Le mental est comparable à l'Akasha (Éther). Tout comme il y a des objets dans l'Akasha, il y a des pensées dans le mental. l'Akasha est l'équivalent du mental et les objets l'équivalent des pensées. On ne peut espérer mesurer l'Univers et étudier les phénomènes. C'est impossible. Car les objets sont des créations mentales. [Pour observer l'Univers il faudrait pouvoir en sortir !]
Vouloir les mesurer est comparable à la tentative de mettre le pied sur la tête de sa propre ombre pour l'immobiliser. Plus on avance, et plus l'ombre avance aussi. Il est donc impossible de poser le pied sur la tête de sa propre ombre.
Quand un enfant cherche en vain à attraper la tête de son ombre avec ses mains, sa mère prend pitié de ses efforts inutiles ; elle prend la main de son enfant, la lui pose sur la tête en lui faisant observer à terre la tête de son ombre avec la main dessus. Il en va de même pour l'ignorant qui cherche à étudier l'Univers.
L'Univers n'est qu'un objet créé par le mental et qui a son existence dans le mental. Il ne peut être mesuré comme le serait une entité extérieure. Il faut atteindre le Soi, pour atteindre l'Univers.
Les gens demandent souvent comment contrôler le mental. Je leur réponds : "Montrez-moi le mental et vous saurez ce qu'il faut faire". Le fait est que le mental n'est qu'un faisceau de pensées. Comment voulez-vous le supprimer par la pensée ou par le désir de le faire ? Vos pensées et vos désirs ne sont-ils pas des parties intégrantes du mental ? Par de nouvelles pensées qui s'élèvent, le mental ne fait que s'accroître. Par conséquent, il est stupide de vouloir tuer le mental par le mental. La seule manière de s'y prendre, c'est de trouver sa source et de s'y agripper. Alors, le mental s'affaiblira de lui-même.
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Les sages disent que les objets ne sont que des créations mentales. Ils n'ont pas d'existence substantielle. [Voir le cas des Alchimistes travaillant sur la Matière]
Étudiez la question et vous vous rendrez compte de la véracité de cette affirmation. Vous en conclurez que le monde objectif se trouve dans la conscience subjective.
Ainsi, le Soi est l'unique Réalité qui imprègne et enveloppe toute la manifestation. Et puisqu'il n'y a pas de dualité dans le Soi, aucune pensée ne vient troubler votre paix. C'est la
Réalisation du Soi. Le Soi est éternel et il est toujours réalisé.
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La pratique consiste à se retirer dans le Soi chaque fois qu'une pensée vient déranger votre tranquillité. Il ne s'agit pas de concentration ou de destruction du mental, mais d'un retrait dans le Soi.
Le
dhyana (méditation), la
bhakti (dévotion), le
japa (répétition d'une formule), etc. sont des aides pour maintenir au-dehors la multiplicité des pensées. Une seule pensée prévaut alors, qui finit, elle aussi, par se dissoudre dans le Soi.
L'état de
réalisation du Soi n'est pas descriptible par des mots. Shri Bhagavaân (Maharshi) explique que le mental sans aucune pensée était comparable à deux miroirs clairs, l'un en face de l'autre, n'échangeant entre eux aucun reflet. Cela correspond à la loi des Croisements où au centre se trouve le Point Focal.
(D'après des extraits de l'enseignement 485, du 30 avril 1938)
Personne n'est éloigné du Soi. Chacun est réalisé, chacun est le Soi. Et pourtant, n'est-ce pas un mystère que l'être ignore ce fait fondamental et désire réaliser le Soi ? Cette ignorance provient de l'identification erronée du corps avec le Soi. La
Réalisation consiste donc à de défaire de cette fausse idée que l'on n'est pas réalisé. La
Réalisation n'est pas quelque chose de nouveau à acquérir. Elle doit déjà exister pour pouvoir être permanente. Sinon, aucun effort pour l'atteindre ne vaudrait la peine.
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Finalement, la
Réalisation ne revient qu'à l'élimination de l'ignorance et rien de plus ou de moins.
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Jusqu'à la
Réalisation, il y aura du karma (cause et effet), c'est-à-dire action et réaction ; après la
Réalisation, il n'y aura plus de karma, ni de monde.
(Extraits de l'enseignement 482 et 483, du 30 avril 1938)
Le Soi divin est ainsi exposé dans les vers 1510 à 1514, dans le
Mathnawî de
Djalâl-od-Dîn Rûmî.
Commentaire de :
"Et Il est avec vous,
où que vous soyez"
Revenons à notre récit : quand, en vérité, nous en sommes-nous éloignés ?
Si nous tombons dans l'ignorance, c'est Sa prison, et si nous parvenons à la science, c'est Son palais.
Et si nous nous endormons, nous sommes enivrés par Lui, et si nous nous éveillons, nous sommes dans ses mains ;
Et si nous pleurons, nous sommes un nuage chargé de Sa munificence ; et si nous rions, nous sommes alors Son éclair.
Si nous nous livrons au courroux et à la guerre, c'est là le reflet de Sa puissance ; si nous nous adonnons à la paix et au pardon, c'est le reflet de Son amour.
Qui sommes-nous ? Dans ce monde compliqué, qu'y a-t-il en fait d'autre que Lui, qui est simple comme l'
alif ? [lettre A sans signe diacritique] Rien, rien.
Conseil de Rûmî pour être dans l'instant, le Soi :
N'ouvre pas la bouche pour expliquer ces trois choses : ton départ, ton or, ta religion ;
Car pour ces trois choses il y a un adversaire et un ennemi qui te guette quand il le sait.
Et si tu le dis à une ou deux personnes, adieu ! Chaque secret qui va au-delà des deux (qui le partagent) est publié au loin.
Le mental et le Soi :
Les mots et les noms sont comme des pièges : la parole suave est le sable qui boit l'eau de notre âme.
Le seul sable d'où jaillit l'eau se trouve rarement : va à sa recherche.
Celui qui recherche la sagesse devient une source de sagesse ; il devient indépendant des acquisitions et des moyens.
Ce monde est une prison, et nous en sommes les prisonniers : creuse un trou dans la prison et évade-toi !
Qu'est-ce que ce monde ? C'est être oublieux de Dieu ; ce n'est pas les marchandises, l'argent, les balances et les femmes.
(En haut de page, gravure alchimique représentant l'Azote)