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La voie du divin et le rêve Suggérer par mail
 

Ecrit par Sechy, le 30-01-2010 14:43

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Publié dans : Les News, Dernières news

Tags : Conscience, Divin, Nuit, Rêves, Songes


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La voie du divin et le rêve

Extrait du dossier du Journal NEXUS n° 63 de juillet-août 2009
Réalisé par Azou Minihy, Jean Dhot et Laudator.
 
 
Voir aussi :
 
Dans de nombreuses traditions, le rêve ouvre la voie du monde des esprits et des dieux. Il fournit conseils avisés, révélations, solutions. En Occident, l'Église ne l'entend pas de cette oreille...
 
 
Fils de la Nuit et du Sommeil, Morphée, le dieu ailé prend l'homme dans ses bras toutes les nuits pour le conduire dans son domaine et, prenant la forme de ceux qu'il connaît, il le leurre, lui montre la réalité ou le berce dans un repos bienfaisant. Telle était la vision que les Grecs avaient du rêve : il se situe quelque part entre le monde ordinaire et celui des dieux, entre la veille et le sommeil.
Il est aussi une expression de l'interpénétration complète entre le monde humain et le monde divin. Pour celui qui en connaissait les arcanes, il était possible de lire les traces de cette présence et, éventuellement, de passer d'un monde à l'autre. Le recours à la transe lors des rituels dédiés à Dionysos en était l'un des moyens. Le rêve, lui-même manifestation du dieu Morphée, en était un autre. Le rêve était donc de nature divine et, par lui, l'homme avait accès à la face ordinairement voilée ou occulte de son existence.
Aujourd'hui, l'une des sociétés où l'empreinte du rêve est encore très forte est celle des aborigènes d'Australie. Pour eux, il existe deux types de rêve, chacun avec un rôle particulier Le premier est le rêve créateur du monde, c'est « le temps du rêve » (djukurrpa) : avant que l'homme n'existe, les dieux on créé le monde par leur rêve. Il s'agit donc de l'essence vitale de tout ce qui forme notre univers ; le monde animé et monde inanimé en sont l'expression. Ce temps du rêve est l'origine de l'ordre des choses, une sorte de loi primordiale imprégnant toute la vie, sous tous ses aspects sociaux, culturels, spirituels, etc., à laquelle on se réfère en permanence.
Le second type de rêve pour les aborigènes est celui de l'expérience onirique quotidienne (kapukurr). Ce rêve est un trait d'union entre le monde ordinaire et celui du « temps du rêve » auquel il donne accès. Les trois dimensions composant la vie - le rêve primordial, le rêve quotidien et l'état de veille - sont considérées comme ayant une existence réelle. Ces trois mondes ont donc une matérialité, ou, si l'on prend le point de vue inverse, le monde matériel est aussi intangible que pourrait l'être celui du rêve. Le rêve est par conséquent toujours dynamique et, dans le cas du rêve ordinaire, il renvoie toujours à une réalité, soit directement en lien avec « le temps du rêve », soit en lien avec le monde matériel. Il est donc le lien subtil entre, d'une part, la loi des ancêtres et la création du monde, et, d'autre part, l'ordre actuel et ses contingences.

