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Premier Ethnocide du monde par les Romains Suggérer par mail
 

Ecrit par Sechy, le 22-01-2014 20:57

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Publié dans : Les News, Dernières news

Tags : Alchimie, Amour, Anarchie, Argent, Banques, Bourgeois, Chaos, Communisme, Chronologie, Démocratie, Diable, Dictature, Dieu, Dragons, Eau, Église, Esprit, Europe, Feu, France, Gaule, Goulag, Gouvernement, Guerre, Homéopathie, Illusion, Inquisition, Internet, Jardin, Justice, Labyrinthe, Laïcité, Libéralisme, Liberté, Maffia, Magie, Médecine, Merde, Métaux, Monarchie, Mondialisme, Morale, Mort, Nature, Opinion, Pagan, Paradis, Peur, Pierre, Politique, Pouvoir, Prisons, Ptah, Pyramides, Religions, République, Révolution, Rire, Robot, Royauté, Russie, Sagesse, Satan, Science, Sécurité, Sexe, Silence, Supplices, Synarchie, Tao, Télépathie, Temps, Terreur, Transformation, Vide, Volonté, Yokaï

 
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Premier Ethnocide du monde par les Romains
contre les Gaulois, ensuite par les rois francs,
ensuite par les Conquistadors
contre les Peuples du Soleil
ou délit de sale gueule.


Démocratie et étatisme = guerre de tous contre tous.
 
Il n’y a pas pire que l’étatisme ou cancer du pouvoir de l’État, que ce soit en monarchie ou en république, l’État peut détruire un individu selon son bon vouloir : voyez l’acharnement étatique sur Dieudonné, voyez l’affaire Philippe El-Shennawy enfermé pour hérésie du Saint Fric pendant 38 ans dans les geôles de l’État ; Saint Fric en liaison directe avec le reste de cette page.
 
 
Dès la découverte, ou plutôt re-découverte de l’Amérique en 1492, la machine de destruction des Indiens démarrait. De nos jours cette machine de destruction fonctionne toujours : au long de la forêt amazonienne envers les dernières tribus « sauvages ». Au cours de ces dernières années, des massacres d’Indiens ont été dénoncés au Brésil, en Colombie, au Paraguay, sans actions de la part des « pays civilisés ».
Le mot « ethnocide » s’applique à la destruction des Peuples du Soleil : Incas, Mayas, Toltèques, etc., car on a cherché à détruire à la fois leur race et leur culture.
 
L’ethnocide assassine la culture (mode de vie et de pensée), le génocide assassine physiquement les peuples : ce qui est le cas de tous les opposants aux révolutions depuis 1789.

Ethnocide et Génocide s’inscrivent dans l’évolutionnisme des religions du salut, ou adamisme : le sois-disant « civilisé » gonflé de son orgueil veut apporter les bienfaits de sa « modernité » aux sauvages en les supprimant ; « il s’agit d’une négation positive, en ce qu’elle veut supprimer l’inférieur en tant qu’inférieur pour le hisser au niveau du supérieur. On supprime l’indianité de l’Indien pour en faire un citoyen brésilien ». C’est toujours la tabula rasa de 1789, de 1917, en Chine de Mao, etc., la liste est longue...
Donc pour l’Occidental se disant « civilisé », « l’ethnocide ne saurait être par suite une entreprise de destruction : il est au contraire une tâche nécessaire, exigée par l’humanisme inscrit au cœur de la culture occidentale ».

DRAME DE L’EGO

OUI, DÉLIT DE SALE GUEULE et SUPRÉMATIE DE L’ÉTATISME,
parce que tous les peuples se considèrent, à juste titre, comme des Humains, et se nomment HOMME. Mais que chaque société désigne systématiquement ses voisins de noms péjoratifs, méprisants, injurieux ; même chez les Anciens Égyptiens pourtant peuple le plus mystique de la Terre. Depuis les 10.000 ans de la voie de l'Agriculture, ce sont les peuples sans étatisme contre l’étatisme.
Tous peuples et donc toutes cultures sont de l’ethnocentrisme, mais seul l’Occident est ethnocidaire (destructeur de pensée des peuples), d’ailleurs le mot Occident veut dire : tombant, et Occire veut dire tuer. Occulté est de la même famille. Occuper aussi : accuser, charger quelqu’un d’un crime (sens du 17è siècle).

