Merlin
Quand le royaume repose sur les épaules d'un jeune garçon
et sur un monde d’illusions
La légende arthurienne vu par les anglo-saxons.
Et la médecine homéopathique avant l’heure,
Ou déjà on entrevoit les opérations fluidiques
De positif et de négatif.
« La Magie est une faculté qui a un très grand pouvoir, plein de mystères très relevés, et qui renferme une très profonde connaissance des choses les plus secrètes, leur nature, leur puissance, leur qualité, leur substance, leurs effets, leur différence et leur rapport : d’où elle produit des effets merveilleux par l’union et l’application qu’elle fait des différentes vertus des êtres supérieurs avec celles des inférieurs ; c’est là la véritable science, la philosophie la plus élevée et la plus mystérieuse... » Henri Corneille-Agrippa 1486-1535.
Cette série britannique de BBC One de 2008 est de toute beauté, et n'a rien à voir avec des héroïques fantaisies faiblardes, ou autres histoires américaines de dragons. Le scénario est bien écrit, travaillé et riche d'idée, l'ensemble de chaque épisode se tient, et accroche le spectateur d'un bout à l'autre car on plonge immédiatement dans l’intrigue ; avec bien-sûr et hélas le système scénaristique à la Aristote, mais ça vaut le coup d’œil. Aristote d’ailleurs beaucoup « utilisé » dès le Moyen-Age bien-sûr en logique et en physique, mais surtout hélas en philosophie ; et certain se moque de lui comme Avicenne, et même Albert le Grand le fait descendre de son piédestal. Albert le Grand et Roger Bacon sont les deux importants Alchimistes du Moyen-Age.
Comme savent le faire les anglo-saxons, les trucages, l'image et l'agencement des décors sont soignés, très colorés comme les enluminures. Les costumes s’inspirent parfois de ceux du peintre hollandais Vermeer, tout comme l’éclairage des décors : il faut faire ressortir l’éclairage par la lumière du jour et par les bougies. Le château de Pierrefonds a servit de modèle pour Camelot. Ce qui prend ici ce sont surtout les acteurs, le choix de Colin Morgan est parfait, et son partenaire Richard Wilson ne pouvait que s'additionner pour former un couple : maître et élève touchant, et un échange respectueux entre jeunesse et vieillesse, ce qui manque beaucoup à notre époque. Bravo. Les autres acteurs sont tout aussi bons, mention spéciale pour le roi Uther joué par Anthony Head. Arthur joué par Bradley James fait bien ressortir son arrogance de noble, mais il sait être à l'écoute des autres, ce qui évoque déjà une certaine démocratie avec le : « chez eux, le roi serait souverain, et le peuple serait roi... » de l’écrivain Ossip Senkovski. Mais il faut savoir que le magnétisme de la chevalerie est très très très puissant, comme on s’en apercevra au cours de quelques épisodes, entre Arthur et Merlin notamment. Les chevaliers du Moyen-Age sont comparables aux Cosaques en Russie, mais en équipement plus couteux à cause de l’armure en côte de mailles ou en plaques, de l’épée, du bouclier et du casque, des armes de jet, chevaux de remonte. Le chevalier est un homme d’arme dont on recherche l’aide et la protection. Il défend les opprimés et pourfend les vices de toutes sortes. Dès le 12è siècle, une littérature romanesque s’est développée et valorise ces qualités (Table ronde, Graal), le chevalier « courtois » épris d’absolu, toujours aux pieds des dames, héros d’exploits sportifs ou spirituels. Il incarne en fait toutes les vertus chrétiennes. (D’après le Dictionnaire du Moyen-Age, sous la direction de Claude Gauvard, Alain de Libera, Michel Zink)
La musique toute symphonique bénéficie d’une orchestration comme savent le faire les Américains. Elle est de belle coloration et très classique.
Colin Morgan en Merlin est craquant, facétieux et vif comme un lézard. Son visage avec ses grandes oreilles se démarque du canon en vigueur de la jeunesse de maintenant, et difficile de trouver ce que pouvait être le canon de la jeunesse du 12è siècle !
Merci monsieur Viollet-le-Duc et les banques de Napoléon III pour leur Disneyland d'époque $$$$$ Au moins ils ont fait œuvre de création.
La gravure en bas n'est pas Pierrefonds mais le château de Coucy, restauré par Viollet-le-Duc et hélas détruit par les Allemands en 1917. A quand une restaurant ou plutôt une reconstruction du château de Coucy selon les plans de Viollet-le-Duc. Si j'étais faiseur d'Or, je m'y attellerais... avec la participation des Allemands ! Projet fou, mais quel projet, à l'heure des satellites et autres machines volatiles...
En ce qui concerne la magie qu'utilise Merlin : dans le premier épisode c'est juste de la télékinésie, qu’on pratique d’ailleurs beaucoup dans la série ; mais il existe toutes sortes de magies selon le grand spécialiste Henri Corneille-Agrippa : la magie naturelle, la magie mathématique, la magie vénéfique (science des venins), magie de la géotie (évocation des démons), de la nécromancie (évoquer les morts), de la théurgie (appel des dieux), de la cabale, des illusions et apparitions. H.C. Agrippa ne condamne pas toute la Magie, il voue à l'enfer les actuelles, et ceux de son époque comme : les magiciens, les profanateurs, les charlatans, les cabaleux, les horoscopeurs (Astrologues), les rebouteux, les nécromants.
M. R.
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Dernière mise à jour : 13-04-2010 01:07
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