur les choses lui vient d’ailleurs. La raison ne peut « avoir raison » de la matière ! Aussi je plains les physiciens...

Voici une belle analyse de la Matière par le Hodja.
Khadidja a demandé à son mari d’aller au puits chercher de l’eau. Nasr Eddin prend la première cruche qui lui tombe sous la main et se met en devoir de la remplir. Mais il a beau y déverser seau sur seau, elle absorbe toujours le liquide.
Au bout d’un moment, l’épouse s’impatiente :
- Nasr Eddin, dépêche-toi un peu ! Il ne faut pas tout ce temps pour remplir une cruche !
- Je n’aurais jamais cru qu’elle contenait autant, répond le Hodja. J’y ai déjà mis dix seaux !
Khadidja le rejoint au puits, sûre qu’un détail échappe à son mari.
- Regarde donc ! Cette cruche n’a pas de fond. Tu es vraiment stupide !
- Ho, fille de chien ! Stupide toi-même ! C’est au col qu’on sait que la cruche est pleine. Le fond n’a rien à voir là-dedans. (D’après le livre Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja, présenté par J-L. Maunoury, Éditions Phébus Libretto)

CONCLUSION : " Voyez l'ensemble et la partie ". (Un peu comme en dessin).

[Extrait d’un projet de Glossaire, par M. Roudakoff]