Comme déjà écrit l’étatisme c’est le « Petit-Père-des-Peuple », donc le patriarche comme le roi ou le président d’une république : l’État se veut et se proclame le centre de la société, le tout du corps social, le maître absolu des divers organes de ce corps. C’est cela l’étatisme : UN SYSTÈME ; on dit d’ailleurs « le Système ». L’étatisme, c’est la pensée unique puisqu’il a horreur de la différence, c’est une religion monothéiste : l’Un.
L’Occident se considère comme l’Un, ou un État en forme d’Empire voulant réduire la différence et le mouvement, soit voulant réduire la Vie pour ne fabriquer que l’Un Système, donc en inversion de l’Un individuel ou le Soi-Instant. Car l’Un ou Soi-Instant ne peut être que CHACUN DE NOUS, et certainement pas l’État impersonnel.

La Gaule est sous le joug de l’étatisme des Romains, puis des rois francs, puis depuis 1789 du républicanisme. Résultat : langue de l’État le français, donc abolition de toutes les langues régionales ou différentes du pouvoir. Qu’est-ce que la croisade contre les Albigeois, sinon un parfait délit de sale gueule ? En d’autre mots/maux une guerre de religion.
Pour le pouvoir gonflé d’orgueil et croyant détenir « la vérité », la destruction ou ethnocide des Cathares fut un moyen d’extension de la monarchie capétienne et traçant les limites de l’État français. La culture du midi fut condamné et ses habitants devinrent sujet du roi de France.
Évidemment le pire arriva avec la révolution de 1789 et son esprit centraliste jacobin repris plus tard par les Juifs Bolcheviques de Lénine en 1917 en Russie. Ainsi Paris fut le centre de la France et Moscou celui de l’URSS. En France, les provinces territoriales encore plus ou moins autonomes et indépendantes du point de vue culturel : langues, traditions politiques notamment, furent détruites au profit de la naissance du mondialisme ou Nouvel Ordre Mondial avec la géométrie toute franc-maçonnique du découpage de la France en départements, propre à briser toute référence aux détails locaux.
La troisième république - sous l’achèvement de l’industrialisation commencé après 1789 et se poursuivant tout au long du 19è siècle, et sous le grand développement de cette franc-maçonnerie à pouvoir - achève de transformer les paysans en Citoyens ou habitants des cités. 1789 avait bien commencé l’ethnocide, la franc-maçonnerie et sa troisième république l’acheva par l’école obligatoire du maçon Jules Ferry, jouxté avec le service militaire obligatoire. Les Paysans succombèrent pour un long moment, et le « folklore » ne fut entretenu que pour les touristes et la « culture » chère à la république maçonnique !!! Business, business du capitalo-socialisme.  

L’étatisme est du thème RELIGION du salut : sacrifice du métaphysique pour ne garder que l’aspect « commandements de Moïse » : lois morales et politiques, en promettant aux peuples un égalitarisme devant la loi façon Moïse. L’étatisme est donc essentiellement politique et militaire, aucun aspect humain là-dedans puisque chaque individu est une marchandise à codes-barres ; CONSOMMEZ, GUEULEZ AUTANT QUE VOUS VOULEZ MAIS SUIVEZ LES AUTRES.

RAPPEL : L’étatisme le plus extraordinaire fut observé par les Conquistadors espagnols chez les INCAS, ancêtres du socialisme absolu censé apporter le bonheur à chacun : William H. Prescott décrit cet étatisme patriarcal dans Aztèques et Incas : Le gouvernement incas n’offrait rien d’encourageant pour la dignité humaine. Ce qu’avait le peuple était octroyé comme un don et non comme un droit. Donc Incas = renoncement à tout droit ou désir personnel, « même aux droits les plus chers à l’humanité ». Prescott écrit que ce peuple était raffiné à beaucoup d’égards, et son agriculture avait fait de grand progrès. Les Incas, heureux humains ! ne connaissaient pas la monnaie, car il n’y avait rien qui méritait le nom de « propriété ». Donc aucun métier, travail, amusement autres que ceux que la loi avait réglé ! Les Incas ne pouvaient changer d’habits, de résidence qu’avec la permission du gouvernement. « Le pouvoir d’agir librement - droit inestimable et inné de tout être humain - était annulé au Pérou » écrit Prescott. Compas-équerre absolu mène à un étatisme ou totalitarisme absolu !