Le rêve de la baleine
Outre les cultures australiennes, c'est dans les traditions chamaniques et amérindiennes que le rêve conserve une place sinon centrale, du moins très importante dans la vie quotidienne et dans la perception de l'univers qui nous entoure. Pour la majeure partie des Amérindiens d'Amérique du Nord, la subtilité du monde peut être connue à travers le rêve. Une des légendes les plus communes, avec cependant des variations, rejoint la perception australienne de l'origine du monde. Au commencement, le Grand Esprit régnait, sans début ni fin, sans autre état que le vide, quand il fit un rêve : c'est ainsi que naquit la lumière, et avec elle les couleurs, la profondeur, l'opacité ou la transparence. À son tour, la lumière rêva et conçut les notions de pesanteur et d'apesanteur, faisant naître ainsi la première pierre d'où jaillirent toutes les roches, des plus fines et éclatantes aux plus dures et froides. Mais, à son tour la roche primordiale rêva de douceur et de souplesse, faisant naître la fleur d'où naquirent tous les végétaux, des plus fragiles aux arbres les plus majestueux... Du rêve des végétaux naquirent les animaux ; le plus noble d'entre eux, la baleine, rêva à son tour et l'homme apparut. Capable dans ses rêves de recréer un monde, l'homme peut aussi remonter le chemin des origines pour revenir au Grand Esprit, à la fois vide et source de tout.
Toujours dans l'univers amérindien, le caractère divin du monde se manifeste sous la forme d'éléments naturels ou d'animaux qui lui apparaissent de manière singulière (nuages insolites, attitudes animales extraordinaires...). Si la lecture du caractère divin du monde est évidente pour qui sait en reconnaître les signes, il est aussi possible que, dans le rêve, un contact réel s'établisse avec cette nature sacrée du monde. Cette vision onirique, qui est accréditée par tous malgré son caractère personnel et impalpable, peut autoriser celui qui l'a eue à adopter dans sa vie courante un rôle ou une fonction qui lui est propre.
Dans les traditions chamaniques, ce peut d'ailleurs être un rêve qui indique à tel ou tel, le plus souvent un homme, qu'il est apte à être le chaman de son groupe. Ce rêve met alors en scène une rencontre entre lui et la manifestation d'un dieu dont le rôle est central pour la vie communautaire. Dès lors, outre la transe, le rêve devient l'un des supports ou des moyens par lesquels le chaman entre en contact avec les diverses expressions de la divinité. Le rêve tient une position centrale aussi dans les activités du groupe et, sans être chaman, tout un chacun peut être conduit à décider de telle ou telle action selon l'analyse qui est faite d'un rêve : départ à la chasse ou à la pêche, direction à prendre, changement de l'emplacement du campement, etc.

Rêve médecin
Si le rêve intervient dans les cultures chamaniques comme un outil de diagnostic, il fut longtemps au centre d'une méthode de soin pratiquée de diverses façons partout dans le monde, notamment en Grèce : celle de « l'incubation ». Sur les conseils d'un prêtre, le plus souvent initié aux mystères des oracles, le malade se rendait dans un lieu marqué par la présence d'une divinité, fréquemment une grotte (pour les lieux les plus anciens), ou un temple bâti (pour les lieux les plus récents).
Après un rituel approprié, le malade dormait et, selon la nature du rêve qu'il faisait, il était possible au prêtre d'établir un diagnostic, mais aussi de trouver le remède recherché. Comme s'il avait le pouvoir de se fondre dans le corps du malade, le dieu du lieu était supposé apparaître dans le rêve, soit sous la forme qui lui était traditionnellement reconnue, soit sous une forme symbolique. Si d'aventure rien ne se produisait après cette « incubation », le malade était considéré comme incurable.
Si cette pratique a disparu sous cette forme en occident, il en subsiste une dans les traditions populaires qui en est fort proche. Le recours au rêve vise à trouver une solution à une difficulté ponctuelle. Il suffit d'invoquer le dieu auquel on croit avant de s'endormir et, lors d'un rêve, la solution est supposée apparaître soit directement à travers un conseil émanant de ce dieu lui-même, soit indirectement, à travers l'analyse de son contenu.

