Lettre de
Paul Brunton :
« Je demeure parfaitement calme et totalement conscient de qui je suis et de ce qui se passe. Mon Soi [Ainsité,
Centrum Centri] existe toujours, mais c’est un Soi transformé et radieux. Quelque chose de bien supérieur à ma personnalité insignifiante s’élève dans ma conscience et devient moi-même [Surfeu]. Je me trouve au milieu d’un océan de lumière resplendissante, au plus profond de la sainte Félicité. […] La grâce divine est une manifestation de la volonté cosmique en action. Par ses propres lois inconnues qui dépassent toutes les lois naturelles, elle peut modifier ces dernières et changer le cours des événements d’une manière mystérieuse. C’est la force la plus puissante de l’Univers. Elle descend et agit seulement si elle est invoquée par l’abandon total de soi. Parce que Dieu demeure dans le Cœur de tous les êtres, elle agit de l’intérieur. Son chuchotement ne saurait être entendu que par un mental purifié par l’abandon de soi et la prière
(1).
Les rationalistes s’en moquent et les athées la méprisent, mais elle existe. C’est la descente de Dieu dans la sphère consciente de l’âme. C’est la visite imprévue et imprévisible de cette force [PANique ou COULEURS de l’Arc-en-Ciel surgissant dans l’Instant]. Une voix émanant du silence cosmique.
C’est la volonté cosmique qui peut accomplir de véritables miracles selon ses propres lois [Zéro indien…] ».
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Maharshi : Dans quel but le corps vient-il à exister ? Il est destiné à faire toutes les choses devant être accomplies dans cette vie. Le programme entier est tracé. Quand il est dit :
”Pas un atome ne bouge sans Sa volonté”, c’est aussi vrai que de dire :
”Pas un atome ne bouge sans le karma”. Quant à la liberté de l’homme, il est toujours libre de ne pas s’identifier au corps et de ne pas être affecté par les joies et les peines causées par les activités du corps.
L’état réel, celui de TURIYA.
« Il n’y a pas de différence entre le rêve et l’état de veille [sauf pour les croyants….] si ce n’est que le rêve est court et l’état de veille est long. Les deux sont dus au mental. Parce que l’état de veille est long, nous imaginons qu’il est notre état réel. Mais en faite notre état réel est ce qui est appelé
turiya ou le quatrième état. Il est immuable et ne connaît rien des autres états (
avasthâ). Veille, rêve et sommeil profond. Parce que nous appelons ces trois états
avasthâ, nous appelons aussi le quatrième état
turiya-avasthâ. Mais en réalité il ne s’agit pas d’un
avasthâ, mais de l’état réel et naturel du Soi. Quand nous le réalisons, nous savons qu’il ne s’agit pas d’un quatrième état en tant que tel, car cet état ne serait que relatif, mais
turiyatita, le
”quatrième état” qui transcende les trois autres ».
« Notre Vraie Nature est mukti, la libération. Mais nous nous imaginons être liés et nous faisons beaucoup d’efforts ardus pour nous libérer
(2) alors que nous sommes déjà libres. Nous ne pouvons le comprendre qu’une fois ce stade atteint. Alors nous serons surpris d’avoir désespérément essayé d’atteindre quelque chose que nous n’avons jamais cessé d’être.
Voilà un exemple pour illustrer cela : Un homme s’endort dans ce hall [de l’ashram] et rêve qu’il fait le tour du monde, qu’il marche par monts et par vaux, parcours des forêts, pays et déserts, traverse l’océan et divers continents et revient après de nombreuses années, totalement épuisé, dans son pays, arrive à Tiruvannâmalai et à l’ashram où il entre dans ce hall. À ce moment, il se réveille et se rend compte qu’il n’a pas bougé d’un pouce, mais qu’il s’était endormi ici. Il n’est pas revenu dans ce hall en dépensant de grands efforts, il y a toujours été. Là, c’est exactement pareil. Si on me demande pourquoi nous nous imaginons être liés alors que nous sommes libres, je réponds :
”Pourquoi imaginez-vous que vous faites le tour du monde, traversez monts et vaux, déserts et océans, alors que vous vous trouvez dans ce hall ? Tout est mental ou maya (illusions)” ».
Autres exemples de « mise en valeur du temps » dans l’entretien 78 du Maharshi le 29-9-1935.
« Pourquoi pensez-vous que vous êtes actif ? Prenez l’exemple concret de votre arrivée ici.
Vous avez quitté votre maison dans une charrette, pris le train, êtes descendu à la gare, remonté dans une charrette et vous vous êtes retrouvé dans cet ashram. Quand on vous a demandé ce que vous avez fait, vous avez dit que vous avez voyagé depuis votre ville jusqu’ici, n’est-ce pas ? Le fait n’est-il pas plutôt que vous n’avez jamais bougé et que ce sont les divers moyens de locomotion qui vous ont transporté tout le long de votre route ? De même que vous confondez ces mouvements avec les vôtres, vous faites ainsi pour les autres activités. Mais ce ne sont pas les vôtres. Ce sont les activités de Dieu ».
