Harmful Insect
Insecte nuisible
Gaichu
害虫
- Qu’est-ce que le mal ?
- Qu’est-ce que le bien ?
Se demande la jeune héroïne.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Harmful_Insect
http://french.imdb.com/title/tt0297905/combined
http://www.imdb.cn/title/tt0297905
Film japonais réalisé par Akihiko Shiota en 2001, sur un scénario de Kiyono Yayoi. Le film a obtenu un prix du meilleur film et meilleur réalisateur en 2003.
Le film commence à l’envers : une jeune femme va s’ouvrir les veines du poignet, pendant que, presque, au même moment dans une sempiternelle classe de lycée des jeunes filles discutent de leur camarade de classe : Sachiko Kita (joué par Aoi Miyazaki). C’est juste le prologue avant le générique début. Sachiko quitte sa mère pour rejoindre son lycée.
Jeune fille qui aurait attirée Lewis Carroll ! jeune homme doué, renfermé et protégé par une communauté soudée.
Car dans un plan du film, on voit Sachiko se livrer à une expérience, sur l’intuition ? la communication avec des objets ? En tous cas elle marche les yeux fermés en touchant des livres d’un vaste rayonnage de bibliothèque et en prend plusieurs.
Étonnant, dans la classe au lycée, ça marche comme une mécanique : une voix ordonne de se lever, de saluer, et les élèves, comme des militaires exécutant les ordres les exécutent !
C’est un film avec une caméra très mobile, mais sans donner le tournis car discrète. La bande son utilise uniquement les bruits ambiants, ce qui change des musiques bouche trous. Les rares musiques sont intégrées aux bruits : une pianiste joue, la chorale du lycée chante, un disque tourne sur son plateau d’électrophone. La musique est un bruit comme un autre...
Une nuit, Sachiko entend les bruits de sa mère frappant contre un mur. Elle a l’air de ne pas aller bien. Comme on l’a vu auparavant dans un bar fumer, elle semble saoule.
On continue dans une sorte de « road movie » avec Sachiko présente presque à chaque plan.
Les séquences s’enchaînent comme des tableaux les uns derrière les autres et selon un rythme, pas vraiment des séquences, plutôt des plans-séquence. Dans l’un d’eux, ont assiste à la découverte du sexe féminin par un jeune homme allongé près de Sachiko. Tout ça est tellement discret, ils sont habillés, au loin on entend quelques oiseaux et le bruit de fond de l’espace environnent.
Dans l’appartement d’un autre homme, Sachiko recommence son exercice les yeux fermés pour trouver un livre dans les étagères d’une petite bibliothèque. On tourne un peu vers l’érotisme, ou tout au moins une sensualité que cette toute jeune fille peut soulever chez un mâle plus ou moins jeune, ou même une autre fille... C’est-à-dire qu’elle cherche à soulever cette attirance chez l’autre, ou elle cherche à séduire par un côté langoureux. Terrible le pouvoir érotique !
A nouveau même refrain sur le départ de chez elle de Sachiko rejoignant ses copines pour aller au lycée. Ça produit comme un ralentissement du temps, ou même son arrêt : plus aucun repère, il n’y a plus de temps. Bravo ! C’est rare de voir ça au cinéma. Au point de vue réalisation, il faut utiliser bien-sûr les mêmes cadrages et les mêmes angles de prises de vues.
Le réalisateur, Akihiko Shiota, semble s’attacher, non pas à l’Instant, mais à ce qui va suivre ; donc comme en animation de véritables dessins animés, et non des japanimations commerciales, ce n’est pas l’image ou le dessin qui compte, MAIS CE QU’IL Y A ENTRE DEUX IMAGES, donc ce qu’on ne peut voir !
Le refrain peut glisser insensiblement vers le couplet : les copines de Sachiko pensent qu’elle à une liaison avec son prof Ogata (joué par Seiichi Tanabe), et que ça en a précipité son départ du lycée..
Comme tout est double en ce bas monde, il faut se méfier de l’innocence qui dort, par exemple de celle du jeune homme et de Sachiko, trop aguichante pour être honnête. Le garçon prépare son coup : de se faire renverser par une voiture, comme simuler un accident et se relever ensuite et soutirer le contenu du portefeuille du conducteur... de quoi s’acheter une cargaison de bouteilles de boisson sucrée dégueulasse.
Dans l’optique de ce que j’écrivais plus haut à propos de l’enchaînement de deux plans séquence, après la brève écoute de Sachiko jouant très bien du piano, autre son : un coup sur le pauvre jeune homme qui tentait de connaître le sexe de Sachiko : deux types lui casse la figure, pour de l’argent bien-sûr. Par la suite c’est Sachiko qui le soigne. Mais maintenant il manque d’argent. Pour Sachiko ce n’est pas un problème. A une station d’essence ou rôde Sachiko avec son cartable un homme comprend qu’elle a besoin d’argent ! Elle s’enfuit... En rentrant chez elle, elle trouve Monsieur Tokugawa (joué par Ryo Amamiya) prenant le thé avec sa mère, c’est son ami.
Autre refrain : simulation d’un accident, mais par Sachiko, et toujours pour soutirer de l’argent au conducteur du véhicule. Jeu dangereux car elle peut se faire tuer.
Couplet : en attendant, Sachiko glandouille, et toujours langoureusement, peut-être à la manière des petites filles que photographiait Lewis Carroll.
La mère de Sachiko ne fait pas mère du tout, et pour cause, elle est très jeune et semble être inconsciente de sa fonction de mère !... Quand à l’ami de sa mère : Tokugawa, il fume en mangeant, se préparant un possible cancer. Sachiko est perturbée, elle est bonne pour aller voir un psychiatre ou on lui fera voir des éléphants roses ! comme dirait l’Antoine Doinel des 400 coups de François Truffaut. Ou bien c’est plutôt la mère qui a besoin de voir un psy.
En parlant de refrain et de couplet, dans le cours de musique le prof désigne le chef d’orchestre, ensuite les instrumentistes.
Méchant couplet : Sachiko a faillit se faire violer par Tokugawa le fumeur et ami de sa mère.
Ça fait jaser quelques élèves de la classe de Sachiko.
Vers la fin du film Sachiko se demande ce qu’est le bien et le mal, et elle perd complètement, au moins pour un temps, son innocence, son action dérivant vers les conneries, et s’accentue dans sa forme de road movie.
Très joli film, touchant par moments, frais comme l’aurore mais pouvant annoncer des drames, mérite largement quatre étoiles, il se rapproche de All About Lily Chou-Chou, cependant avec des duretés et des violences dont la dernière me semble inutile. Je n’aime pas le côté winner et loser qui se sent dans le personnage qui se fait casser la gueule plusieurs fois. Harmful Insect essaye de flirter avec la Règle du Jeu de Jean Renoir, car Akihiko Shiota joue souvent dans sa mise en scène avec la profondeur du décor, ce qui n’est pas si courant, ou perceptible. Bravo au scénariste Kiyono Yayoi. Par contre je n’aime pas du tout la fin : il n’y en a pas, le film pourrait se prolonger... jusqu’à un âge avancé de Sachiko !
Michel Roudakoff
[ Cliquez sur les vignettes, puis pour afficher l’image suivante : cliquez sur suivant ou précédent ou sur la partie droite ou gauche de l’image, ou utilisez les flèches du clavier ]
Dernière mise à jour : 14-02-2009 03:40
|