Animal Farm
 

Ecrit par Sechy, le 01-12-2008 02:44

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Publié dans : Présentation Dessins Animés, Dessins animés divers

Tags : Animal Farm, Dessin animé, John Halas, Joy Batchelor

 
Animal Farm
La Ferme des Animaux
 
 
Sur IMDB : http://www.imdb.com/title/tt0047834/combined
The Halas and Batchelor Collection : http://www.halasandbatchelor.co.uk/

Dessin animé anglais de long métrage de Joy Batchelor et John Halas, commencé en 1952 et tourné en Technicolor, d’après une fable de George Orwell. Date de diffusion en salles : 1956, date où le film a reçu le prix du meilleur film d’animation.
Développement du scénario : Lothar Wolff, Borden Mace, Joseph Bryan III, John Halas, Joy Batchelor.
Direction de l’animation : John F. Reed
Animation : E. Radage, A. Humberstone, R. Ayres, H. Whittaker, F. Moysey.
Layout (mise en place) : Geoffrey Martin.
Décors : Digby Turpin, Matvyn Wright, Bernard Carey.
Banc-titre : S. G. Griffiths, J. Gurr, W. traylor, R. Turk.
 
 
 
 
George Orwell a fait cette fable satirique contre les mœurs politiques de son temps. Les animaux se révoltent contre leurs rudes propriétaires, et ils organisent une révolution en adoptant une forme de démocratie communautaire. Les porcs, qui sont les plus intelligents, ont été choisis pour diriger cette communauté. Mais en même temps et au début de la naissance de cette démocratie, une révolte se développe et elle évoluera vers la dictature. Ainsi le porc le plus fort et le plus intelligent, appelé « Napoléon », deviendra le dictateur.
La partie finale de l’histoire est malheureuse, car les porcs, qu’ils soient amis ou ennemis, supportent tous le dur travail imposé avec habilité par les humains, lesquels exploitent leur richesse énergétique.
La plus heureuse action dans le film est celle représentant les animaux capables de s’organiser pour résister aux meneurs qui les trahissent.

(Traduction de l’anglais par Nicolas Roudakoff)
 
 
 
Dès les premières images du décor filmé en banc-titre multiplans, je sens l’atmosphère du peintre anglais John Constable (1776 - 1837), le plus célèbre paysagiste de l’histoire de la peinture anglaise. On peut le considérer comme le précurseur des impressionnistes français. Mais c’est surtout un romantique proche des poètes de son époque. La touche des décors du film sent la gouache, de par ses coups de pinceaux très peu humide et ses traînés laissées par les poils. Certains décors me font aussi penser au peintre Balthus. D’autres décors m’évoquent les illustrations des livres de Mariane Schell : Krischan der Bauernjunge (1934).
 
 
Question ambiance au début par exemple, c’est très bien rendu, de par la musique de Matyas Seiber, ample, avec une sonorité orchestrale travaillée et renforçant l’atmosphère sinistre, lourde et tendue ;  et par l’animation, discrète, bien dosée. Le paysan propriétaire de la ferme rentre ivre et tyrannise ses animaux. Ils en ont tous marres et la nuit se réunissent auprès du plus gros et du plus sage des porcs. Celui-ci leur parle là où ça fait mal : les chevaux tirent des charges énormes, dès que les poules ont pondues on leur pique leurs œufs, les moutons couchent sous la neige, et vous savez bien-sûr comment finissent les cochons. Dans l’assistance, un gros cochon gris et noir s’est fait sa place au premier rang et semble agressif. On saura plus tard qu’il s’agit de Napoléon ! (C’est moche pour le perdant de Waterloo mais c’est bien fait pour lui !).
La lip animation, ou en français l’animation des bouches pour les dialogues des personnages est bien travaillée ici.
Après cet soulèvement de l’assistance, tous les animaux chantent en leur langage propre pour s’encourager. C’est drôle et sympathique et ça en émeut le gros cochon qui chante aussi en langage cochon. Hélas c’était son dernier souffle. Le chant suivant est un chant de désespoir.
 
 
Encore une fois et pour le plaisir des yeux, il y a des plans typiques des études de jeunesse de Constable. A ce début, je trouve qu’Animal Farm est de la même qualité que Le Roi et l’Oiseau de Paul Grimault. J’y retrouve un gros travail de sculpture sur les décors, les personnages, l’organisation des couleurs, et surtout l’essentiel est montré il n’y a rien en trop ou de rajouté. Voir ci-dessous les quelques photos de dessins pour la préparation du film. (Dessins provenants du livre de Roger Manvell : The animated film, 1954). Animal Farm est vraiment un très beau dessin animé.
 
 
Un animateur à sa table de travail.
 