Ci-dessous, reprise intégrale de l’article de Resistance71

ETHNOCIDE


Par Clastres Pierre dans l’Encyclopædia Universalis France (1999)

Le terme d’ethnocide remonte à la fin des années soixante. Bénéficiant des faveurs passagères de la mode et, plus sûrement, de son aptitude à répondre à une demande, à satisfaire un besoin certain de précision terminologique, l’utilisation du mot a largement et rapidement dépassé son lieu d’origine, l’ethnologie, pour tomber en quelque sorte dans le domaine public. Mais la diffusion accélérée d’un mot assure-t-elle à l’idée qu’il a mission de véhiculer le maintien de la cohérence et de la rigueur souhaitables ? Il n’est pas évident que la compréhension profite de l’extension et qu’en fin de compte on sache de manière parfaitement claire de quoi l’on parle lorsqu’on se réfère à l’ethnocide. Dans l’esprit de ses inventeurs, le mot était assurément destiné à traduire une réalité qu’aucun autre terme n’exprimait. Si l’on a ressenti la nécessité de créer un mot nouveau, c’est qu’il y avait à penser quelque chose de nouveau, ou bien quelque chose d’ancien mais non encore pensé. En d’autres termes, on estimait inadéquat, ou impropre à remplir cette exigence nouvelle, un autre mot, d’usage depuis plus longtemps répandu, celui de génocide. On ne peut par conséquent inaugurer une réflexion sérieuse sur l’idée d’ethnocide sans tenter au préalable de déterminer ce qui distingue le phénomène ainsi désigné de la réalité que nomme le génocide.

Génocide et ethnocide

Créé en 1946 au procès de Nuremberg, le concept juridique de génocide est la prise en compte au plan légal d’un type de criminalité jusque-là inconnu. Plus précisément, il renvoie à la première manifestation dûment enregistrée par la loi de cette criminalité : l’extermination systématique des juifs européens par les nazis allemands. Le délit juridiquement défini de génocide s’enracine donc dans le racisme, il en est le produit logique et, à la limite, nécessaire : un racisme qui se développe librement, comme ce fut le cas dans l’Allemagne nazie, ne peut conduire qu’au génocide. Les guerres coloniales qui se sont succédé depuis 1945 à travers le Tiers Monde ont d’autre part donné lieu à des accusations précises de génocide contre les puissances coloniales. Mais le jeu des relations internationales et l’indifférence relative de l’opinion publique ont empêché l’institution d’un consensus analogue à celui de Nuremberg : il n’y eut jamais de poursuites.

Si le génocide antisémite des nazis fut le premier à être jugé au nom de la loi, il n’était en revanche pas le premier à être perpétré. L’histoire de l’expansion occidentale au XIXe siècle, l’histoire de la constitution d’empires coloniaux par les grandes puissances européennes, est ponctuée de massacres méthodiques de populations autochtones. Néanmoins, par son extension continentale, par l’ampleur de la chute démographique qu’il a provoquée, c’est le génocide dont furent victimes les indigènes américains qui retient le plus l’attention. Dès la découverte de l’Amérique, en 1492, une machine de destruction des Indiens se mit en place. Cette machine continue à fonctionner là où subsistent, au long de la forêt amazonienne, les dernières tribus « sauvages ». Au cours de ces dernières années, des massacres d’Indiens ont été dénoncés au Brésil, en Colombie, au Paraguay. Toujours en vain.

Or, c’est principalement à partir de leur expérience américaine que les ethnologues, et tout particulièrement Robert Jaulin, ont été amenés à formuler le concept d’ethnocide. C’est d’abord à la réalité indienne d’Amérique du Sud que se réfère cette idée. On dispose donc là d’un terrain favorable, si l’on peut dire, à la recherche de la distinction entre génocide et ethnocide, puisque les dernières populations indigènes du continent sont simultanément victimes de ces deux types de criminalité. Si le terme de génocide renvoie à l’idée de « race » et à la volonté d’extermination d’une minorité raciale, celui d’ethnocide fait signe non pas vers la destruction physique des hommes (auquel cas on demeurerait dans la situation génocidaire), mais vers la destruction de leur culture. L’ethnocide, c’est donc la destruction systématique des modes de vie et de pensée de gens différents de ceux qui mènent cette entreprise de destruction. En somme, le génocide assassine les peuples dans leur corps, l’ethnocide les tue dans leur esprit. Dans l’un et l’autre cas, il s’agit bien toujours de la mort, mais d’une mort différente : la suppression physique et immédiate, ce n’est pas l’oppression culturelle aux effets longtemps différés, selon la capacité de résistance de la minorité opprimée. Il n’est pas ici question de choisir entre deux maux le moindre: la réponse est trop évidente, mieux vaut moins de barbarie que plus de barbarie. Cela dit, c’est à la vraie signification de l’ethnocide qu’il s’agit de réfléchir.

