La maîtrise du mental : « On y parvient en contrôlant la respiration. Vous pouvez pratiquer cela par vous-même, sans autre aide, et le mental est maîtrisé. Autrement, il est maîtrisé spontanément en présence d’un Pouvoir supérieur. Telle est la grandeur de la fréquentation des sages (
sat-sanga) » (
Ramana Maharshi, entretien 10 du 15-5-1935). Et dans l’entretien 25 du 4-2-1935 : « Les sages affirment. ‘Je’ suis au-delà même du sommeil. ‘Je’ dois exister maintenant et ici et être le même que celui que j’étais durant le sommeil et au cours des rêves, sans avoir été affecté par les qualités de ces états. ‘Je’ dois donc être le substrat non qualifié, sous-jacent à ces trois états (au-delà de l’
ânandamaya-kosha : enveloppe faire de Félicité) »).
Ânanda : félicité.
Ânandamaya-kosha : Une seule et unique pensée exclut toutes les autres, et cette unique pensée finit par d’immerger dans le Soi. […] C’est la Réalité, la véritable Félicité [
nijânanda] (entretien 619 du 1-2-1939).
- Question : D’un côté, on décrit le Soi comme étant
shrotâ (celui qui écoute),
manthâ, (celui qui pense) et
vijnâtâ (celui qui connaît), etc., et de l’autre, comme étant
ashrotâ, amanthâ et avijnâtâ, c’est-à-dire celui qui n’écoute pas, ne pense pas, ne connaît pas. Est-ce juste ?
- Maharshi : C’est juste. L’homme ordinaire n’a conscience de lui-même que lorsque des modifications se produisent dans l’intellect (
vijnanamaya-kosha) ; ces modifications sont passagères ; elles se produisent, puis disparaissent. Voilà pourquoi vijnanamaya (ce qui est constitué de l’intellect) est appelée
kosha ou enveloppe. Quand il ne reste plus que la conscience pure, c’est
chit, le Soi ou le Suprême. Demeurer dans son état naturel après l’apaisement des pensées est la félicité. Si cette félicité est passagère, c’est-à-dire qu’elle s’élève et s’évanouit, il ne s’agit que de l’enveloppe de félicité (
ânandamaya-kosha) et non du pur Soi. Après la disparition des pensées, il est nécessaire de fixer son attention sur le pur ‘Je’ et de ne plus le lâcher. Il faut le décrire comme étant une pensée extrêmement subtile, autrement on ne pourra pas en parler, puisqu’il n’est rien d’autre que le Soi réel.
Qui pourrait en parler, à qui et comment ?
Cela est bien expliqué dans la
Kaivalya et le
Viveka-chûdâmani. Bien que dans le sommeil la conscience du Soi ne soit pas perdue, l’ignorance du jiva n’est pas pour autant dissipée. Car pour que cette ignorance soit détruite, l’état subtil du mental (
vritti-jnâna), qui vient d’être décrit, est nécessaire ; simplement exposé au soleil, le coton ne brûle pas ; mais placé sous une loupe, il s’enflamme et se consume par les rayons du soleil qui passent à travers cette loupe. Il en est de même de l’ignorance. En dépit du fait que la conscience du Soi est toujours présente, l’ignorance n’est pas détruite. Si par la méditation cet état subtil est obtenu, alors l’ignorance se dissipe. C’est ce que dit aussi le
Viveka-chûdâmani :
atîva sûkshmam paramâtmatattvam na sthûladrishtyâ [pratipattum arhati] [str.360] (Le Soi suprême extrêmement subtil ne peut être vu par l’oeil physique) ; et
esha svayamjyotir asheshasâkshî [str. 380] (Il brille de lui-même et Il est le témoin de tout).
Cet état subtil n’est pas la modification mentale, appelée
vritti. Car il y a deux sortes d’états mentaux. L’un est l’état naturel et l’autre se constitue par la transformation en objets. Le premier est la Vérité et le second correspond à « celui qui agit » (
kartritantra). Quand ce dernier disparaît [comme la noix qui purifie l’eau
(1) (
jale kataka-renuvat)], seul le premier subsiste.
Le moyen d’y parvenir est la méditation. Bien qu’au départ cela implique la triade distinctive (
tripûti : connaisseur, connu, connaissance), elle se terminera finalement en pure conscience (
jnâna). La méditation exige de l’effort ; en état de
jnāna il n’y a plus d’effort. La méditation peut être pratiquée ou non, ou mal pratiquée, mais avec le
jnâna il n’en est pas ainsi. La méditation relève du
kartr-tantra (celui qui agit), le
jnâna du
vâstu-tantra (le Suprême) ».
