SACRÉ.
[SACRARE] / *Secret* ce qui est caché est Sacré.
Accomplir un rite quelconque, c’est retrouver le Temps SACRÉ. L’Adepte est dans le Sacré.
Au niveau archaïque de culture, l’être se confond avec le Sacré. Partout dans le monde le symbolisme céleste exprime la sacralité de la transcendance : ce qui est en haut, ce qui est élevé représente le sacré par excellence. Éloigné du mythe et remplacé dans le culte, le Ciel garde une place importante dans le symbolisme.
Pour les civilisations primitives, c’est l’expérience religieuse qui fonde le monde. (D’après
Mircea Eliade).
Mais il y a un CHOIX :
1) Faut-il embrasser complètement et sans retour le Sacré ou :
2) Avoir une attitude : j’embrasse, j’embrasse pas ??
Le Sacré est double, alors CRAINTE ou VÉNÉRATION. Il Attire/Repousse, le Saint est craint, car sa Sagesse vient de ce qui est en haut.
Le labourage, les travaux métallurgiques et miniers, mettaient dans les temps lointains les êtres humains face au Sacré.
Un objet n’est pas simplement lui-même, c’est-à-dire limité, il est *Infini*.
Le marteau sert à enfoncer des clous, mais aussi à une multitude de choses ; il a été tenu par un père, un fils et rappelle ceux-ci. Il rappelle des souvenirs, des situations. Cet objet ne renferme des vertus que parce qu’il incarne, il y a échange entre l’objet et la personne sujet, qui croit à ce qu’elle voit, fait, entend.
Depuis 1789 et jusqu’à l’époque de la Renaissance et même déjà au 13è siècle, le choix de séparer le Sacré du profane s’est perdu. Autrefois la séparation entre Sacré et profane était claire, si claire dans les temps pré-chrétiens.
Il faut tout de même savoir que nous ne savons rien du mode de vie des êtres des temps pré-lithique. Or ils ont vécu pendant quelque cinq cent mille ans sans laisser de traces, ni de leur culture, ni de leur religion. Sur cette période nous ne savons rien de précis.
Le monde est sacré, nous sommes sacré, alors nous serions tous fanatiques ? Le monde est sacré car un « jeu divin ». Oui, c’est Mircea Eliade qui dans :
Mythes Rêves et Mystères évoque cette question de la sacralité du divin ou transparaît le jeu.
Le sacré doit faire peur à BHL car il peut prendre les aspects terribles de la puissance divine : la nullité de la pauvre chétive créature humaine plus chétive que le moindre vermisseau.
Le sacré n’a rien à voir avec l’opinion d’un pauvre humain, et encore moins avec l’opinion de ce philosophiste stupide, non, le sacré se passe de tout langage, surtout humain. On ne peut pas traduire le sacré dans un langage qui par nature sera profane ! Le pauvre langage sera réduit à suggérer tout ce qui dépasse l’expérience naturelle de l’homme par des termes empruntés à cette même expérience naturel ; et c’est ce qui est arrivé à Jean Coulonval et à son expérience du sacré qu’il a essayé de traduire en mots tout au long de son livre,
Synthèse et Temps Nouveaux, sous forme de correspondances avec Aimée Michel, Eugène Ionesco et d’autres personnalités plus ou moins connu de la France des années 1960 début 1970.
Le sacré est une énergie, une force. Cette force est appelée par Mircea Eliade :
HIÉROPHANIE : le sacré qui se montre à nos yeux d’humains.
La manifestation du sacré peut se matérialiser dans un objet quelconque : une pierre, un arbre - jusqu’à la hiérophanie suprême : l’incarnation supposée de Dieu dans Jésus de Nazareth.
Le sacré c’est la manifestation de quelque chose, de toute autre que de la réalité de notre bas monde, d’une réalité qui n’appartient à notre monde profane ; ce qui veut dire aussi qu’il ne faut pas considérer une forme de vie extraterrestre comme « sacré », mais comme manifestation « temporelle ».
Pour un occidental il est difficile d’accepter la possibilité d’une manifestation du sacré dans notre monde spatio-temporel. Il lui est difficile que le sacré puisse se manifester sous des pierres ou dans des arbres par exemple. Mais l’arbre sacré n’est pas adoré en tant qu’arbre, il est adoré parce qu’il est une hiérophanie, parce qu’il montre quelque chose qui n’est plus ni arbre, ni pierre, mais le sacré, le «
ganz andere », comme l’écrit Mircea Eliade. «
Ganz andere » : révélation d’un aspect de la puissance ou énergie divine, ou numineux (volonté divine) se singularisant comme quelque chose de « tout autre » ; de radicalement et totalement différent ne ressemblant à rien d’humain ni cosmique.
Les formes du sacré varient d’un peuple à l’autre, d’une civilisation à l’autre. « Mais le sacré reste toujours le fait paradoxal - c’est-à-dire inintelligible - que le sacré se manifeste et, par conséquent, se limite et cesse d’être absolu », écrit Mircea Eliade.
Le mystère se manifeste dans le fait même que le sacré puisse se manifester, comme par exemple dans la vision inattendue chez Jean Coulonval. En se manifestant, le sacré se limite ainsi : il s’instante ! il entre dans le domaine de la chronologie tueuse, il devient historique ! Mais Dieu ne se limite-il pas en s’aventurant en Avatar en Jésus-Christ ? Si Jésus-Christ se trouva limité, il ne parlait que l’araméen, il n’était plus le Tout-Puissant ; tout comme le sacré se manifestant sous une pierre ou dans un arbre, renonce à sa tout puissance et se limite. S’il y a de grandes différences entre les innombrables hiérophanies, leurs structures et leur dialectique sont toujours les mêmes.
J’écrivais plus haut que le sacré pouvait refléter la crainte, il se compare au FEU, ce feu symbole de pureté : le pur brûle ! Beaucoup de tribus se représentent les pouvoirs magico-religieux comme brûlant, et l’expriment par des termes qui signifient ‘chaleur’, ‘brûlant’, ‘très chaud’, etc. Cela doit être pour cette raison que les sorciers et magiciens boivent de l’eau salée ou pimentée et mangent des plantes extrêmement piquantes : ils veulent augmenter la chaleur intérieure. Quelqu’un qui opère des miracles est appelé « bouillant ». Partout dans le monde les chamans et les sorciers sont réputés « Maîtres du Feu » : ils avalent des charbons brûlants, ils touchent du fer rouge, ils marchent sur des braises, ils ont aussi une grande résistance au froid.