Site officiel des Films Paul Grimault :
http://www.paulgrimault.com/paulgrimault.html
Court métrage de dessin animé d’une durée de 9 minutes, réalisé en
Agfacolor par Paul Grimault, Production Les Gémeaux (André Sarrut), musique de Roger Désormière, scénario : Maurice Blondeau et Paul Grimault. Le film est sorti en 1943.
Animation : Henri Lacam,
Jean Vimenet, Gabriel Allignet, Émile Savitry, Georges Juillet, Jacques Asseo.
Opérateur banc-titre : G. Tassel.
Résumé : Gô et son chien Sniff sont dans un vaisseau aérien. Par inadvertance Gô met le vaisseau en marche. Le Robot Figmin pourchasse Gô et, à l’invitation de Figmin, l’aventure se termine par un excellent déjeuner.
Dès les premières images, la touche graphique de Grimault est bien là, et jusqu’au
Roi et l’Oiseau. L’animation obéit au style de l’époque : terriblement caoutchouc ! les animateurs sont en train de se former. Gô et le chien Sniff sont d’un dessin tremblotant qui ne manque pas de charme. Le chien Sniff et le Robot se retrouve dans le Roi et l’Oiseau. La carence en procédés couleurs se fait sentir dans les teintes Terre de Sienne du à l’Afgacolor.
En ce qui concerne l’animation, j’en vois trois méthodes :
- Animation en dessinant chaque mouvement du personnage sur du papier calque. Comme c’est transparent on peut doser facilement la progression du jeu de son personnage, mais il faut une certaine pratique. J’ai travaillé avec cette méthode qui me donnait satisfaction, mais après esquisse au crayon, je précisais avec un stylo à encre noir d’une pointe très fine. Dans cette technique on peut agréablement doser l’image par image, ou seulement toutes les deux images : 12 images pour une seconde et filmés deux fois, soit 24 images pour une seconde. [On a donc une vision en ordre parallèle].
Après venait le report du dessin sur une feuille de rhodoïde transparent ou cellulo.
- Animation en dessinant sur du papier blanc, légèrement transparent, ce qui oblige, chose primordiale, à feuilleter chaque feuille coincée dans les quatre espaces entre les doigts de la main gauche (pour un droitier), ce qui correspond à la
persistance rétinienne, et est la seule façon de se rendre compte de l’harmonie du mouvement que l’on veut rendre. [On a donc une vision en ordre chronologique].
Le plus souvent les dessins sont fait en croquis esquissés au crayon bleu genre bleu de Cobalt, et précisé et détaillé au crayon noir, soit par l’animateur, soit par son assistant. Ici l’animateur peut ne pas savoir bien dessiner, mais il doit avoir un grand sens du mouvement et de la comédie, alors c’est donc à son assistant d’avoir un trait de crayon d’une grande précision et finesse, et sans tremblements !
Dans ce genre d’animation le style de dessin de l’animateur est étonnamment linéaire, calligraphique, mais surtout bref, très précis et rond, comme s’il n’existait pas de ligne droite. Pareil que précédemment, il fallait pour terminer l’animation retracer le dessin sur une feuille de cellulo ; maintenant on passe par l’informatique.
- Enfin la troisième méthode concerne l’animation d’objets : poussières ou poudres diverses, savon (comme
Berthold Bartosch), volume comme une marionnette. Là, on part sur une page blanche totale, car même si l’objet ou la marionnette existe déjà par rapport à l’animation classique sur papier où il y a la page blanche, bien que l’animateur classique doit bien partir sur un modèle de personnage ; avec une marionnette tous les mouvements sont a créer sans l’aide de calques transparents ou de persistance rétinienne. On travaille de « silence en silence pour former un son ». Cette animation d’objets me semble plus libre, contrairement à ce que dit Paul Grimault dans le documentaire :
Paul Grimault, image par image, dans le DVD de Studio Canal. Mais Grimault, comme il le dit lui-même, est plutôt un metteur en scène, doué aussi comme merveilleux illustrateur.
L’ensemble de ce court métrage de dessin animé est charmant, poétique, frais, lumineux par son graphisme, et lyrique par son animation. Bref une pièce unique. Je pense que Gô, par certains côtés, c’est Paul Grimault lui-même.
M. Roudakoff