Forbidden Love - Takizawa Hideaki
 

Ecrit par Sechy, le 22-08-2008 17:29

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Publié dans : Sommaire JDramas, Sommaire Dramas du JAPON

Tags : Amour, Dramas, Forbidden Love, Japon, Love, Takizawa Hideaki

 
Forbidden Love
Majo no Jouken 魔女の条件


滝沢秀明 (たきざわ ひであき) Takizawa Hideaki
 
 
 
« Foutez les cahiers au feu et la maîtresse au milieu ». (Vieille chanson des écoles de Jules Ferry)
 
Première page complémentaire du très beau drama Majo no Jouken, qui est un véritable Roméo and Juliet, tout au moins à notre époque de société coincée dans ses codes, héritage des peurs de la liberté. La liberté dérange, et pour certains, c’est du côté de la fuite du porte-monnaie. Suivez mon regard à propos du mot piratage...
La société qui en France, un peu avant l’an 1000, avait déjà tenté de réfréner la liberté de vivre, chose qui faisait peur à l’establishment du catholicisme. Faire dans les cimetières en l’honneur des morts, des fêtes dites païennes (par les Chrétiens), c’était très mal supporté. L’Église a interdit ça bien-sûr. (1)

Par exemple, au Moyen Âge, le péché originel, péché d’orgueil intellectuel, de défi intellectuel à Dieu est changé par le christianisme médiéval en péché sexuel. L’abomination du corps et du sexe est à son comble dans le corps féminin. (D’après le livre : Un autre Moyen Âge, de Jacques Le Goff).

Faut tout de même savoir qu’à la période gréco-latine, la sexualité et le plaisir charnel sont des valeurs positives, où règne une grande liberté de mœurs. Le christianisme à eu peur de cela, aussi il a condamné la sexualité en général et a mis en place une réglementation. Le christianisme de cette époque était peut-être la victime de l’air du temps : héritage et emprunts aux juifs, gréco-latins, gnostiques, ou c’est encore un coup des Babyloniens. C’est le christianisme qui a fait le lien entre chair et péché. Il est écrit dans l’Ecclésiastique (Bible : XXV, 24) : C’est par la femme que le péché a commencé et c’est à cause d’elle que tous nous mourons. Mais plus loin il insiste : Toute malice n’est rien près d’une malice de femme : que le sort des pécheurs lui advienne ! (Bible, Ecclésiastique : XXV, 19).
 
 
 
L’Église au Moyen Âge devient une société de célibataires. Le plus triste, c’est que paradoxalement elle enferme la société laïque dans le mariage ! Il n’y a qu’à regarder Majo no Jouken qui illustre parfaitement ça, et en 1999.
Curieusement, jusqu’au XIIè siècle, l’Église avait manifesté, dans la pratique au moins, une grande indulgence à l’égard de l’homosexualité. Une Gay Culture avait même pu s’épanouir à l’ombre de l’Église et souvent en son sein. Ça se passe au XVè siècle en Russie, mais on peut l’observer dans une courte séquence discrète du film d’Andreï Tarkovsky : Andreï Roublev, où deux moines se témoigne une affection troublante et à peine déguisée. Là il n’est plus question de Forbidden Love... Peut-être à cause de la censure du régime soviétique, Tarkovsky n’a pas insisté ou développé cette séquence.
Après le XIIè siècle, c’est foutu, l’indulgence est terminée, on lutte contre la sodomie, qui est rapprochée de l’hérésie dans un amalgame des plus redoutable. Comme l’écrit encore dans son livre cité plus haut, Jacques Le Goff écrit qu’après ce XIIè siècle, le sexe reste gibier d’Enfer. Les « besoins naturels », qui ne pouvaient s’exprimer dans la prison du mariage, s’épanchaient dans les bordels et les étuves.
Il ne faut pas oublier aussi que jusqu’en 1985, en France, l’homosexualité masculine ou féminine était considéré comme une maladie mentale. Mais là encore, héritage du christianisme, ou d'autre religion, l’homophobie n’est hélas pas éteinte, et la peur de celui qui n’est pas « normal », qui ne pense pas comme tout le monde, peut faire commettre l’irréparable. Malheureusement à notre époque, il existe encore sept pays où on exécute des homosexuels : Afghanistan, Arabie saoudite, Iran, nord du Nigeria, Mauritanie, Soudan et Yémen.

 
 
Et jusqu’au milieu du 20è siècle, en France, pour entrer dans les chemins de fer privés ou de l’État, à ma connaissance il fallait fournir un certificat de bonne vie et mœurs.