Pour en revenir aux animaux, leur maître semble avoir oublié de leur donner à manger. Reste plus qu’a se servir soi-même ! Le paysan s’enfuit et ramène ses collègues. Ça va chauffer... mais pour les paysans !
Les animaux s’installent et font le ménage : la hache pour tuer les cochons part dans le puits, ainsi que les ciseaux pour la tonte des moutons.
On a droit encore à une séquence touchante et naïve : les animaux fêtent en chantant leur victoire devant un grand feu. Le bâtiment du proprio est maintenant vide. Aux animaux la belle vie ! C’est-à-dire qu’ils organisent le travail comme ils l’entendent. Et ça donne une séquence étonnante d’inventions, de beauté des décors campagnards. Après ces gros travaux les animaux ont un grenier plein à craqué de nourriture. Ils leur reste à s’instruir : certains apprennent l’alphabet des humains, celui des pays européens bien-sûr. Les petits cochons apprennent à compter à l’aide d’un boulier. La chèvre ne se contente pas seulement de lire mais elle bouffe aussi les pages du livre. C’est à ce moment là que Napoléon prépare un mauvais coup.
A l’aide de chiens à sa solde qui évincent le cochon blanc organisateur du travail des animaux, Napoléon prend par la force le pouvoir. Alors c’est un autre genre de travail qui attend les animaux... Tout au moins pour une catégorie d’entre-eux ; car les cochons, ceux de la catégorie de Napoléon ont une autre vie... Notamment Napoléon : il se fait carrément livrer des confitures. Pourtant les animaux ont écrit une loi ou des commandements, et les deux derniers sont : Kill another animal. All animals are equal ! Comme Napoléon a le pouvoir il modifie les commandements à sa guise.
 
 
 
Comme tout dictateur qui se respect, Napoléon cultive son idolâtrie avec un immense portrait au-dessus de l’estrade où il harangue les autres animaux. Il ne lui manque plus que les statues à son effigie et c’est complet ! Il ne lui manque plus que de s’en mettre aussi plein les poches en exploitant le pauvre monde, ce qui ne va pas manquer d’arriver. Ce film est prémonitoire, car dans un plan j’ai l’impression de voir le dictateur Videla saluer la foule à une coupe du monde de football. Sans aller aussi loin on peut se demander si la France de Sarkozy ne devient pas un état de dictature d’opérette avec l’affaire de l’interpellation musclé du journaliste Vittorio de Filippis, ex directeur du journal LIBÉRATION.
Qui dit le mot de Napoléon dit la guerre ! et c’est ce qui va se passer à la ferme entre humains et animaux...
 
 
TENSION CHART - FILMOGRAMME
 
Après bien des misères, Boxer, le cheval tombe très malade. C’est l’âne Benjamin qui le soigne. J’ai rarement vu un film avec des animaux dessinés aussi vivants, aussi touchants et émouvants, et qui ne sont pas que des caricatures anthropomorphiques comme dans les films des Studios Disney ou autres cartoons chloroforme.

C’est un chef-d’œuvre qui supporte largement plusieurs visions, et à la gloire des animaux qu’on persécute, exploite pour leur énergie à tirer des charges, pour leurs fourrures, leurs poils, leurs viandes, leurs œufs, leurs huiles, bref il y a de quoi devenir végétarien. Pour moi c’est déjà fait....
 
 
 
Même le plus court dessin animé est une épreuve pour réaliser l’idée de départ. Cette idée doit être développée sur papier... jusqu’à ce que le temps de la production arrive. Si l’idée est bonne et semble importante, il est souhaitable de s’entourer de collaborateurs et ensuite de préparer les phases de la production. Il faut savoir que les créateurs de dessins animés travaillent avec dévotion, amour même. C’est ce qui permet d’accomplir ce travail hautement qualifié. Sans l’amour du travail bien fait on ne peut pas réaliser un dessin animé.
Grand grand bravo aux animateurs d’Animal Farm qui ont su traduire admirablement le comportement des animaux, et leurs caractéristiques sans trop tomber dans la caricature outrée.
Grand grand bravo aux décorateurs, car c’est la première fois que je vois traité si élégamment et si sculpturalement le feuillage des arbres.

Vive la liberté ! comme pour le Roi et l’Oiseau, telle pourrait être aussi la devise d’Animal Farm.
Et surtout pas la devise tordue de Napoléon (celui d’Animal Farm) :
Tous les animaux sont égaux, mais certains animaux sont plus égaux que d'autres.
Tout comme Herbert George Wells, George Orwell était un visionnaire.


Michel Roudakoff
 
 
 
 
 
 
Animation de Napoléon
 
 
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Dernière mise à jour : 01-12-2008 04:00

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