Il partage avec le génocide une vision identique de l’Autre : l’Autre, c’est la différence, certes, mais c’est surtout la mauvaise différence. Ces deux attitudes se séparent sur la nature du traitement qu’il faut réserver à la différence. L’esprit, si l’on peut dire, génocidaire veut purement et simplement la nier. On extermine les autres parce qu’ils sont absolument mauvais. L’ethnocide, en revanche, admet la relativité du mal dans la différence: les autres sont mauvais, mais on peut les améliorer en les obligeant à se transformer jusqu’à se rendre, si possible, identiques au modèle qu’on leur propose, qu’on leur impose. La négation ethnocidaire de l’Autre conduit à une identification à soi. On pourrait opposer le génocide et l’ethnocide comme deux formes perverses du pessimisme et de l’optimisme. En Amérique du Sud, les tueurs d’Indiens poussent à son comble la position de l’Autre comme différence : l’Indien sauvage n’est pas un être humain, mais un simple animal. Le meurtre d’un Indien n’est pas un acte criminel, le racisme en est même totalement évacué, puisqu’il implique en effet, pour s’exercer, la reconnaissance d’un minimum d’humanité en l’Autre. Monotone répétition d’une très ancienne infamie : traitant, avant la lettre, de l’ethnocide, Claude Lévi-Strauss rappelle dans Race et histoire comment les Indiens des Isles se demandaient si les Espagnols nouveaux venus étaient des dieux ou des hommes, tandis que les Blancs s’interrogeaient sur la nature humaine ou animale des indigènes.

Ethnocide et christianisme


Qui sont, d’autre part, les praticiens de l’ethnocide ? Qui s’attaque à l’âme des peuples ? Apparaissent au premier rang, en Amérique du Sud mais aussi en bien d’autres régions, les missionnaires. Propagateurs militants de la foi chrétienne, ils s’efforcent de substituer aux croyances barbares des païens la religion de l’Occident. La démarche évangélisatrice implique deux certitudes : d’abord que la différence – le paganisme – est inacceptable et doit être refusée ; ensuite que le mal de cette mauvaise différence peut être atténué, voire aboli. C’est en cela que l’attitude ethnocidaire est plutôt optimiste : l’Autre, mauvais au départ, y est supposé perfectible, on lui reconnaît les moyens de se hausser, par identification, à la perfection que représente le christianisme. Briser la force de la croyance païenne, c’est détruire la substance même de la société. Aussi bien s’agit-il du résultat recherché: conduire l’indigène, par le chemin de la vraie foi, de la sauvagerie à la civilisation. L’ethnocide s’exerce pour le bien du sauvage. Le discours laïque ne dit pas autre chose lorsqu’il énonce, par exemple, la doctrine officielle du gouvernement brésilien quant à la politique indigéniste. « Nos Indiens, proclament les responsables, sont des êtres humains comme les autres. Mais la vie sauvage qu’ils mènent dans les forêts les condamne à la misère et au malheur. C’est notre devoir que de les aider à s’affranchir de la servitude. Ils ont le droit de s’élever à la dignité de citoyens brésiliens, afin de participer pleinement au développement de la société nationale et de jouir de ses bienfaits. » La spiritualité de l’ethnocide, c’est l’éthique de l’humanisme.

L’horizon sur lequel prennent figure l’esprit et la pratique ethnocidaires se détermine selon deux axiomes. Le premier proclame la hiérarchie des cultures : il en est d’inférieures, il en est de supérieures. Quant au second, il affirme la supériorité absolue de la culture occidentale. Celle-ci ne peut donc entretenir avec les autres, et singulièrement avec les cultures primitives, qu’une relation de négation. Mais il s’agit d’une négation positive, en ce qu’elle veut supprimer l’inférieur en tant qu’inférieur pour le hisser au niveau du supérieur. On supprime l’indianité de l’Indien pour en faire un citoyen brésilien. Dans la perspective de ses agents, l’ethnocide ne saurait être par suite une entreprise de destruction : il est au contraire une tâche nécessaire, exigée par l’humanisme inscrit au cœur de la culture occidentale.