En un survole très rapide, on peut essayer de voir le pourquoi de ceux qui on mis en place des codes et ensuite des lois pour mieux contrôler la population. Le drame que vivent Michi, 26 ans (joué par Matsushima Nanako) et Hikaru, 17 ans (joué par Takizawa Hideaki, Tackey) est magnifique. Ils ont à lutter de toute leur vie contre cette société castratrice, coincé dans ses codes et ses conventions hypocrites, liés aussi à l’argent, c’est flagrant dans le drama puisque la mère de Hiraku est la riche propriétaire d’un hôpital. Tous semble se liguer contre eux, jusqu’aux voisins des parents de Michi qui sont victimes de harcèlement téléphoniques anonymes, pour les salir et les accuser d’avoir « mal élevé » leur enfant. Le plus méchant dans le drama, c’est la mère de Hiraku, terrible femme vampirisante, qui fouille dans les affaires de son fils, qui donne de l’argent à une jeune fille tutrice pour espionner son fils. Mère hypocrite, qui veut garder son beau petit chérie pour elle toute seule et donc ne supporte pas que Michi le lui vole. Les mères couveuses ne se rendent pas compte qu’elle font le malheur de leur enfant, surtout dans le cas du fils ou de la fille unique. Quand au père de Michi, sous ses allures de sévérité et de pète-sec, il est plus victime que bourreau. Mais la mère d’Hiraku, il faut la pendre par les pieds ! Regardez le drama, j’exagère à peine, cette mère enfonce son fils dans le doute, elle veut le détruire ; elle a la volonté et les moyens de payer quelqu’un pour mettre le feu à la moto d’Hiraku.

Intolérable l’hypocrisie de cette société qui condamne pour détournement de mineur et même accuse Michi d’avoir kidnappé Hiraku, tout de même âgé de 17 ans, ce n’est plus un enfant. La loi est la loi vous répondrait-on ! A 17 ans on est toujours un mineur. Voir les âges de la majorité civile dans quelques pays occidentaux sur le Wikipédia.

 
 
Au Japon, l’âge de la majorité civile est fixé à 20 ans, donc dans Majo no Jouken il y a comme « une erreur » puisque Hiraku attend d’avoir 18 ans pour être majeur, comme chez nous en France, « et vacciné »... C’est-à-dire que les japonais ne sont pas à l’abri de prendre une bonne cuite pour fêter leur majorité, dans les rues de Tokyo ou d’ailleurs.

Je n’ai pas de référence précise mais au Moyen Âge, en France par exemple, il y eu bien des « Amours Interdits » entre un garçon et une femme plus âgée, ou entre un homme de 25 ans et une jeune fille de 16 ans. Et les rois prenaient bien leur pouvoir à peine sortie de l’enfance.

Une autre violence de société que je n’ai jamais comprise, celle des exécutions capitales. En 2008, enfants et adultes peuvent voir des horreurs aux informations sur la télévision ou dans d’autres médias ; jusqu’en 1939, chez nous en France, on pouvait voir des exécutions capitales. Si les parents pouvaient emmener leurs enfants voir un homme se faire rouer vif par un bourreau en place de grève, je me demande où est la violence : dans la censure contre l’Amour de deux êtres avec une différence d’âge non accepté, ou dans le sadisme étatisé des condamnés à mort. La guillotine était d’une violence et d’une barbarie sans nom et indigne d’un pays qui se dit civilisé...

Je pense à l’horreur de l’exécution, DANS LE DOUTE, le 28 juillet 1976 du jeune Christian Ranucci. Hypocrisie de cette société, monstruosité plutôt. Une arme efficace pour combattre cela : LE RIRE.
Et il y a pas si longtemps, certains dictateurs exposaient les têtes coupées de leurs ennemis sur les remparts de la ville, aux yeux de tous, y compris des enfants...
Enfin ! qu’est-ce que c’est cette société où on passe son temps à demander à l’autre pour engager la conversation et par convention : comment ça va ? il fait beau aujourd’hui !
Si cet engagement de conversation sur la pluie et le beau temps roule sur 5 minutes, si il est repris le lendemain, ça peut donner 12 ou 14 ans de banalité confortable ; le reste étant employé à naître, à geindre, grandir, boire, manger, dormir, et voter d’une manière éclairée pour ne pas paraître un mauvais citoyen, comme l’écrit avec humour Villiers de l’Isle-Adam.
 
