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Maréchal de France Gilles de Rais - Fin Suggérer par mail
 

Ecrit par Sechy, le 05-05-2010 21:23

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Publié dans : Elementals Yôkai, Élémentals, Divinités, Yôkai

Tags : Alchimie, Argent, Banques, Chamanisme, Crimes, Diable, Enfants, Inquisition, Magie, Martyr, Pouvoir, Religions, Rumeur, Supplice, Temps


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Maréchal de France Gilles de Rais - Fin
 
 
 
 
Fin du procès et exécutions

Toujours en m’inspirant du livre de Jean-Pierre Bayard : Plaidoyer pour Gilles de Rais, qui pour le procès reprend la traduction latine par Ludovico Hernandez (Librairie des curieux, 1921), et avec l’aide du texte de Salomon Reinach (1906), je sens intuitivement un côté fabriqué dans ce procès, comme si tout se voulait trop précis, mais sans aucun naturel, et pour cause : aucune enquête sérieuse, aucune preuve valable, etc... Quelles sont les véritables raisons de cet acharnement sur Gilles de Rais, alors que Jeanne d’Arc est réhabilité, et on en fait même une sainte !
 
« En justice, on a besoin de témoin pour raconter un fait : une personne aura vu un chat blanc, une autre aura vu un coq noir ». M.R.
A notre sinistre époque, n’est plus probante la preuve par l’ADN, par laquelle ne jure plus que la justice française et la course policière au fichage génétique... Alors à l’époque de Gilles de Rais, les preuves ne reposant que sur les « Il y a ouy dire », et les « Et qu’ainsi fut et est vrai » !

Le 17 octobre Eustache Blanchet dépose au tribunal.
Il est prêtre, dans le diocèse de Saint-Malo, âgé de 45 ans, selon ses dires. Il expose exactement le même refrain d’invocations et de pratiques de magie opérative. Comme couplet nous avons droit à des détails sur deux jeunes hommes : « toujours dans la chambre de Gilles » dont l’un s’appelait Perrinet, était « mignonet ou préféré de Gilles ».
Les invocations reviennent beaucoup, je me demande si ce n’est pas une obsession des juges. Même un médecin se laisse prendre au jeux et dit avoir vu un « démon en forme ou apparence de léopard, lequel traversa près de lui en l’évitant... »

Le 17 octobre Etienne Corillaut (Poitou) dépose au tribunal.
Ce jeune homme de 22 ans selon ses dires, serait né dans le diocèse de Luçon. Il est encore question d’ossements (tout desséchés) de 36 ou 46 enfants, brûlé soi-disant en présence de Gilles, de Gilles de Sillé, Henriet, etc.
Il n’y a toujours rien de précis, pas de datation, tout fonctionne par le « Il y a ouy dire », de la société du langage oral.
La déposition de Poitou reprend des descriptions scabreuses d’éjaculation sur le ventre de garçons et de filles, « avec grande délectation, ardeur et concupiscence libidineuse, jusqu’à ce que le sperme s’émit sur leurs ventres ».
Il est aussi question de filles et de garçons suspendus par le cou ! avec des liens, dans sa chambre, où Gilles après les avoir fait descendre les caressait, en « simulant qu’il ne leur ferait pas de mal, mais que c’était pour les empêcher de crier ». Là ça frise le grotesque...
Les enfants auraient été volé parmi « les pauvres allant à l’aumône » ; « quelquefois Gilles choisissait à son plaisir et quelquefois les faisait choisir par Sillé, Henriet et Poutou ».
On pousse le vice à décrire ce qu’aurait fait Gilles : s’asseoir sur le ventre d’enfants dont il aurait ouvert la veine du cou, et se délectant de les voir mourir...

Henriet Griart dépose aussi ce 17 octobre.
Il dit être âgé de 26 ans, originaire de Paris, il était chambrier et serviteur de Gilles de Rais. Il est toujours question d’ossements, toujours desséchés ! et toujours sans date, et tué par qui ?... Ensuite on reprend le refrain du « membre viril » de Gilles, du sperme et du ventre des enfants, avec variantes pour les cuisses... et bien-sûr de la jouissance de Gilles ! ensuite les suspensions des enfants reprennent, etc.


