Yamada Taro Monogatari
山田太郎ものがたり
http://wiki.d-addicts.com/Yamada_Taro_Monogatari
http://www.tbs.co.jp/yamadataro-story/
Ninomiya Kazunari : http://www.imdb.com/name/nm0632497/
Drama en 10 épisodes diffusé au Japon sur TBS en 2007, d’après un manga de Morinaga Ai tiré à 7 millions d’exemplaires, sur un scénario de Magii, musique de Hirasawa Atsushi. Yamada Taro Monogatari est un drama assez lyrique ; c’est-à-dire que ce n’est pas la quantité, ni la qualité, ni le prix qui comptent, mais la sincérité et ce qu’on a mis dans l’intention, plus « le rythme d’exécution ». Le cadeau d’une orange à Noël est plus merveilleux qu’un ordinateur Apple à plus de 1000 euros. Mine de rien c’est un drama assez fort ! et en plus d’actualité, à cause des monstruosités du capitalisme du désastre comme l’appel Naomi Klein, déséquilibre entre riches et pauvres. A mon humble avis, à notre époque qui se dit civilisée, il ne devrait plus y avoir de pauvres... ou tout au moins personne laissée sans un toit pour s’abriter des intempéries et du froid. C’est invraisemblable qu’à Paris, à 50 mètres de chez moi, depuis au moins 5 ans un homme « habite » sous un monceau de carton et débris de toutes sortes, coincés entre deux colonnes sur le côté du bâtiment luxueux de l’hôtel Ibis de la Place Clichy ! (1)
Yamada Taro (joué par Ninomiya Kazunari) obtient une bourse d’étude pour étudier dans une grande école privée : le lycée Ichinomiya. Il est beau, athlétique et semble quasiment parfait. Son seul défaut : il est pauvre. L’histoire s’attache aux problèmes de la pauvreté du héros et de ses six frères et sœurs plus jeunes que lui. (Résumé d’après TBS)
Heureusement que Yamada est beau... Avec ça, beaucoup de portes peuvent s’ouvrir à lui. Mais imaginez si en plus d’être pauvre, il était laid et malade. Voilà un sujet de drama... En le couplant avec un personnage beau, un ami super sympa par exemple, ça pourrait faire un drama intéressant !...
Agréable de retrouver Ninomiya Kazunari, lequel jouait dans Ryusei no Kizuna. Il a aussi un rôle dans le film réalisé en 2006 par Clint Eastwood : Letters from Iwo Jima.
Pour commencer, un beau jeune homme juché sur la tôle d’une baraque de la même matière, Yamada Taro (joué par Ninomiya Kazunari), rêve d’une croquette bien grillée qu’il visualise au travers la forme d’un nuage blanc, comme la couleur de sa veste. N’empêche que cette petite maison de tôles et de cartons est joliment située, c’est déjà ça. De l’intérieur vers l’extérieur, c’est le défilé de ses frères et sœurs : deux garçons et quatre filles ; total : trois garçons et quatre filles. Le compte est bon.
Ce petit monde se rend à ses études, ainsi nous pénétrons dans le sélect lycée Ichinomiya, où les élèves portent la même veste blanche que celle de Taro. Les élèves consultent une liste de reçu dans les classes, où on forme...devinez quoi... non vous n’y êtes pas, on forme bien-sûr l’élite, les winners... Je me demande si ça s’accompagne d’un bon portefeuille ? Toute cette intro au son d’une musique très hollywoodienne (avec beaucoup de cuivre !). John Williams a encore frappé !
Est-ce que cet autre poncif va abîmer le drama ? Une des jeunes filles reçu et d’un milieu de « classe moyenne » est heureuse de rentrer dans cette classe de winners, car ainsi elle pourra se trouver un mari... avec une grosse bourse !... ou un gros compte en banque si vous préférez. Elle deviendra : Tamanokoshi ni noru 玉の輿に乗る (Pauvre femme qui épouse un homme riche et réussit dans la vie).