(Entretien 624 du 4-2-1939).
Il n’existe que la peur dans la racine du mal : ce que l’autre ou le dehors peut faire, dire, ou penser.
Dans la dualité sujet-objet ou cause-effet : comme pour l’individu qui fabrique le temps qui coule parce qu’IL NE VOIT, de même que lorsque l’on voit des manifestations de violences, on en a peur PARCE QU’ON LES VOIT.
« Si vous plongez dans l’eau pour y chercher un objet, vous ne parlez de sa découverte qu’une fois la tête hors de l’eau. Vous ne dites rien tant que vous êtes sous l’eau.
- Question : Je n’ai pas peur quand je dors, mais j’ai peur maintenant.
- Maharshi : Parce que
« dvitîyâd vai bhayam bhavati [BÂU I.4,2] – seule l’existence d’un autre suscite la peur ». De quoi avez-vous peur ?
- Question : De la perception du corps, des sens, du monde, d’Îshvara [Dieu], des activités, des plaisirs…
- Maharshi : Pourquoi prenez-vous ces manifestations en considération si elles vous effraient ?
- Question : Parce qu’elles sont inéluctables.
- Maharshi : Mais c’est vous qui les voyez. La peur est-elle en vous ou en elles ?
- Question : Non, en moi.
- Maharshi : C’est parce que vous les voyez que vous en avez peur. Ne les voyez plus et la peur disparaîtra.
- Question : Que devrais-je alors faire en état de veille ?
- Maharshi : Soyez le Soi ; et il n’y aura rien d’autre pour vous causer la peur.
- Question : Oui. Je comprends maintenant. Si je vois mon Soi, ma vue est détournée du non-Soi et il y a bonheur. Cependant, il reste encore la peur de la mort.
- Maharshi : Seul celui qui est né doit mourir. Voyez déjà si vous êtes vraiment né pour que la mort puisse vous menacer ».
(Entretien 318 du 7-1-1937).
L’enveloppe de félicité (
ânandamaya-kosha)
ET le pur Soi : enveloppe-VASE, comparable à LA POMME ET À L’OR ROSE : la couleur rose symbole de résurrection et d’immortalité : le Rose de l’Aurore
« aux doigts de Rose » annonçant tous les possibles, sans limite. ROSE : du latin
rosa, le sang du Christ dans Saint Ambroise Psaume 118, n°8,14 (réf.
Glossarium Mediæ et infimæ latinitatis, de Du Cange). Le Rose c’est évidemment la ROSÉE, l’eau en apesanteur….
De tous les fruits la POMME le fruit de l’immortalité et donc de la science et de la sagesse. C’est le fruit du SURFEU SORTE DE CONTRAIRE INSÉPARABLE D’UN NOIR OPPOSÉ AU BLANC « VIDE », et Noir couleur du Renoncement ou Putréfaction, FLÉAU, LES EAUX PROFONDES PRIMORDIALES, LE SAINT CHAOS et Obscurité des Origines (Homère voit l’océan noir). Et entre le Noir et le Blanc de l’Instant se situe le GRIS : L’HUMAIN. Une
photo de Ramana Maharshi le représente assis sur une sorte de cube recouverte d’une peau de félin tâchée de noir et de blanc ; ici il s’agit de l’Initié signifiant le non-manifesté et la manifestation. L’Œuvre au Noir de l’Alchimie est ce Retournement de la Lumière, le VOYAGE PAR LA ROSÉE (tel qu’évoqué par l’initié :
« Je m’estois attaché tout autour de moy quantité de fioles pleines de Rosée, et la chaleur du Soleil qui les attiroit m’esleva si hault qu’a la fin je me trouvé au dessus des plus haultes nuées ». (le premier Vaisseau de Savinien de Cyrano de Bergerac dans
“L’autre monde, la Lune”, au tout début du texte).
Donc mère-veilleusement le Rose, le Noir et le Blanc sont la même nature du Grand Œuvre alchimique ou Putréfaction : le NOIR, qui résume toute l’Œuvre.