Universalité de l’ethnocentrisme

On nomme ethnocentrisme cette vocation à mesurer les différences à l’aune de sa propre culture. L’Occident serait ethnocidaire parce qu’il est ethnocentriste, parce qu’il se pense et se veut la  civilisation. Une question néanmoins se pose : notre culture détient-elle le monopole de l’ethnocentrisme ? L’expérience ethnologique permet d’y répondre. Considérons la manière dont les sociétés primitives se nomment elles-mêmes. On s’aperçoit qu’en réalité il n’y a pas d’autodénomination, dans la mesure où, en mode récurrent, les sociétés s’attribuent presque toujours un seul et même nom : les Hommes. Illustrant de quelques exemples ce trait culturel, on rappellera que les Indiens Guarani se nomment Ava, qui signifie les Hommes ; que les Guayaki disent d’eux-mêmes qu’ils sont Aché, les Personnes ; que les Waika du Venezuela se proclament Yanomami, les Gens ; que les Eskimos sont des Innuit, des Hommes. On pourrait allonger indéfiniment la liste de ces noms propres qui composent un dictionnaire où tous les mots ont le même sens : hommes. Inversement, chaque société désigne systématiquement ses voisins de noms péjoratifs, méprisants, injurieux.

Toute culture opère ainsi un partage de l’humanité en deux parts: elle-même, qui s’affirme comme représentation par excellence de l’humain, et les autres, qui ne participent qu’à un moindre titre à l’humanité. Le discours que tiennent sur elles-mêmes les sociétés primitives, qui se trouve condensé dans les noms qu’elles se confèrent, est donc ethnocentriste de part en part: affirmation de la supériorité de son soi culturel, refus de reconnaître les autres comme des égaux. L’ethnocentrisme apparaît alors la chose du monde la mieux partagée, et, de ce point de vue au moins, la culture de l’Occident ne se distingue pas des autres. Il convient même, poussant un peu plus loin l’analyse, de penser l’ethnocentrisme comme une propriété formelle de toute formation culturelle, comme immanent à la culture elle-même. Il appartient à l’essence de la culture d’être ethnocentriste, dans la mesure exacte où toute culture se considère comme la culture par excellence. En d’autres termes, l’altérité culturelle n’est jamais appréhendée comme différence positive, mais toujours comme infériorité sur un axe hiérarchique.

Il n’en reste pas moins que, si toute culture est ethnocentriste, seule l’occidentale est ethnocidaire. Il s’ensuit donc que la pratique ethnocidaire ne s’articule pas nécessairement à la conviction ethnocentriste. Sinon, toute culture devrait être ethnocidaire : or ce n’est pas le cas. C’est à ce niveau, nous semble-t-il, que se laisse repérer une certaine insuffisance de la réflexion que mènent depuis un certain temps les chercheurs que préoccupe à juste titre le problème de l’ethnocide. Il ne suffit pas en effet de reconnaître et d’affirmer la nature et la fonction ethnocidaires de la civilisation occidentale. Tant que l’on se contente de déterminer le monde blanc comme monde ethnocidaire, on reste à la surface des choses, on demeure en la répétition, légitime certes, car rien n’a changé d’un discours déjà prononcé, puisque aussi bien l’évêque Las Casas par exemple, dès l’aube du XVIe siècle, dénonçait en termes fort précis le génocide et l’ethnocide que les Espagnols faisaient subir aux Indiens des Isles et du Mexique. De la lecture des travaux consacrés à l’ethnocide, on retire l’impression que pour leurs auteurs, la civilisation occidentale est une sorte d’abstraction sans racines socio-historiques, une vague essence qui, de tout temps, enveloppa en soi l’esprit ethnocidaire. Or notre culture n’est en rien une abstraction, elle est le produit lentement constitué d’une histoire, elle relève d’une recherche généalogique. Qu’est-ce qui fait que la civilisation occidentale est ethnocidaire ? Telle est la vraie question. L’analyse de l’ethnocide implique, au-delà de la dénonciation des faits, une interrogation sur la nature, historiquement déterminée, de notre monde culturel. C’est donc vers l’histoire qu’il s’agit de se tourner.