Quelques secondes après on tombe dans le stéréotype chère aux Japonais : Toutes les lycéennes sont tournés vers un riche lycéen débarquant de sa voiture avec chauffeur. Bon, bien-sûr, c’est d’après un manga ! Et devinez qui se démerde pour entrer au lycée aux côtés du riche Mimura Takuya (joué par Sakurai Sho)... mais Taro ! Comme ça les filles les ont catalogués numéro un de la classe spéciale. Et elles les croient riches ! Taro est boursier, il n’a pas eu a payer les trois millions de yens de frais d’inscription. Les filles continuent de rêver en voyant Taro et Takuya en riches aristocrates occidentaux. Selon ces demoiselles, il paraît que l’élégance ne se transmet qu’aux riches. Il y a des coups de pieds au cul qui se perdent... si elles savaient où réside Taro !
Le plus drôle, c’est que Takuya ne connaît pas du tout Taro ! Ou pas encore...
A la cérémonie d’ouverture, probablement de l’année scolaire, les deux meilleurs élus : Taro et Takuya sont invité à monter sur scène et a diriger un orchestre ! Le chef c’est Taro et le pianiste c’est Takuya. Celui-ci semble se débrouiller superbement. Taro en chef d’orchestre n’est pas du tout convainquant : il a des gestes trop larges, trop « batteur de mesures ». Et là on tombe, comme toutes les filles dans la salle, on tombe dans la caricature. Mais pourquoi pas à ce stade !
Tous craquent pour ces deux là, y compris les profs femmes.
Après élection d’un délégué de classe, non, ni Taro ni Takuya, on atteint le générique début original et un peu fou fou, avec effet paillettes coloré en couleurs bonbons acidulés.
Ensuite on pénètre dans le monde charmant du végétal en l’espèce d’une immense serre remplit de magnifique végétaux : des arbustes, les graminées, des fruits et légumes ; un vrai Paradis où le responsable du coin parle à Taro de ses recherches d’associations fruits avec légumes.
Sortie des classes, Taro rentre à pied chez lui, il ne peut faire autrement ; comme ça à l’air de faire chic, Takuya congédie son chauffeur : il rentre aussi à pieds ! et il suit à distance Taro... C’est amusant, parce que Takuya perd en route Taro, et juste à quelques mètres de sa baraque de tôles et cartons... Au pied de cette baraque se trouve un mini jardin, réplique en miniature de la grande serre du lycée, Paradis du chercheur en association fruits avec légumes.
Les super commandements de la famille Yamada :
- Ceux qui rient pour un yen
- Exploserons de rire pour dix yens !
- N’emprunte pas d’argent,
- On ne peut pas le rembourser !
- Même si on a un peu d’argent,
- On garde la tête haute et on continue d’avancer !
- Ayons toujours dans nos cœurs
- Les sourires de notre famille.
La maman de Taro a bon cœur : quand elle voit quelqu’un en difficulté elle veut l’aider, ainsi elle a acheté une petite peinture à un peintre dans la rue. Déjà quelle a pas beaucoup de sous... Mais comme elle félicite tous les peintres des rues et des squares, elle a finit par y trouver son mari.
Comme de toutes façons ils n’ont pas beaucoup de sous, les Yamada inventent des techniques spéciales pour se nourrir : par exemple précédemment, Takuya a observé Taro humer longuement un fumet de viande chez un marchand, comme ça il mélange le souvenir de ce fumet avec son riz à l’eau. Selon lui c’est efficace mais il faut de l’entraînement !
Manque de pot, c’est bientôt l’anniversaire de l’une des trois sœurs, et celle-ci veut des croquettes Yokozuna. Ce supermarché du même nom les propose en promotion à 100 yens pièce. Alors déjà les enfants font marcher leur imagination sur une photo de ces fameuses croquettes.
Pendant ce temps dans sa datcha de luxe, Takuya se livre à l’art de l’Ikebana.
C’est un peu triste et dure comme contraste : retour à la baraque de Taro où sont couchés les enfants côte à côte sur le sol.
Dans tout ça et oui ! il manque le père, cet artiste peintre...