La Pomme est donc « Le Pays du Rien du Tout la Vraie Demeure », décrit par Geoffroy de Monmouth dans
Vita Merlini qui y décrit la félicité dans l’Autre Monde :
« L’Île des Pommes, qui est appelée Fortunée, tire son nom de ce qu’elle produit tout par elle-même [elle est donc du même thème que le
Dieu égyptien PTAH]. Il n’est pas nécessaire aux habitants de tracer des sillons. Il n’y a aucune culture, hormis celle dont la Nature prend soin elle-même. Elle produit elle-même d’abondantes moissons, des raisins et des pommes dans ses forêts couvertes de fruits. La terre y engendre tout elle-même, en surabondance, au lieu de l’herbe. On y vit cent ans et plus. Neuf sœurs, par une loi agréable, accordent des droits à ceux qui viennent vers elles de nos régions. Celle d’entre elles qui est la première est devenue la plus savante dans l’art de guérir et elle dépasse ses sœurs par sa remarquable beauté. Son nom est Morgane et elle enseigne quelle est l’utilité de toutes les plantes pour guérir les corps malades. Un art qui lui est bien connu est de savoir changer de visage et, comme Dédale, de voler par les airs avec des plumes neuves. Quand elle le veut, elle est de Bristus, de Carnotus ou de Papia ; quand elle le veut, elle glisse des airs sur nos rivages. On dit qu’elle a enseigné l’astrologie à ses sœurs : Moronoe, Mazoe, Gliten, Glitonea, Gliton, Tyronoe, Thiten, Thiton très habile à la cithare.
C’est là que nous conduisîmes Arthur grièvement blessé après la
bataille de Camlann, sous la direction de Barinthius à qui étaient connues les eaux et les étoiles du ciel. Conduits par ce navire nous y arrivâmes avec le Roi et Morgane nous reçut avec les honneurs convenables. Elle le porta dans sa chambre sur une couche d’or et, de sa main charmante, elle découvrit la blessure. Elle l’examina longuement et enfin elle dit qu’elle pouvait lui rendre la santé s’il restait avec elle assez longtemps et voulait bien absorber ses remèdes. Nous en réjouissant donc, nous lui confiâmes le Roi et nous fîmes voile pour le retour avec des vents favorables ».
(
Geoffroy de Monmouth,
Vita Merlini - La légende arthurienne III, cité par Françoise Le Roux et Christian-J. Guyonvarc’h dans :
Les Druides).
Pays du Rien du Tout, ou Jardin des Hespérides, l’Autre Monde, le SID (ou Sidh) en mythologie celtique : monde de la non-dualité, pas de dualité paradis-enfer, ni de purgatoire, pas de dualité bien-mal et sa palanquée de programmation de l’humain par la dualité récompenses-punitions ; les démons de l’époque pré-chrétienne n’apparaissent jamais dans le SID. Le péché véniel, l’impiété et le crime n’y existent pas. Pas de diable ni de
« jugement dernier » au SID.
Le Pays du Rien du Tout la Vraie Demeure ; il n’y a pas d’autre ailleurs que ‘moi’ : pas de dualité Dedans-Dehors. C’est le Trouvère : l’Amoureux qui peut déclarer : « Il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu » (Islam), « Je suis un Brahman [l’Absolu], indivisible, immuable et paisible » (
Amrita Bindu Upanishad 21)
(2), « Le Pays du Rien du Tout est la Vraie Demeure », « Moi et le Père Nous sommes un » (
Jean 10, 30). C’est-à-dire que le langage n’est pas nécessaire à la Connaissance ou Conscience infini et les Mystiques ou Réalisés le savent. L’étude donne une forme, mais elle est incapable de conférer un
« sens », qui est Essence : « Je suis ce JE SUIS », et donc le ‘Je’ n’ex-iste pas à proprement parler comme le Centre est nulle part. Ce qu’on appelle l’Être n’est que l’ex-istant : l’Essence, ce qui ex-iste de toute éternité. Arthur Rimbaud écrivait :
« La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde » (dans
Une saison en enfer, Délires I). C’est le Surfeu mentionné plus haut, sans flammes ni cendres, qui portera l’Absolu de l’Être ; quand tel l’Ouroboros le Feu ou énergie se dévore elle-même, quand cette énergie tel le Retournement de la Lumière se retourne contre l’ego, totalisant sur l’Instant de sa perte en même temps que l’intensité de la destruction apportant la preuve la plus transparente de l’ex-istence. La même Paradoxe du ‘Je’ [Conscience infinie] rejette l’illusion du ‘je’ [ego) et cependant demeure en tant que ‘Je’. Tel est le paradoxe de la réalisation du Soi ou Vraie Libération dans la non-dualité dedans-dehors ou ce qui est introuvable et sans saisie. Ceux qui sont déjà Libérés, soit qui sont dans leur état originel [« Je suis ce JE SUIS »] n’y voient aucune contradiction. (En référence à l’entretien 28 du Maharshi le 4-2-1935).
Le contraire du Pays du Rien du Tout s’appelle
« civilisation » : « Le comportement moderne et
”civilisé” qui vise à cacher un cœur hypocrite sous des mots doux et séduisants [une définition du politisme actuel] convient très bien, vraiment bien !