Procédure civile

Elle porte sur l’affaire Le Ferron et la profanation de l’église, et bien-sûr sur le meurtre d’enfants. Selon Jean-Pierre Bayard, « Aucune vérification n’est faite sur les assertions de témoins qui ont tous des propos semblables [Note : couplets et refrains]. Aucune recherche n’est effectuée pour savoir ce que sont devenus ces enfants, s’ils ne sont pas employés ailleurs. Les parents eux-mêmes ne paraissent pas avoir entrepris d’enquêtes ».

Henriet et Poitou se reconnaissent des crimes dont on les accuse. Ils sont condamnés à être pendus et brûlés.
Gilles de Rais fut déclaré « digne de la mort » ! Il sera pendu et brûlé le 26 octobre 1440. Et pratique pour le duc de Bretagne : tous ses biens sont confisqués au profit du duc...

Gilles exprimera le souhait de mourir le premier, afin de servir d’exemple pour Henriet et Poitou, pour leur montrer ce que c’est de « bien mourir », et qu’ils se retrouvent tous les trois au Paradis... Son vœu sera exaucé.
Après la pendaison, le corps de Gilles mit dans les flammes d’un bûcher y fut rapidement retiré, et déposé dans une chasse et porté à l’église des Carmes de Nantes.

Le duc de Bretagne Jean VI meurt à Nantes peu de temps après Gilles : en août 1442. Il emporte dans sa tombe les vraies raisons de la condamnation de Gilles, et ne profitera pas des biens de Gilles.
Avec Charles VII, qui abandonna Jeanne d’Arc et Gilles, mais provoquera la réhabilitation de Jeanne qui de sorcière deviendra sainte ! La politique a des chemins impénétrables... Mais comme pour Gilles de Rais, l’intérêt politique n’est pas directement en jeu, les biens de Gilles ne doivent pas tout de même enrichir le duché de Bretagne, dont l’alliance avec les Anglais reste effective ; ce qui indiquait que le patrimoine de Gilles n’était pas si en miette que cela... Alors Charles VII envisage vers le début de 1443 une réhabilitation de Gilles ; de même que le roi François 1er exprime son opinion sur l’affaire Gilles de Rais, en reconnaissant tous les préjudices portés contre Gilles.

En ce qui concerne les invocations quelles qu’elle soient, de la magie opérative ou évocatoire, dangereuses, non pas pour une quelconque religion, mais dangereuse uniquement pour l’opérateur, je revois à ma page résumant succinctement le drame qui a frappé l’auteur du beau : l’Apparition d’Arsinoë, Pierre Noël de la Houssaye. Manipuler un symbole, une signature emplie de forces inconnues ou cosmiques, est des plus efficaces, en bien ou en mal ; sous réserves de connaître EXACTEMENT la signature !... Chose que peux de personnes peuvent prétendre connaître, à moins d’un don fort rare comme être un astrologue né. Je doute beaucoup que Gilles et ses compagnons, s’ils ont pratiqué la magie évocatoire, aient obtenus quoi que ce soi, même le léopard qui aurait frôlé le médecin venu témoigner, et trop « fausse précision » et hallucination pour être honnête, comme tout le reste des autres témoins ! D’ailleurs dans ce procès d’après la documentation citée, à aucun moment le mot astrologue n’apparait. C’est étonnant, car la pratique alchimique comporte pour un minimum de l'astrologie, voir par exemple le livre d'Armand Barbault : L'Or du millième matin. Au minimum, un jardinier plantera à la Lune montante.

Enfin, comme pour beaucoup de personnes, passées et présentes, je sens, et c’est mon opinion, que Gilles de Rais est innocent d’un quelconque meurtre d’enfant. Comme pour l’affaire Le Ferron, pouvoir et fric (ou OR) perdent n’importe quel humain.

Cette citation de George Orwell laisse songeur, or dans l’affaire de Gilles de Rais, il y entre une bonne part de politique, ou art de manipulation des gens :
« Le langage politique est fait pour rendre les mensonges vraisemblables et les meurtres respectables, et pour donner une apparence de solidité à du vent ».

M.R.
 
 

Dernière mise à jour : 28-04-2011 23:27

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