Pendant la nuit Taro travail pour subvenir à sa nombreuse famille. Il est ouvrier sur la voie publique, le genre de travail que l’on confie à des émigrés si vous voyez ce que je veux dire ; alors que ceux qui œuvrent avec leurs mains devraient recevoir un très bon salaire. Surtout ceux qui donnent de tels coups de pioche jusqu’au petit matin comme Taro ! Et où vous croyez que Taro rattrape ses heures de sommeil manquantes ?
Bizarre, au lycée, plus les filles regardent Taro, plus elles le croient riche ! Là encore on approche du culte de l’Or qui en a conduit plus d’un à la mort... mais c’est une autre histoire.
Ce drama est charmant, fort drôle et plein de trouvailles. Au lycée Taro avec son travail de nuit n’a pas eu le temps de se préparer à manger. Au self, des filles le voit devant sa table vide. Elles s’imaginent qu’il suit un régime, et aussitôt une fille se propose de suivre un régime, si bien quelle file sa gamelle à Taro. Comme elles considèrent Taro comme une idole, les autres filles vont lui faire des « offrandes » de leur gamelle les jours suivants. Elles veulent même lui acheter des repas. C’est donc les déjeuners gratuits pendant un long moment pour Taro !
Ah ! les supermarchés, ces cavernes d’Ali-Baba modernes bourrés des croquettes de Taro, ces temples de la société de consommation, où maintenant il faut y regarder à trois fois pour les prix, tellement ils ont augmentés, profitant du changement de monnaie avec le passage du franc à l’euro ! et à l’approche de Noël vous êtes sollicité de partout. Il m’arrivera jamais de trouver un billet, même de 5 euros, sur le carrelage d’un supermarché !
La séquence des croquettes dans le supermarché Yokozuna est hallucinante, à croire que toutes ces femmes n’ont pas mangées depuis un mois. Bien-sûr Taro n’a pas la technique de ces femmes, et la dernière croquette sur le rayon est pour... car le charme de la beauté ou autre chose n’a pas sa place dans une course aux croquettes...
En attendant, Takuya est de plus en plus intrigué par Taro. Il ignore toujours où il habite et semble changer, comme sous une influence de Taro.
Ce qui est beau dans Yamada Taro Monogatari, c’est l’émotion qui arrive à couler malgré la rigolade. Les enfants tels des oisillons affamés attendent la croquette de Taro, pour l’anniversaire d’Itsuko. Il ne lui reste plus qu’à employer la technique de Taro : imaginer la croquette, son parfum, sa chair. On va bientôt tomber dans la parabole biblique de la multiplication des pains ! Mais Taro a tout de même trouvé un peu de poulet frit.
Surprise : une des filles du lycée sortant la nuit rencontre sur son chantier Taro. Elle le croit si riche qu’elle se l’imagine faisant une expérience de travail de nuit, ou quelque chose comme ça. Comme elle a parlé à son prince, elle se voit avec la robe d’une princesse, et son ouvrier en costume princier, mais la pioche à la main. Au petit matin en rentrant chez lui, Taro entend Itsuko rêver de croquettes !
Le scénario est habile : au self du lycée, véritable supermarché pour Taro, il récupère la gamelle d’une élève qui n’aimait pas spécialement les croquettes. D’autres filles lui donnent aussi leur gamelle. Et voilà comment on peut se nourrir, non seulement soi-même, mais aussi toute sa petite famille.
Manque aussi dans ses toilettes du papier hygiénique. Il en vole, pardon emprunte un rouleau. Manque de pot il est heurté par une enseignante et le rouleau... roule... roule... Là encore, l’utilisation de la cause et effet, avec surprise ou effet inattendu est bonne, et originale.
On a aussi une jolie séquence sur l’attachement de la gamelle de croquettes de taro : un élève, le méchant, veut lui kidnapper ses croquettes. Un combat s’engage entre Taro et cet élève. Finalement c’est Takuya qui récupère les croquettes et les rend à Taro. Il ne comprend toujours l’attitude de Taro.
Enfin, au repas les frères et sœurs de Taro auront des croquettes Yokozuna.
Mais vous n’êtes pas au bout de vos surprises : la magie existe toujours, quelque soit le pays, l’époque et l’âge : Itsuko mange des croquettes sans en manger... C’est-à-dire elle les donne à son grand frère.