Rêve païen
Mais attention, toutes les traditions soulignent que par sa subtilité, son caractère imprévisible aussi, le rêve est potentiellement la voie royale des influences négatives. Elles apparaissent alors sous la forme de cauchemars ou de troubles qui insidieusement font perdre toute notion de la réalité. Déjà, il y a des milliers d'années, Dimme, la grande déesse sumérienne, est non seulement un démon monstrueux, cannibale, qui se repaît des enfants dont elle provoque la naissance prématurée, mais aussi un esprit malin qui trouble le sommeil. Elle s'immisce dans les rêves, perturbant les nuits jusqu'à en faire perdre la raison. On peut reléguer cette croyance au rang des visions caduques et mythologiques de la part obscure du rêve, mais de telles situations n'appartiennent pas qu'au passé. Un témoignage récent, que nous avons recueilli lors de la préparation de ce dossier, montre de façon très prenante que le rêve revêt encore bien des mystères (voir ci-dessous).
Progressivement, en occident, en raison d'une morale chrétienne de plus en plus forte, rêver ne fut plus considéré comme un élément positif de l'existence, -ouvrant au divin, mais comme un aspect de la vie dont il fallait se méfier(1). La nuit, le sexe, les rêves, tout ceci appartenait à la face obscure du monde et de l'humanité ; leurs descriptions en sont culpabilisantes pour celui qui écoute les discours de l'Église. Ils appartiennent à la noirceur des croyances païennes qu'il faut combattre. Né il y a 1500 ans, ce discours était encore d'actualité lorsque les populations amérindiennes, océaniques, inuits, ou africaines ont été christianisées par les missionnaires de tout crin !

Rêve malin
À la fin du Moyen Âge, sous la pression des inquisiteurs notamment, les choses se sont précisées quant au caractère sexuel des rêves. On a commencé à penser qu'à côté des rêves inspirés par Dieu, ou neutres, certains pouvaient être inspirés par le Démon ou ses sbires, notamment les succubes, des démons féminins qui entraînent le dormeur dans leur univers fantasmatique, et les incubes, leur contrepartie masculine. Le rêve, toujours vu comme une porte, prenait une dimension physique car le dormeur ou la dormeuse était censé avoir des relations sexuelles avec le Démon, et même procréer. La vision de l'archange Gabriel annonçant à la Vierge Marie la procréation par le Saint-Esprit devait rester unique, bien installée dans les lumières de la mystérieuse volonté divine. Pour les autres femmes ayant ce genre de vision, la seule explication retenue était une fois encore celle d'une présence diabolique. Il fut déclaré que, répétées, ces expériences pouvaient aboutir à la possession complète du dormeur. Nombreuses furent ainsi les femmes accusées d'avoir des relations sexuelles avec le Démon lors de leurs nuits. La pression sociale fut telle que les rêves érotiques - un type de rêve pourtant partagé par toute l'humanité ! - furent perçus comme un signe de l'intervention des incubes et des succubes. Pour ne pas avoir à souffrir des représailles, nos ancêtres prirent bien soin de refouler leurs expériences nocturnes !(1)


Note.
1. L'interprétation des rêves a fait l'objet d'interdictions formelles par l'Église dès le début de l'ère chrétienne. Jusqu'en 1994, un article du code pénal (code Napoléon 1810) punissait d'une contravention de troisième classe « les gens qui font métier de deviner et pronostiquer, ou d'expliquer les songes » (article 34-7).


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Un être gris d'une violence extrême

Le propre du songe ordinaire est de rester de l'autre « côté », ne nous laissant au réveil que des images, des sensations, des émotions plus ou moins tenaces. Mais il arrive que le rêve rencontre la réalité et entre en interactivité avec elle, phénomène troublant qui échappe à toute explication rationnelle. Exemple vécu.

Les rêves de Ken changèrent de nature après qu'il eut fait la connaissance d'un Anglais, Woody, avec qui des liens très étroits s'étaient spontanément noués. De légers et agréables, les rêves de Ken devinrent rapidement dérangeants, comme habités par une présence sourde et envahissante qu'il était impossible de percevoir clairement. D'ordinaire colorés, ses rêves étaient devenus sombres, comme une sorte d'univers noir où il avait conscience de dormir et de rêver, mais qui n'était habité par rien d'autre que par cette présence désagréable. Une nuit, l'expérience se fit plus nette, au point que Ken put voir, dans son rêve, une silhouette grise qui se tenait à côté de son corps endormi, une silhouette sans contours définis, dont la force semblait vouloir pénétrer en lui, comme par capillarité. Une violence extrême se dégageait de cet « être ».

