Ci-dessus un court extrait de : La Nuit sur le Mont Chauve, de Alexandre Alexeïeff et Claire Parker (1933)
" C'est en novembre ou au début de décembre 1931 que "l'Idée" de Berthold Bartosch était montré au Studio Raspail. En ce temps-là, Claire Parker et moi méditions sur la manière de construire un écran d'épingles pour faire des films qui mériteraient le titre d'animation de gravure. Je fus donc doublement frappé par le titre entrevu dans "La semaine à Paris" : "Gravures animées de Berthold Bartosch". (Entretien extrait de "Image et Son la revue du cinéma", janvier 1969, à propos d'un hommage à B. Bartosch)
Ainsi c'est Berthold Bartosch qui à servi de catalyseur aux créations futures d'Alexeieff.
Alexandre Alexeïeff et Claire Parker devant l'écran d'épingles
En bas de page on peut voir des captures d’écran du film La Nuit sur le Mont Chauve, réalisé en 1933, avec sa technique de l’écran d’épingles, qui avait été construit en 1931. Ce film de huit minutes a exigé dix-huit mois de travail. Cette technique tout à fait nouvelle à l’époque, démontrait l’effet esthétique qu'elle pouvait produire sur le public. C’est ce qui lui valut d’être applaudi à sa sortie et cité par la suite pendant des décennies dans tous les livres d’histoire du cinéma et du dessin animé.
Voici ce que dit d’Alexeïeff Gianni Rondolino, dans le catalogue de l’exposition qui lui est consacré en 1975 à Annecy :
Une Nuit sur le Mont Chauve exprime une conception révolutionnaire du cinéma : non plus un simple moyen de reproduire les phénomènes réels, mais un outil expressif propre à faire vivre concrètement, visiblement, « réellement » les rêves et les angoisses de l’auteur, ses réminiscences d’un monde perdu et les phantasmes d’une imagination délirante. Soit précisément l’idée qu’avaient du cinéma les surréalistes et les nombreux découvreurs qui, de Man Ray (Retour à la Raison, 1923) à Jean Cocteau (Le sang d’un poète, 1931), avaient constellé le cinéma français des années 20 d’œuvres curieuses, courageuses, provocantes qui, toutes, tendaient à donner à l’art nouveau la dimension onirique. Car quant à l’onirisme (et au freudisme), le film d’Alexeïeff en déborde. Chaque image, chaque séquence renvoie au rêve et au mécanisme des rêves, comme si l’œuvre exigeait une lecture psychanalytique et conduisait uniquement à la compréhension intérieure de l’auteur et de son univers.
Gros plan sur l'écran d'épingles
Alexeïeff et Claire Parker ont aussi réalisé (source partielle : Le dessin animé après Walt Disney, Robert Benayoun, J.-J. Pauvert Éditeur, 1961) :
- En passant (1943) Sur You Tube
- Fumées (1951), tournage en Technicolor pour la firme bruxelloise Van der Elst.
- Masques (1952)
- Nocturne, Pure beauté (tournage en Technicolor), Rimes (1954)
- Le buisson ardent, Sève de la Terre (1955), pour Esso.
- Bain d’X (1956)
- Quatre temps, Cent pour cent (1957)
- Cocinor, Constance, Anonyme (1958)
- L’Eau (1964), pour Evian.
De 1936 à 1939, Alexeïeff réalise une vingtaine de films publicitaires, les uns en France, les autres en Allemagne, et tous selon la technique de l’animation image par image d’objets.
Pendant la seconde guerre mondiale, Alexeïeff et Claire Parker, mariés en 1941, émigrèrent aux États-Unis. C’est à cette période qu’ils construisent un deuxième écran d’épingles, plus grand et plus perfectionné que le premier et comprenant 1 140 000 épingles !
En Passant (1943)
Alexeïeff a été un illustrateur, et il a acquit sa formation d’artiste à Saint-Pétersbourg, là où un professeur de dessin demandait à ses élèves de dessiner « de mémoire et d’imagination » et d’illustrer des textes. Ce qui est parfaitement original, car à cette époque et encore à la mienne (1965), les professeurs de dessins demandaient de dessiner d’après nature ou d’après un plâtre. Personnellement je préfère dessiner d’après nature.
Alexeïeff à illustré Le docteur Jivago, de Boris Pasternak, (Éditions Gallimard, 1959) de plus de 200 illustrations crées sur l’écran d’épingles.
Alexeïeff a laissé une emprunte dans l’art de notre époque, par sa poésie et sa peinture critique de la réalité et de ses problèmes. Robert Benayoun, cité plus haut, a qualifié Alexeïeff de « l’Einstein de l’animation ».
Michel Roudakoff
Une nuit sur le mont Chauve
Le Nez
Dernière mise à jour : 02-08-2008 00:27
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