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Égypte
ancienne
ENSEIGNEMENT D'AMÉNEMOPÉ
Paléographiquement, le manuscrit de l'Enseignement d'Aménemopé ne saurait
être antérieur au VIIIe siècle avant notre ère, certains l'attribuant
même à la Première Domination perse (fin du VIe siècle avant notre ère).
Cet Enseignement était destiné à un public de scribes et était connu
par
des manuscrits scolaires, il a été reçu dans la culture des Hébreux dans
la première moitié du premier millénaire avant notre ère.
(Extrait
de la présentation de l'Enseignement d'Aménemopé du livre : la Sagesse
de l'Égypte
pharaonique, de Pascal Vernus, Imprimerie Nationale Éditions,
Paris) Extraits
Chapitre 3 (V,
9-19)
N'engage pas une discussion
avec celui dont les propos sont enflammés [litt. : celui
aux propos chauds],
Ni ne l'agresse verbalement.
Temporise face à un adversaire, fais le gros dos [litt.
courbe-toi]
devant un opposant.
Demeure sans réaction devant une parole.
Une tempête quand
elle se lève comme le feu dans la paille,
Tel est le bouillant à son heure.
Bats en retraite devant lui, laisse-le à lui-même [litt.
: en avant de lui].
Dieu saura lui répondre. [Laisse-le à la divinité]
Si tu passes ton temps avec ceci à l'esprit,
Tes enfants le prendront en considération. Chapitre
4 (V, 20 - VI, 12) Quand au bouillant du temple,
Il est comme un arbre planté
sur le devant [ou : à l'intérieur]. (Le devant : une terrasse)
L'espace d'un instant sa production de bourgeons !
Il trouve sanfin dans un réceptacle de détritus (?)
Il est arrosé [ou : il dérive] loin dans sa place. (De
sa place d'origine).
Le feu est sa sépulture.
Le vrai silencieux, il sa place de côté.
Il est comme un arbre poussé dans une (sorte de terrain).
Il verdit de sorte qu'il double sa production.
Il est dans l'angle de vue de son maître.
Ses fruits sont doux, son ombre est agréable.
Il trouve sa fin comme
statuette [ou : dans un jardin]. (Allusion à une effigie divine
en bois). Chapitre 5
(VI, 13 - VII, 10) Ne t'approprie
pas une part revenant au temple. (Respecter les biens du dieu).
Ne sois pas avide, et tu trouveras du supplément.
Ne détourne pas un serviteur
du dieu
Pour rendre service à un autre.
Ne dis pas : " Aujourd'hui est comme demain ! "
Comment en arriver à cela (cette idée) ?
Demain est arrivé, aujourd'hui est en train de s'en aller. (La
fortune de l'homme est changeante, car elle dépend du bon vouloir
du dieu local, lequel est imprévisible : on ne peut pas se permettre
d'interpréter sa
Pensée ! Ainsi chaque jour est différent et le sort peut
brutalement changer, comme le cours d'eau peut se retrouver à sec.
En s'en remettant au dieu, les effets sont définitifs !)
La profondeur est devenue la surface du flot.
Les crocodiles sont libres, les hippopotames sur les bancs de sable ;
Les poissons
suffoquent [? ou : sont pris].
Les loups sont rassasiés, les oiseaux en fête.
Les filets (?) sont vidés.
Quant au silencieux du temple,
Il dit : " Rê est grand de faveur ! "
Prends à ton compte (le modèle) du silencieux, tu trouveras un moyen d'existence
Et ta personne physique s'en trouvera bien sur terre.
Chapitre 18
(XIX, 10 - XX, 6) Ne t'endors pas en t'inquiétant
pour demain :
" Au matin comment est demain ? "
L'homme ignore comment sera demain.
La divinité est dans sa réussite,
Mais l'homme est dans son échec
[litt. : Si la divinité est dans sa réussite, c'est alors que l'homme est
dans son échec].
C'est une chose
[litt. : sont à part] les paroles que prononcent les hommes,
C'en est une autre [litt. : sont à part] les actions de la divinité.
Ne dis pas : " Je n'ai pas de fautes ",
Si tu t'ingénies à rechercher la perturbation.
La faute, elle relève de la divinité ;
Elle est scellée [ou : elle (la) scelle] de son doigt.
Il n'y a pas de réussite auprès de la divinité,
Et il n'y a pas non plus d'échec à ses yeux [litt. : devant
elle]. (La notion
d'échec ou de réussite perd son sens sur le plan du divin !)
S'il [l'homme] se met en position de rechercher la réussite,
En l'espace d'un instant, il la gâche. (Même pensée chez Lao-Tseu et
d'autres philosophes Chinois).
Aie l'esprit solide [litt. : sois lourd dans ton esprit], affermis ton cœur.
Ne gouverne pas avec ta langue. (Relation entre langue et cœur : la langue n'est
que l'instrument du cœur).
La langue d'un homme est le gouvernail d'un bateau.
(Mais) c'est le Maître éternel qui en est le pilote.
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