L’Espace-Temps-Mouvement, qui est avant la Matière, l’engendre. Il est la première figure fermée, le cycle. Si ce cercle tourne autour de son axe, il engendre la sphère vide, une surface sphérique sans réalité euclidienne, une pure abstraction pour nos sens, notre vision euclidienne. Je l’appellerai
longueur, par analogie avec la première dimension euclidienne, la ligne droite. Cette sphère, je l’appellerai
largeur, par analogie à la surface plane engendrée par la translation de la ligne droite. Si enfin cette sphère plénifiée projette son être à l’extérieur, elle fait des petits qui, en concrétisant des points spatiaux, réalisent l’espace tel que le perçoivent nos sens physiques, notre existentiel. Je l’appellerai
hauteur. C’est la pluralité des points spatiaux concrétisés à partir de l’énergie pré-matérielle (Espace-Temps-Mouvement) qui donne réalité à la matière euclidienne, mais il n’existe pas à proprement parler un « plus petit grain de matière » qui ait son être en soi, qui puisse être conçu seul. Si petit qu’on le conçoive en tant que réalité euclidienne, il reste une quantité, indéfiniment divisible, à laquelle il est arbitraire d’assigner une limite.
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Le temps et l’espace ne sont pas des contenants de la matière, le mouvement n’en est pas une propriété, mais ils en sont des constituants, trois dimensions relatives l’une à l’autre, comme celles du parallélépipède.
Un seul ennui. Nous avons imaginer que la matière n’est pas née dans un temps et un espace qui lui préexistent, comme des récipients. Dans cette perspective, dire que la Terre, le Cosmos existent depuis tant d’années ou même depuis un temps infini - qui reste une quantité (ce n’est pas parce qu’on ne peut assigner un terme à une quantité que ce n’est plus une quantité) - cela n’a plus aucun sens
(2). De même, dire que l’Univers en sa globalité a un rayon de X années-lumière, ou dire que l’Univers est infini, cela n’a plus aucun sens. Il serait plus juste de parler d’indéfini, quantité à laquelle on ne peut assigner un terme, et réserver le terme « infini » pour Dieu seul, le seul infini concevable.
Il serait bon aussi de réserver le terme « universel » à la globalité de l’existant inclus dans le moule des neuf termes
(3).
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« Quand l’homme pourra rouler l’espace sur lui-même comme un parchemin (ce qui signifie évidemment le vivre ainsi) il y aura la paix sur la Terre ». ... C’est parce que la vision
(3) m’a fait vivre le cosmos, tout l’existant, à un degré supérieur à celui de la sphère, que je puis assurer la possibilité de la Paix ; parce qu’alors sera dépassé le mode de penser qu’on appelle l’opinion, qui implique nécessairement conflits, luttes et massacres.
Le mal est un désordre apporté par l’homme dans la vision de l’ordre Trinitaire de la Création, c’est-à-dire dans le cycle à neuf termes
(4) (il n’en reste que 9 quand on oublie Dieu). Les trois parts trinitaires se mélangent, l’une ou l’autre prétend à la suprématie sur les deux autres.
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Parce que le péché, le refus de Dieu par l’homme
(5), qui porte en lui toutes les essences de la Création, qui est un condensé de la Création, qui est la CRÉATION, a perverti l’ordre Trinitaire inscrit par Dieu en sa Création, toute la création en a été troublée. Les pierres de la tour de Babel n’ont été reliées que par du bitume. Je citerai un texte de Saint Paul qui, paraît-il, est le cauchemar des théologiens :
« C’est au désordre (à la vanité, l’orgueil), en effet, que fut assujettie la Création, non de son gré, mais à cause de celui qui l’y a assujettie, avec toutefois l’espoir que la Création elle aussi serait libérée de l’esclavage de la corruption pour participer à la liberté des enfants de Dieu. Car, nous le savons, la Création tout entière gémit et connaît les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce jour.
(Bible, Romain. 8, 20-23) (6)
L’Incarnation, la Rédemption, les nouveaux cieux et la nouvelle terre sont des mystères. Le croyant dit, selon le concept courant de la foi : « Je ne comprends pas, mais je crois ».
Désormais, les croyants ne suffisent plus. Il faut des
« sachants ».
Un sachant, c’est celui qui sait que le refus de Dieu, de l’Un qui est l’unité de Trois, a condamné les trois (parts trinitaires) à des conflits perpétuels de suprématie. Le péché originel, c’est la rupture de l’ordre Trinitaire en toutes choses créées. Le désordre qui est en tout mon être, du poil jusqu’au cerveau, se nourrit du désordre qui est autour de moi. Et le désordre qui est en moi, nourrit le désordre autour de moi. Le Christ, seul, transcende ce conflit de l’individuel et du collectif. (Jean Coulonval,
Synthèse et Temps Nouveaux)
Connaissant un peu cet auteur à livre unique, véritable philosophe ouvrier, je pense que Coulonval entendait par Christ, un symbole regroupant des Maîtres de Sagesse.
Notes.
1. Même s’il y a des choses à ne pas écrire, pour éviter qu’elles ne soient déformées, salies, ou tournées en dérision pour cause de non compréhension, elles peuvent être exposé car seul celui qui en aura la clé pourra les comprendre. C’est comme un tableau de maître en peinture, on l’a devant les yeux, on peut en saisir les grandes lignes de composition, mais quand à le reproduire exactement, c’est une autre histoire... même s’il y a des copistes en peinture, ça ne veut pas dire que leurs pigments seront identiques aux pigments originaux, et les coups de pinceau ne seront pas les mêmes, etc. Rien n’est pareil d’un Instant à l’Autre.
2. Pour employer le mot infini, il faudrait être Dieu, car seul ce mot semble lui convenir... (NDMR)
3. Le rêve initiatique de J. Coulonval, qui correspond à
l’Arbre de Vie dans l’antiquité. Voir ci-dessous la note 4 et le dessin en bas.