Pas plus qu’abstraction extratemporelle, la civilisation de l’Occident n’est une réalité homogène, un bloc indifférencié identique en toutes ses parties. C’est pourtant l’image que paraissent en donner les auteurs cités plus haut. Mais, si l’Occident est ethnocidaire comme le soleil est lumineux, alors ce fatalisme rend inutile, et même absurde, la dénonciation des crimes et l’appel à la protection des victimes. Ne serait-ce point au contraire parce que la civilisation occidentale est ethnocidaire d’abord à l’intérieur d’elle-même  qu’elle peut l’être ensuite à l’extérieur, c’est-à-dire contre les autres formations culturelles ? On ne peut pas penser la vocation ethnocidaire de la société occidentale sans l’articuler à cette particularité de notre propre monde, particularité qui est même le critère classique de distinction entre les sauvages et les civilisés, entre le monde primitif et le monde occidental : le premier regroupe l’ensemble des sociétés sans État, le second se compose de sociétés à État. Et c’est à cela qu’il faut tenter de réfléchir : peut-on légitimement mettre en perspective ces deux propriétés de l’Occident, comme culture ethnocidaire, comme société à État ? S’il en était ainsi, on comprendrait pourquoi les sociétés primitives peuvent être ethnocentristes sans être pour autant ethnocidaires, puisqu’elles sont précisément des sociétés sans État.

Histoire, culture et ethnocide

L’ethnocide, est-il admis, c’est la suppression des différences culturelles jugées inférieures et mauvaises, c’est la mise en œuvre d’un principe d’identification, d’un projet de réduction de l’Autre au même (l’Indien amazonien supprimé comme Autre et réduit au même comme citoyen brésilien). En d’autres termes, l’ethnocide aboutit à la dissolution du multiple dans l’Un. Qu’en est-il maintenant de l’État ? Il est, par essence, la mise en jeu d’une force centripète, laquelle tend, lorsque les circonstances l’exigent, à écraser les forces centrifuges inverses. L’État se veut et se proclame le centre de la société, le tout du corps social, le maître absolu des divers organes de ce corps. On découvre ainsi, au cœur même de la substance de l’État, la puissance agissante de l’Un, la vocation de refus du multiple, la crainte et l’horreur de la différence. À ce niveau formel où nous nous situons actuellement, on constate que la pratique ethnocidaire et la machine étatique fonctionnent de la même manière et produisent les mêmes effets : sous les espèces de la civilisation occidentale ou de l’État se décèlent toujours la volonté de réduction de la différence et l’altérité, le sens et le goût de l’identique et de l’Un.

Quittant cet axe formel et en quelque sorte structuraliste pour aborder celui de la diachronie, de l’histoire concrète, considérons la culture française comme cas particulier de la culture occidentale, comme illustration exemplaire de l’esprit et du destin de l’Occident. Sa formation, enracinée dans un passé séculaire, apparaît strictement coextensible à l’expansion et au renforcement de l’appareil d’État, d’abord sous sa forme monarchique, ensuite sous sa forme républicaine. À chaque développement du pouvoir central correspond un déploiement accru du monde culturel. La culture française est une culture nationale, une culture du français. L’extension de l’autorité de l’État se traduit dans l’expansionnisme de la langue de l’État, le français. La nation peut se dire constituée, l’État se proclamer détenteur exclusif du pouvoir lorsque les gens sur qui s’exerce l’autorité de l’État parlent la même langue que lui. Ce processus d’intégration passe évidemment par la suppression des différences. C’est ainsi qu’à l’aurore de la nation française, lorsque la France n’était que la Franchimanie et son roi un pâle seigneur du nord de la Loire, la croisade des Albigeois s’abattit sur le sud pour en abolir la civilisation. L’extirpation de l’hérésie cathare, prétexte et moyen d’expansion pour la monarchie capétienne, traçant les limites presque définitives de la France, apparaît comme un cas pur d’ethnocide : la culture du Midi – religion, littérature, poésie – était irréversiblement condamnée, et les Languedociens devinrent sujets loyaux du roi de France.

