Comme dans certains contes pour enfants, ou certains états oligarchiques, c'est-à-dire que le pouvoir appartient à un groupe de personnes, qui généralement s'en mettent plein les poches : bonjour Monsieur le banquier ! Dans le livre de Naomi Klein, je trouve très lucide cette citation :
Il y a une chose qui distingue les fonctionnaires des employés du secteur privé. Et c'est l'obligation de travailler pour le bien commun - l'intérêt de la collectivité plutôt que celui de quelques-uns. Les entreprises ont le devoir de travailler pour le bien de leurs actionnaires, et non du pays.
(David M. Walker, contrôleur général des États-Unis, février 2007)
Ainsi on retrouve la définition d'un État « coquille vide », d'un État privatisé :
- La volonté du futur président (il s’agit ici de
George W. Bush) de vendre son État aux enchères, l’externalisation des fonctions de l’armée par
Dick Cheney (1) et le brevetage par
Donald Rumsfeld de médicaments capables de prévenir des épidémies préfiguraient en quelque sorte le genre d’État que les trois hommes construiraient ensemble - c’était la vision d’un gouvernement parfaitement « coquille vide ».
Un certain business criminel de l’industrie de la chimie du médicament se base sur un avenir apocalyptique, fait de maladies endémiques
(2) qui obligeraient les gouvernements à se procurer au prix fort les produits indispensables brevetés par des sociétés privées.
C’est toujours la même phrase :
Par ici braves gens, passons la monnaie !
Auprès le 11 septembre 2001, le marché pour le terrorisme ne s’est jamais aussi bien porté :
Dans le livre de Naomi Klein, il y a l’exemple des caméras vidéos, notamment dans la succursale des États-Unis : l’Angleterre.
Il émergea un nouveau marché pour l’amélioration de la qualité des images numériques.
Salient Stills, entreprise qui vend des logiciels capables d’isoler et d’accentuer la définition des images vidéo, proposa d’abord son produit aux médias, mais elle trouva des débouchés bien plus alléchants auprès du
FBI et d’autres organisations chargées de l’application de la loi.
...
On transforme téléphone portable et Internet en de puissants outils de surveillance de la population par des régimes de plus en plus autoritaire (c’est-à-dire non contrôlés), avec la collaboration pleine et entière des moteurs de recherche ou des compagnies de téléphone privatisées : c’est ainsi que Yahoo aide le gouvernement chinois à repérer les dissidents, tandis
qu’AT&T a permis à l’Agence nationale de sécurité des États-Unis d’enregistrer, sans mandat, les conversations téléphoniques de ses abonnés (l’administration Bush jure que cette pratique a pris fin).
On assiste hélas à une culture de la sécurité à tout prix et du consumérisme qui va avec :
Avant le 11 septembre 2001, on a bâti aux USA des profils détaillés des consommateurs pour ouvrir des avenues au micromarketing. Ces technologies se sont retrouvées dans le marché de lutte contre le terrorisme (c’est à la mode), et elles sont vendues par des sociétés comme
Verint System,
Seisint,
Accenture,
ChoicePoint - ces sociétés font dans l'identification biométrique, la surveillance vidéo, l'audiométrie Web, la prospection des données. Jumelées aux cartes de crédit, l'identification biométrique allait aussi permettre de réduire le nombre de caissiers dans les centres commerciaux.
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Le 11 septembre eut raison des réticences du marché : soudain, on avait davantage peur du terrorisme que de la vie dans une société sous haute surveillance. Les cartes de fidélité peuvent être vendues à des sociétés comme outils de marketing, mais également au
FBI.
L'appât du gain ou le Wanted : récompense de 25 000 $ pour un combattant
d'al-Qaïda dénoncé. C'est pas nouveau, voir les fameuses affichettes dans les vieux westerns !
Ainsi on privatise les prisons, les
services de renseignements. L'argent étant la racine du mal, pour faire du profit on n'hésite pas a trafiquer et a manipuler des informations pour obtenir un contrat ! Que faisait par exemple
l'Office of Special Plans de Rumsfeld ?
Pendant l'invasion de l'Afghanistan, les agents du renseignements des États-Unis ont fait savoir qu'ils verseraient de 3000 à 25 000 $ pour chacun des combattants d'al-Qaïda ou des Talibans qu'on leur livrerait. Comment tenter le Diable par les plus bas instincts, en un prospectus distribué par les États-Unis en Afghanistan, et cité dans des documents déposés en 2002 devant la cour fédérale au nom des prisonniers de
Guantanamo :
« Assurez-vous une richesse et un pouvoir au-delà de vos plus folles espérances ».
