Blood and Bones
Film de Yoichi Sai, tiré d’un roman de Yang Seok.
Cela commence fort avec une musique joué par des cordes qui vient enrichir l’image, simple, intense. J’ai lu qu’on avait comparé Takeshi Kitano à Erich von Stroheim, je pense que c’est flatteur pour Kitano mais partiellement exacte, dans la mesure ou Kitano n’a jamais été empêché de tourner un film que je sache. Mais oui, il y a chez Stroheim et Kitano un aspect hiératique dans leurs façons de jouer qui les rends extraordinaires et beaux. Mais Kitano aussi se pose plein de questions sur son Art. Il est original par ce que j’appelle des silences dans le jeu de tous ses personnages qu’il joue dans ses films que j’ai pu voir. Ce sont ces silences, ces petits moments de respiration qui enrichissement considérablement l’art de Kitano. On dirait qu’il fait ses gestes pour la première fois de sa vie. Il y a aussi ces silences chez Stroheim.
Takeshi Kitano me fait penser aussi à Nicolas Tcherkassov, cet acteur de Russie plusieurs fois employé par Serguei M. Eisenstein notamment dans Ivan le terrible, son jeu hiératique découlait de la tradition du théâtre.
Après cette digression, je poursuis : Kitano joue Kim Sun-Pei, un émigrant d’un île coréenne pour le Japon à Osaka en 1923.
Musique en contrepoint admirable sur une séquence unique et criante de haine ou Kitano, le père, se bat pour une question d’argent avec un de ses fils en pleine ruelle sous une pluie continue ; une chorégraphie à deux en inverse ! Comme surréaliste, tant la prise de vues est étonnante, et pourtant simple.
Même contrepoint des cordes sur le dépeçage d’un porc par Kitano. Takeshi Kitano joue magistralement un homme violent et brutal, possessif et égoïste, autoritaire, méprisant, bref que des défauts ! C’est un potentat, un patriarche pragmatique que rien ne semble émouvoir et qui ne sort aucun son de sa bouche ! C’est un animal que son instinct pousse a courser les femmes. Ce n’est pas pour rien dans la scène où il découpe à la hache le porc il soit prit d’une espèce de détermination, comme une nervosité ; même chose quand il mange de la viande avariée ! En faite il doit avoir un cerveau droit hyper développé et dopé à la testostérone, et par moments il ressemble à un fou furieux, car il va jusqu’à casser les dents d’une femme en la frappant, il s’entaille un bras et veut faire boire son sang à un homme... Il est une bombe à lui tout seul bien-sûr avec les dangers qu’icelle comporte ! Mais malgré toutes les apparences, il est profondément humain... à de rares instants... Mais avec ses intrusions provocants souvent des bagarres, elles en deviennent tragicomiques sous le son des éructations et des coups. Et avec le temps qui coule, il est victime d’une attaque qui le diminue en lui paralysant une jambe. Malgré ça il n’a pas perdu de sa verve et de sa méchanceté.
Le titre du film : Sang et Os - Blood and Bones, symbolise parfaitement le noir récit.
La réalisation est soignée et coule bien car Yoichi Sai fait une mise en scène directe, presque comme de simples tableaux avec de jolis cadrages, avec des scènes de reconstitution historique pour cette sombre histoire sur fond du rapport entre Coréens et Japonais, et qui s’étale, sans que l’on s’en rende compte, autour de la seconde guerre mondiale et jusqu’au conflit entre les deux Corées.
Je pense qu’il faut revoir ce film plusieurs fois pour en comprendre les subtilités.
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Dernière mise à jour : 21-04-2008 10:30
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