 
 
Si j’avais été empereur vers l’an 100 de notre ère, un peu comme l’empereur Hadrien, et si Takizawa Hideaki avait vécu à cette époque, j’en aurai fait à coup sûr mon favori, tout comme le favori d’Hadrien, le bel Antinoüs, qui aux dires de quelques écrivains, était fougueux, hardi, passionné, affectueux, maussade et renfrogné, et d’un caractère efféminé. Ce qui ne la pas empêché de mourir de noyade à 18 ans. Maintenant, pas d’associations douteuses, je ne connais rien du caractère de Takizawa Hideaki.
« Il est-à moi, a moi, j’ai le pouvoir absolu... » comme disait Elliot à son grand frère, à propos du E.T. dans le E.T. de Steven Spielberg. Je parle bien-sûr de Takki !

Il est bon de se souvenir, et en référence aux anciennes sociétés : tout jeune homme, qui du temps des anciennes républiques, ne pouvaient, à 20 ans, justifier d’un ami, d’un second lui-même, était déclaré sans conscience, infâme. Voir : Achille et Patrocle, Pylade et Oreste, etc. (Cité dans L’Éve Future, de Villiers de l’Isle-Adam)

Attention de ne pas mélanger goût de l’esthétisme du physique avantageux, amour et affection, et sexe !...
Le plus beau des Amours semble celui qui EST IMPOSSIBLE et où il y a TRAGÉDIE. Il n’y a donc pas de sexe la-dedans !
J’ai en mémoire la merveilleuse et tragique Histoire d’Amour du livre de l’écrivain visionnaire Villiers de l’Isle-Adam : L’Éve Future. L’Amour d’un homme pour un Andréide (robot), ici un robot féminin électro-humain, ou une robote. Ça fini mal bien-sûr.
D’abord : un jeune homme de 27 ans, de haute taille et d’une rare beauté virile.
Ensuite, le premier Amour est très pénible, mais c’est surtout le dernier, et donc le seul.
Ensuite, peu importe ce que dure la beauté pourvu qu’elle soit apparu.( Là c’est fondamental, le temps n’a rien à faire là-dedans ; et les recommencements non plus).
 
 

L’Amour absolu selon Villiers, ou une certaine idéalisation de l’INSTANT :
Éterniser une seule heure de l’amour, la plus belle, celle, par exemple, où le mutuel aveu se perdit sous l’éclair du premier baiser, oh ! l’arrêter au passage, la fixer et s’y définir ! y incarner son esprit et son dernier vœu ! ne serait-ce donc point le rêve de tous les êtres humains ? Alors il ne s’agit pas de jouir uniquement de la beauté physique, mais de tenir compte surtout DE CE QUI L’ANIME.
- Ils demeurèrent silencieux et enlacés pendant quelques secondes : le sein de la jeune femme se soulevait et le troublait de ses effluves enivrantes : il la pressa dans ses bras...
 
- Antinoüs, couché au fond de la barque, avait appuyé la tête sur mes genoux ; il feignait de dormir pour s’isoler de cette conversation qui ne l’incluait pas. Ma main glissait sur sa nuque, sous ses cheveux. Dans les moments les plus vains ou les plus ternes, j’avais ainsi le sentiment de rester en contact avec les grands objets naturels, l’épaisseur des forêts, l’échine musclée des panthères, la pulsation régulière des sources. Mais aucune caresse ne va jusqu’à l’âme. Le soleil brillait quand nous arrivâmes au Sérapéum... (Mémoires d’Hadrien, Sæculum aureum, de Marguerite Yourcenar)
 

L’Amour d’Hiraku pour Michi : « J’aimerai que le temps s’arrête ». Voilà qui serait une bonne définition pour le TEMPS SACRÉ. Oui, mais Hiraku, prend garde à ne pas être pris au nier ! car sur ton affiche du drama tu es enchaîné à Michi... (Être ensemble pour toujours). Flues toujours et encore, car la vie est un déploiement, et tu n’as pas à atteindre un point donné. Déploie, déploie, mais ne t’incruste pas ! Ainsi tu respecteras la discontinuité de la Nature. C’est important.


Michel Roudakoff
 
 
 
 
 
 
 
Note.
1. Ayant un certain rapport avec les idées trop reçues, et les choses mises à l’envers à notre belle mais sinistre époque, on peut consulter cette page très intéressante.
 
 
 

Dernière mise à jour : 24-08-2008 22:53

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