Alors certains ont « vendus » leurs congénères : les cellules de Bagram et de Guantanamo en virent bientôt à déborder de bergers, de chauffeurs de taxi, de cuisiniers et de commerçants - qui, selon les hommes qui les avaient dénoncés pour toucher la récompense promise, représentaient tous un danger mortel.
...
Ainsi : au Pakistan, on achète des gens pour dix dollars. Imaginez ce qu’on peut faire avec 5000 $ (prime des services de renseignements US).
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Selon les chiffres du Pentagone lui-même, 86% des prisonniers de Guantanamo furent livrés par des combattants ou des agents afghans et pakistanais après l’annonce des récompenses. ... À la lumière de tels chiffres, on doit porter un jugement sévère sur la qualité des renseignements obtenus au moyen de l’approche « capitaliste » de l’identification des terroristes utilisée par l’administration Bush.
En quelques années seulement, l’industrie de la sécurité intérieure, qui existait à peine avant les « attentats » du 11 septembre, connut une expansion si phénoménale qu’elle dépasse aujourd’hui en importance, et de loin, Hollywood ou l’industrie de la musique.
...
Cette dynamique du confort de la sécurité sur « la menace de la sécurité nationale » constitue une incitation à l’espionnage et à la torture ou à la dissémination de fausses informations, une telle dynamique perpétue la peur et l’insécurité, et qui ont favorisé l’essor de ladite industrie
(3).
Voir le site de « l’industriel de la sécurité » John Elstner, du
Chesapeake Innovation Center, pépinière d’entreprises du secteur de la sécurité intérieure.
La grande entreprise et le gouvernement tout-puissant combinant leurs formidables puissances respectives pour mieux contrôler les citoyens. C’est la définition du corporatisme que donne Naomo Klein dans son livre.
Je termine par une réflexion personnelle :
Ce sont les citoyens, qui ont le vrai pouvoir, c’est ce qui fait peur à un groupe de riches personnes qui détiennent le pouvoir ou tentent plutôt de le garder à tous prix !
M. R.
3. Les États-Unis ont le génie de faire du business avec tout, ainsi le terrorisme est-il un business comme un autre, et il est bien connu que la guerre rapporte... En voici des exemples tirés du livre de Naomi Klein, ce qui peut augurer d’un avenir terrifiant, pas pour les terroristes mais pour tous, parce que c’est comme UNE ÉNERGIE INVERSE, en creux...
John Ashcroft, l’investigateur du
Patriot Act préside
l’Ashcroft Group, dont la mission consiste à aider les entreprises spécialisées dans la sécurité intérieure à obtenir des contrats fédéraux.
Tom Ridge, premier directeur du secrétariat à la sécurité intérieure a fondé
Ridge Global et agit comme conseiller auprès de
Lucent, société de communication œuvrant dans le domaine de la sécurité.
Rudy Giuliani, ex-maire de New York et « héros » de l’après 11 septembre, a créé
Giuliani Partners quatre mois plus tard et s’est mis à vendre ses services comme expert conseil en gestion de crises.
Richard Clarke, tsar du contre-terrorisme sous Clinton et Bush et critique virulent de l’administration, préside
Good Harbor Consulting, entreprise spécialisée dans la sécurité intérieure et le contre-terrorisme.
James Woolsey, directeur de la CIA jusqu’en 1995, est désormais avec le
Paladin Capital Group, société privée qui investit dans les entreprises de sécurité intérieure. Il est aussi vice-président chez
Booz Allen, l’une des plus importantes sociétés du domaine de la sécurité intérieure.
Joe Allbaugh, qui dirigeait la
FEMA au moment des attentats, a mis son expérience à profit à peine dix-huit mois plus tard en créant
New Bridge Strategies, qui promet de « faire le pont » entre les entreprises et les lucratifs contrats gouvernementaux ou les possibilités de placement en Irak. Il fut remplacé par
Michael D. Brown, qui, après seulement deux années en fonction, tira sa révérence pour créer
Michael D. Brown LLC, entreprise spécialisée dans la préparation aux catastrophes. (Effectivement, les catastrophes comme les guerres rapportent !)