La nuit suivante, le même rêve eut lieu, mais cette fois, Ken, qui était conscient de rêver, put se forcer à se réveiller. Il aperçut alors, près de son lit, la silhouette du rêve. Quelques jours plus tard, alors qu'il revoyait en rêve cette silhouette d'où émanait une puissance effrayante, il eut la sensation que quelqu'un s'asseyait sur son lit et s'apprêtait à l'étrangler. Réveillé en sursaut, il crut mourir étouffé car il y avait bien un poids sur son lit, et autour de son cou, quelque chose qu'il interpréta comme des mains. Une lumière dans la chambre, fort heureusement, mit un terme à ce cauchemar éveillé. Il en fut ainsi pendant plusieurs semaines, avec une présence de plus en plus menaçante, Ken trouvant parfois au matin des marques de strangulation autour de son cou. Il s'aperçut alors que ce rêve survenait chaque fois qu'il avait eu ou qu'il allait avoir la visite de son ami anglais. Prenant son courage à deux mains, car l'histoire n'était pas banale et pouvait laisser supposer qu'il avait de sérieux troubles psychologiques, il décida de s'en ouvrir à lui, A l'audition du récit des rêves et des visions qui avaient pu survenir après les rêves, Woody, qui était d'ordinaire enjoué, changea d'expression. Il confia alors à Ken qu'une dizaine d'années auparavant il avait participé activement à des rituels sataniques. Lors d'une invocation particulièrement puissante, un être gris, en tout point semblable à celui que Ken avait vu, lui était apparu, voulant faire de lui son support physique. Woody avait d'abord accepté, puis il s'était ravisé. Il fit alors le récit d'une lutte qui dura dix jours pendant lesquels cet être gris tenta de le posséder complètement, apparaissant matériellement ou dans ses rêves. Au terme de cette épreuve, la silhouette grise lui annonça que l'issue victorieuse du combat n'était que partie remise : il reviendrait le jour où lui, Woody, serait vraiment amoureux.

Dix ans avaient passé et Woody avait fini par oublier cette affaire. Le récit de Ken le troubla au plus profond de son être car cela faisait quelques mois qu'il avait rencontré une femme avec qui tout semblait pouvoir être parfait. Or, tout ce que Ken avait vécu en rêve correspondait à ce que lui, Woody, avait vécu en réalité. Pour lui, tout était clair : la présence malfaisante invoquée autrefois était de retour dans sa vie. Les jours suivants furent comme un cauchemar éveillé, autant pour Ken que pour Woody. L'affaire s'arrangea de façon très étonnante. Le hasard, si tant est qu'il existe, voulut que Woody rencontrât fortuitement un cousin de Ken qui était très proche de religieux tibétains, ce qu'il ignorait. Peu après, Ken retrouva ses rêves légers, même lorsqu'il recevait la visite de son ami. Un jour, Woody lui demanda s'il existait un lien entre lui et les religieux tibétains ; surpris, Ken parla de son cousin. Le visage de Woody s'éclaira alors d'un large sourire : dans un rêve, il avait vu la silhouette grise s'approcher de lui, puis être repoussée, définitivement vaincue par une sorte de dieu terrible, entouré de flammes, en tout point semblable aux dieux protecteurs du bouddhisme tibétain. Depuis ce rêve, plus jamais ni Ken, ni Woody ne revirent la silhouette malfaisante.

> Voir aussi cette page avec le mélange du rêve et de la réalité ou rêve à plusieurs.


Honnis pour onirisme

Les traditions religieuses judéo-chrétiennes regorgent de mises en garde contre les productions oniriques. Une distinction nette est faite entre le rêve inspiré par Dieu, une expérience que vivent certains Prophètes de l’Ancien Testament, et le rêve ordinaire, soupçonné d'être un moyen utilisé par le Mal pour manipuler l'âme humaine. Au début du Moyen Âge, l'Église de Rome définit clairement une typologie des rêves, dès lors classés en trois grandes familles : les rêves neutres liés au quotidien, ceux d'origine divine et ceux d'origine démoniaque. De là, il était considéré comme mauvais d'avoir des rêves trop heureux ou sexuels, car les uns comme les autres pouvaient avoir été inspirés par le Malin sous son aspect de tentateur.
 
 

Dernière mise à jour : 31-01-2010 20:19

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