Sans vouloir trop en dire, je crois que Takuya sait où habite Taro. Il trouve d’ailleurs cela intéressant. Ça ménage pas mal d’idées pour la suite du drama ; quand je vous disais que Takuya changeait au contact de Taro, la première cause, voir plus haut, celle du retour à pieds à la maison. Et je vous garantis qu’à partir du deuxième épisode les enfants auront beaucoup moins l’occasion de s’imaginer leur repas... grâce à Takuya.
Dans ce deuxième épisode il est question pour Taro d’un emploi de bonne (avec perruque et tout le déguisement), chez le riche grand-père de Takuya, avec pour gages, la possibilité d’offrir le gant de baseball de ses rêves à l’un de ses petits frères. Le grand-père de Takuya (joué par Maro Akaji) semble maîtriser l’art de l’Ikebana.
Dans le troisième épisode, bien speed, drôle et touchant, il est question d’un morceau de viande de première qualité à 98 yens, en promotion pour l’ouverture d’un nouveau supermarché. Une mère de famille, véritable kamikaze des promotions de supermarchés va donner des cours à Taro, afin d’être le premier servi dans les rayons à promotion. Et c’est effectivement un vrai sport de combat où il faudrait presque être équipé d’un gilet par-balles. Vous devez bien savoir que le supermarché est un champ de bataille de la consommation (2). Et évidemment, la fille de cette mère kamikaze de supermarchés est élève dans la classe de Taro. À l’annonce de cette viande à prix réduit par Taro à ses frères et sœurs, vous pouvez imaginer la joie des enfants de pouvoir faire un barbecue.
Même si la pauvreté et la richesse sont ici des situations d’opérette, ou des emprunts à la comédie américaine des années 1950, foncez voir Yamada Taro Monogatari, vous ne devriez pas le regretter. Préparez vos mouchoirs, vous pourriez aussi verser quelques larmes. La mécanique des quiproquos est toujours savoureuse lorsqu’elle est traitée à la façon de Yamada Taro. Quatre étoiles largement méritées pour ce drama bourré d’inventions.
Je trouve Ninomiya Kazunari très bon acteur. Bravo. Et face à lui Sakurai Sho s’en sort pas mal.
Tabe Mikako, qui joue Ikegami Takako la petite amie de Taro, est kawaii dans son rôle.
Michel Roudakoff
1. Sur le web j’ai vu un « homme politique » presque cracher sur les SDF. Pour lui, ces gens ont choisit de vivres comme ça, de plus, la société s’occupe d’eux, on leur donne a manger, ils peuvent se laver... Bref c’est tout juste si on ne va pas les border dans leur petit lit... Ils ne doivent pas être nombreux ceux qui ont choisit de vivre « en marge de la société ». http://www.lecavalierbleu.com/f/index.php?sp=liv&livre_id=122
2. Quand vous regardez un peu, il y a beaucoup de prix réduits miroirs aux alouettes : les produits qui vont être périmés dans un ou deux jours, les réductions pour l’achat de plusieurs produits de la même marque, la carte de fidélité du supermarché donnant droit à réduction au bout d’un certain montant d’achat, et surtout les bons de réduction imprimés au dos du ticket de caisse. Selon la kamikaze des supermarchés, les prospectus sont les lettres d’amour des supermarchés, et donc des défis pour les mères de famille au foyer. Comme chez les militaires, celles qui détiennent les informations détiennent l’issue de la bataille. Cette kamikaze est un vrai général : elle va même jusqu’à fabriquer une maquette du supermarché qu’elle doit conquérir. Pour attraper le Bœuf Matsuzaka il faut bien ça, sinon vous vous tapez les boulettes pour chiens. Car il est important d’étudier avec un chronomètre toutes les longueurs de parcours depuis les entrées principales. J’oubliais aussi qu’il y a les exercices physiques, cela va de soi ! Regardez le drama épisode trois, et vous verrez que c’est le parcours du combattant !
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Dernière mise à jour : 23-11-2008 19:28
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