La Révolution de 1789, en permettant le triomphe de l’esprit centraliste des Jacobins sur les tendances fédéralistes des Girondins, mena à son terme l’emprise politique de l’administration parisienne. Les provinces, comme unités territoriales, s’appuyaient chacune sur une ancienne réalité, homogène du point de vue culturel : langue, traditions politiques, etc. On leur substitua le découpage abstrait en départements, propre à briser toute référence aux particularismes locaux, et donc à faciliter partout la pénétration de l’autorité étatique. Ultime étape de ce mouvement par lequel les différences s’évanouissent l’une après l’autre devant la puissance de l’État: la IIIe République transforma définitivement les habitants de l’Hexagone en citoyens grâce à l’institution de l’école laïque, gratuite et obligatoire, puis du service militaire obligatoire. Ce qui subsistait d’existence autonome dans le monde provincial et rural y succomba. La francisation était accomplie, l’ethnocide consommé : langues traditionnelles traquées en tant que patois d’arriérés, vie villageoise ravalée au rang de spectacle folklorique destiné à la consommation des touristes, etc.

Pour bref qu’il soit, ce coup d’œil jeté sur l’histoire de notre pays suffit à montrer que l’ethnocide, comme suppression plus ou moins autoritaire des différences socioculturelles, est inscrit d’avance dans la nature et dans le fonctionnement de la machine étatique, laquelle procède par uniformisation du rapport qui la lie aux individus: l’État ne connaît que des citoyens égaux devant la loi.

Affirmer, à partir de l’exemple français, que l’ethnocide appartient à l’essence unificatrice de l’État conduit logiquement à dire que toute formation étatique est ethnocidaire. Examinons rapidement le cas d’un type d’État fort différent des États européens. Les Incas étaient parvenus à édifier dans les Andes une machine de gouvernement qui fit l’admiration des Espagnols, tant par l’ampleur de son extension territoriale que par la précision et la minutie des techniques administratives qui permettaient à l’empereur et à ses nombreux fonctionnaires d’exercer un contrôle presque total et permanent sur les habitants de l’empire. L’aspect proprement ethnocidaire de cette machine étatique apparaît dans sa tendance à incaïser les populations nouvellement conquises : non seulement en les obligeant à payer tribut aux nouveaux maîtres, mais surtout en les contraignant à célébrer en priorité le culte des conquérants, le culte du Soleil, c’est-à-dire de l’Inca lui-même. Religion d’État, imposée par la force, fût-ce au détriment des cultes locaux. Il est vrai également que la pression exercée par les Incas sur les tribus soumises n’atteignit jamais la violence du zèle maniaque avec lequel les Espagnols anéantirent plus tard l’idolâtrie indigène. Pour habiles diplomates qu’ils fussent, les Incas savaient néanmoins utiliser la force lorsqu’il le fallait, et leur organisation réagissait avec la plus grande brutalité, comme tout appareil d’État lorsque son pouvoir est mis en question. Les fréquents soulèvements contre l’autorité centrale du Cuzco, impitoyablement réprimés d’abord, étaient ensuite châtiés par la déportation massive des vaincus dans des régions très éloignées de leur territoire natal, c’est-à-dire marqué par le réseau des lieux de culte (sources, collines, grottes): déracinement, déterritorialisation, ethnocide...

La violence ethnocidaire, comme négation de la différence, appartient bien à l’essence de l’État, aussi bien dans les empires barbares que dans les sociétés civilisées d’Occident : toute organisation étatique est ethnocidaire, l’ethnocide est le mode normal d’existence de l’État.
Il y a donc une certaine universalité de l’ethnocide, en ce qu’il est le propre non seulement d’un vague « monde blanc » indéterminé, mais de tout un ensemble de sociétés qui sont les sociétés à État. La réflexion sur l’ethnocide passe par une analyse de l’État. Mais doit-elle s’arrêter là, s’en tenir au constat que l’ethnocide c’est l’État et que, de ce point de vue, tous les États se valent ? Ce serait là retomber dans le péché d’abstraction que nous avons précisément reproché à l’« école de l’ethnocide », ce serait encore une fois méconnaître l’histoire concrète de notre propre monde culturel.