Délivrez-vous en évitant la vie moderne et
”civilisée” dont la nature est exerce de la tromperie [le virtuel informatique et transhumaniste], elle est semblable au fait d’étaler de l’ambroisie sur du poison » (le Maharshi, dans
Padamalai, courts aphorismes recueillis par Muruganar (1890-1973), un des proches disciples éveillés de Ramana Maharshi).
Le
« progrès » et la
« civilisation » = l’omniscience accompagnée de l’omnipotence découlent de l’illusion, parce qu’en vérité, le fait de connaître de façon objectivée, par la raison, n’existe pas « Comme nous ne connaissons aucun être en dehors de nous-même ou Nature véritable du Soi [
Atma svarupa], seule la pure Conscience libre des attribues qui brille en tant que plénitude, sans limitation aucune, est en vérité omniscience sans égal ; elle n’est pas l’autre connaissance qui comprend l’entière et simultanée connaissance des trois temps [passé, présent et futur] et les trois mondes [
triputi] ». (En référence à
Padamalai, Guru Vachaka Kovai, strophe 926,
Pozhippurai). Et dans
Padamalai, Vilakkam : « Comme tout est uniquement pure Conscience et que cette pure Conscience est notre Nature propre et véritable, il n’existe en vérité aucun autre être excepté soi-même. Étant donné que le savoir divisé et individualisé cesse dans cet état-Soi puisqu’il n’a aucune place, seule la Conscience libre d’attributs ou autrement dit, la Réalité qui brille sans division et dégagée de l’acte de savoir [au sens de la saisie}, est omniscience ».
Dans
Padamalai, Guru Vachaka Kovai, strophe 930,
Pozhippurai : « Les Véda proclament haut et fort que Dieu est omniscient simplement par égard pour ceux qui sont dans la confusion, car ils pensent maîtriser la connaissance limitée [celle de la conscience conceptualisante]. Après examen minutieux (on s’apercevra) qu’à aucun moment Dieu ne sait quoi que ce soit parce que dans Sa Nature même il et la plénitude d’être [
unmai pooranam] ».
« Étant donné qu’en vérité il n’existe rien en dehors de la conscience, l’omniscience est ignorance puisque par nature elle implique des différences ».
Le Maharshi explique que dans la voie du yoga la pensée n'est donnée qu'à l'expérience de l'état de veille. En raison de cette attitude, a-t-il dit, de nombreuses personnes distinctes sont vues dans l'état de veille [les personnes ou la diversité, le monde], et ainsi des pensées de faire du bien aux autres surgissent. Le Vedanta, d'autre part, prend en considération et réfléchit aux trois états [veille, rêve, sommeil profond].
Lorsque cette perspective est prise, la multiplicité [ou diversité] ne demeure pas.
Sri Maharshi a commenté cela en disant : « Pendant l'état de veille, si celui qui voit le multiple est soustrait, c'est-à-dire si le sentiment du « je » [ego) est supprimé, le multiple [la diversité] ne restera pas. Si l'état d'être d'observateur est abandonné, rien ne peut alors être prouvé [2]. Ainsi, le vrai point de vue est celui de l'adhishthâna [substrat, fondement]. Il n'y a rien d'autre que le substrat. Garder la connaissance de ce qui n'est pas réel est inutile ».
- Question : Comment maintenir la pensée que tout est Brahman au milieu des activités mondaines ?
- Maharshi : Quand l'harmonium est joué, il y a une note constante qui s'appelle le shruti [audition, Écriture révélée]. Parallèlement à cela, d'autres notes sortent également. Si l'oreille est fixée sur cette note qui est constante, alors, en écoutant les autres notes, cette note originale ne peut pas être oubliée. En fait, cette première note donne de la force à toutes les autres notes. Ainsi, le principe à comprendre est que la première note est l'adhishthâna [substrat] tandis que les autres notes représentent les activités mondaines. Pendant les activités mondaines, si [la conscience de] la note de l'adhishthâna est continue, tout ce qui est dit est alors fait avec l'autorité de cette note adhishthâna. Mais un homme ordinaire ne garde pas son attention sur la première note, l'adhishthâna. Il se contente d'écouter les notes qui suivent. Le jnani garde son attention sur la première note. Sukdev [un sage de l'Inde ancienne] avait l'habitude de garder une telle attention et de maintenir sa conscience de Brahman. Lorsque l'attention est fixée correctement sur la première note, l'effet des autres notes ne se fera pas sentir ». (Extrait d’une page du site de David Godman).