Et dans l’entretien 251 du 29-9-1936 (deux mêmes dates ici en Occident de la Saint Michel…) :
« Où allez-vous ? Vous n’allez nulle part. À supposer même que vous soyez le corps, votre corps est-il venu de Lucknow à Tiruvannâmalai ? Vous étiez simplement assise dans la voiture ou autre moyen de locomotion qui a bougé ; pour finir, vous dites que c’est vous qui êtes venue ici. Le fait est que vous n’êtes pas le corps. Le Soi ne bouge pas. Le monde bouge en lui. Vous êtes seulement ce que vous êtes. Il n’y a pas de changement en vous. Par conséquent, même après un soi-disant départ d’ici, vous êtes ici, là-bas et partout. Ce ne sont que les scènes qui changent.
Quant à la grâce, elle est en vous. Si elle était extérieure, elle n’aurait aucune valeur. La grâce est le Soi. Vous n’êtes jamais hors de son activité. La grâce est toujours présente ».
Bref, LA MISE EN VALEUR DU TEMPS ne peut exister que par le mental et pas autrement. C’EST L’INSTALLATION DU CHAOS HUMAIN À LA PLACE DU SAINT CHAOS DES EAUX PRIMORDIALES : TERMINÉ ET MINÉ, ON NE RECULE PLUS, ON AVANCE DANS LA DIALECTIQUE MENTALE ET D’OBJETS HISTORIQUES : CETTE CRÉATION NOUVELLE (big bang) allait désormais s’appliquer aux océans, continents, montagnes, soit effectivement une
”mise en valeur du temps” : l’espace-temps naissait modèle géographie et géométrie. Ce sera le commencement du politisme, des rites et coutumes, des lois humaines surtout. Terminée le Merveilleux enterré par le causisme (bien qu’on en reviennent, un peu, au
”principe d’incertitude”), mais surtout enterré par le mental ou la
”raison”.
On passait d’un Moi-Collectif unique à son inverse : un Moi-Individuel total, surtout à cause des Anciens Grecs après Alexandre, où l’on voit se développer une vie individuelle, déjà prémisse du consommateur au
”pouvoir d’achat” ou du
”citoyen” devenu le ROI en France depuis 1789 ! Un roi individu-el : faux divin avec naissance d’une palanquée de religions (celles du totem-Ciel, et celles du Totem-Forêt, le tout ne pouvant provenir que de Mère Nature ou Terre-Mère-Père (Terre-Père-Mère). L’Homme originel tenta d’inventer la
”libération”, car IL SE CROYAIT sous une
”emprise aliénante de Mère-Nature”, ”cannibaliste et incestueuse” pour inventer son
« Père culture » ou actuel Patriarcat des trois
religions abrahamistes, qui contaminent la planète, sauf l’Inde, la Chine, les Corées et le Japon.
[En référence principale à :
Ramana Maharshi au jour le jour, période de début janvier 1946]
[En haut de page : aquarelle de Michel Roudakoff : campagne de
La Jarne en juillet 1993, année de la mort de son père]
Notes.
1. LA PRIÈRE : cheminer sur le sentier vers Saint Jacques de Compostelle.
LE CHEMIN : LE RETOURNEMENT DE LA LUMIÈRE : voir Le Récit d’un Pèlerin à la recherche de la Prière, par l’Archimandrite Michel Kozlov, soit ce Retournement de la Lumière : « Assieds-toi seul et en silence. Incline la tête. Ferme les yeux. Imagine l’intérieur de ton cœur. Fais revenir ton intellect, c’est-à-dire ta pensée, de la tête jusqu’au cœur. En respirant, prononce doucement avec tes lèvres ou dans ton mental seul :
« Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, prends pitié de moi »… Essaie de chasser toute autre pensée. Prends patience et répète souvent cet exercice ».
Un pèlerin à la recherche de la prière : la recherche de l’Instant, qui est aussi le Soi :
« Demandez et l’on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira », Luc 11, 9 (frappez dans le sens des actes DIVINS).
Le
japa [en sanskrit la répétition d’un nom divin ou d’une formule) de Michel Kozlov :
« Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, prends pitié de moi », répété 3000 fois dans les 24 heures d’une journée.
« Que tu sois debout ou assis, en marchant ou couché, prononce continuellement ces paroles :
« Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, prends pitié de moi » - ni à voix haute ni à la hâte. Fais cela exactement trois milles fois par jour, sans de toi-même en ajouter ni en retrancher aucune. De cette façon, Dieu t’aidera à atteindre l’action incessante du Cœur », dit le starets page 29 de l’édition du Cerf, dans la nouvelle traduction du russe de Chantal Crespel-Houlon, le vrai texte du Pèlerin russe.
2. Telle une mouche ou une guêpe qui cherche à sortir d’une pièce alors que l’autre moitié de la fenêtre de cette pièce est ouverte.