Ethnocide et capitalisme

Où se situe la différence qui interdit de placer sur le même plan, ou de mettre dans le même sac, les États barbares (Incas, Pharaons, despotismes orientaux, etc.) et les États civilisés (le monde occidental) ? On décèle d’abord cette différence au niveau de la capacité ethnocidaire des appareils étatiques. Dans le premier cas, cette capacité est limitée non pas par la faiblesse de l’État mais, au contraire, par sa force : la pratique ethnocidaire – abolir la différence lorsqu’elle devient opposition – cesse dès lors que la force de l’État ne court plus aucun risque. Les Incas toléraient une relative autonomie des communautés andines lorsque celles-ci reconnaissaient l’autorité politique et religieuse de l’empereur. On s’aperçoit en revanche que dans le second cas – États occidentaux – la capacité ethnocidaire est sans limites, elle est effrénée. C’est bien pour cela qu’elle peut conduire au génocide, que l’on peut en effet parler du monde occidental comme absolument ethnocidaire. Mais d’où cela provient-il ? Que contient la civilisation occidentale qui la rend infiniment plus ethnocidaire que toute autre forme de société ? C’est son régime de production économique, espace justement de l’illimité, espace sans lieux en ce qu’il est recul constant de la limite, espace infini de la fuite en avant permanente. Ce qui différencie l’Occident, c’est le capitalisme en tant qu’impossibilité de demeurer dans l’en deçà d’une frontière, en tant que passage au-delà de toute frontière ; c’est le capitalisme, comme système de production pour qui rien n’est impossible, sinon de ne pas être à soi-même sa propre fin, et cela qu’il soit d’ailleurs libéral, privé, comme en Europe de l’Ouest ou planifié, d’État, comme le connaissait l’Europe de l’Est. La société industrielle, la plus formidable machine à produire, est pour cela même la plus effrayante machine à détruire. Races, sociétés, individus ; espace, nature, mers, forêts, sous-sol: tout est utile, tout doit être utilisé, tout doit être productif, d’une productivité poussée à son régime maximal d’intensité.

Voilà pourquoi aucun répit ne pouvait être laissé aux sociétés qui abandonnaient le monde à sa tranquille improductivité originaire ; voilà pourquoi était intolérable, aux yeux de l’Occident, le gaspillage représenté par l’inexploitation d’immenses ressources. Le choix laissé à ces sociétés était un dilemme : ou bien céder à la production, ou bien disparaître ; ou bien l’ethnocide, ou bien le génocide. À la fin du siècle dernier, les Indiens de la pampa argentine furent totalement exterminés afin de permettre l’élevage extensif des moutons et des vaches, qui fonda la richesse du capitalisme argentin. Au début de ce siècle, des centaines de milliers d’Indiens amazoniens périrent sous les coups des chercheurs de caoutchouc. Actuellement, dans toute l’Amérique du Sud, les derniers Indiens libres succombent sous l’énorme poussée de la croissance économique, brésilienne en particulier. Les routes transcontinentales, dont la construction s’accélère, constituent des axes de colonisation des territoires traversés : malheur aux Indiens que la route rencontre ! De quel poids peuvent peser quelques milliers de « sauvages » improductifs au regard de la richesse en or, minerais rares, pétrole, en élevage de bovins, en plantations de café, etc. ? Produire ou mourir, c’est la devise de l’Occident. Les Indiens d’Amérique du Nord l’apprirent dans leur chair, tués presque jusqu’au dernier, afin de permettre la production. Un de leurs bourreaux, le général Sherman, le déclarait ingénument dans une lettre adressée à un fameux tueur d’Indiens, Buffalo Bill : « Autant que je peux l’estimer, il y avait, en 1862, environ 9 millions et demi de bisons dans les plaines entre le Missouri et les montagnes Rocheuses. Tous ont disparu, tués pour leur viande, leur peau et leurs os [...]. À cette même date, il y avait environ 165 000 Pawnees, Sioux, Cheyennes, Kiowas et Apaches, dont l’alimentation annuelle dépendait de ces bisons. Eux aussi sont partis, et ils ont été remplacés par le double ou le triple d’hommes et de femmes de race blanche qui ont fait de cette terre un jardin et qui peuvent être recensés, taxés et gouvernés selon les lois de la nature et de la civilisation. Ce changement a été salutaire et s’accomplira jusqu’à la fin. »

Le général [Sherman] avait raison. Le changement s’accomplira jusqu’à la fin, il prendra fin lorsqu’il n’y aura plus rien du tout à changer.

Source :
http://vadeker.net/corpus/ethnocide.html
 
 
 
L’étatisme vaincu dans son jus.
 
 
 

Dernière mise à jour : 22-01-2014 23:00

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