Le temps ne peut exister que s’il y a une personne pour lui prêter
attention et ainsi le fabriquer. Et cette conscience, ce quelqu’un,
c’est l’Instant, le Ici et Maintenant. De même existe-t-il une
conscience sans objets extérieurs (des désignations conventionnelles ou
DC), et d’objets extérieurs (DC) sans une conscience, sans au-delà ou en
troisième terme une Conscience seulement ou Conscience infinie ? La
réponse ne peut se trouver que dans le
« Qui suis-je ? » ou le
« Connaître toi-même par toi-même ». Cependant cette conscience liée aux
DC objets n’est rien d’autre que ce qui peut s’appeler OPINION liée au
mental qui décide ou fabrique, ou pas, et le temps, et les objets DC. La
Conscience seulement ne les trouve pas ; les DC objets de la conscience
conceptualisante ou raison sont en NON-DUALITÉ ou NON DEDANS-DEHORS et en conséquence dans
la NON-SAISIE ou empêchement de l’émergence des objets issus de la
conscience conceptualisante qui calcule. Et quand l’
ânandamaya-kosha
l’enveloppe faite de Félicité est dépassé, il ne reste plus que la
Conscience pure, « c’est
chit, le Soi ou le Suprême. Demeurer dans son
état naturel après l’apaisement des pensées est la félicité », dit le
Maharshi dans les entretiens 25, 619 et 624 (cités plus haut).
Ce monde actuel ne fonctionne que sur les OPINIONS et les habitudes de
juger, de coller des étiquettes partout, appelées
« infos »,
« culture », de concevoir des objets extérieurs opinionés comme
existants ou inexistants et pourvus d’une diversité de noms et de formes
fabriqués dans le conventionnel. Cette manière de connaissance ne peut
que s’appeler IGNORANCE : le fait de ne pas comprendre que ces
noms-les-formes ne sont que des constructions et perceptions du mental,
donc seulement des opinions.
[En référence au
Lankâvatâra, chapitre
L’impermanence 15 ; en référence à
Jean Coulonval :
Synthèse et Temps Nouveaux, pour le sens du mot
« opinion »].
Notes.
1. Une sorte de noix qui, placée dans une eau sale, absorbe toute la saleté et l’eau est ainsi purifiée.
2. Si tout est Conscience, y compris les objets extérieurs, et qu’il n’y a pas de Conscience sans objets, il doit bien exister la Conscience infinie ou
« Conscience seulement ». Seul le « QUI SUIS-JE ? » ou le « Connaître toi-même par toi-même » peut approcher d’un semblant de réponse.
« Considérez maintenant le
Vichâra-sâgara ; l’auteur distingue âdhâra [le substrat absolu] d
adhishthâna [le substrat relatif]. D’après lui, la corde reste toujours
âdhâra, qu’elle soit prise pour un serpent ou non. La corde devient l’
adhishthâna parce qu’elle paraît différente de ce qu’elle est en réalité : là, elle est le
sâmânya-adhishthâna [le substrat relatif commun] ; sous son aspect de serpent, elle devient
vishesha-adhishthâna [le substrat relatif particularisé]. Alors se pose la question suivante : l’
adhishthâna d’un
jīva est une chose ; celui d’Ishvara en est une autre ; comment ces deux
adhishthâna peuvent-ils devenir un ? L’auteur répond qu’il y a le même
âdhâra pour les deux
adhishthâna.
Plus loin, l’auteur mentionne plusieurs khyâti (théories) :
1)
asat-khyâti : la corde étant présente, le serpent apparaît, alors qu’il n’est pas présent.
2)
sat-khyâti : la corde ressemble à un serpent.
3)
âtma-khyâti : la corde reste non identifiée ; c’est le souvenir d’un serpent, vu ailleurs, qui crée l’illusion.
4)
akhyâti : totalement irréel.
5)
anyathâ-khyâti : l’image mentale du serpent a été projetée et elle est perçue comme si elle se trouvait devant soi.
6)
anirvachaniya-khyâti : inexplicable.
Ici, l’auteur soulève la question suivante : si le monde doit rentrer dans l’une de ces théories, de l’illusoire ou de l’irréel, il faut bien qu’il résulte d’une expérience antérieure durant laquelle il a été réel. Si le monde a été réel une fois, il doit l’être toujours.
Il répond à cela : L’expérience n’a pas forcément besoin d’être réelle ; il n’est pas nécessaire d’avoir vu un serpent réel. En avoir vu une simple image et en avoir ainsi acquis l’idée suffit pour confondre une corde avec un serpent. Le monde n’a donc pas besoin d’être réel ». (Ramana Maharshi, entretien 332 du 18-1-1937).