Tous le peuples et tous les pays ont leur Montagne sacrée. Les épreuves mystiques sont décrites comme une ascension, une montée de l’échelle, comme un lien entre Ciel et Terre. La montagne est comme un vaisseau spatial, et c’est la vision qu’en donne d’ailleurs la série
Stargate SG1 avec ses pyramides volantes.
L’échelle (climax à la Aristote) comporte traditionnellement 7 échelons fait d’un métal différent selon la tradition
mithriaque. D’après
Celse, le premier échelon était le Plomb et correspondait au « ciel » de Saturne (planète considéré comme maléfique).
Les Immortels Taoïstes s’élevaient au Ciel du sommet d’une montagne.
Une des montagnes les plus célèbres est le
Mont Meru, le centre de l’Univers de la cosmologie hindoue et brâmanique.
Le Mont Meru est la demeure des dieux, au sommet se trouverait la demeure d’Indra, le chef des Deva (sorte d’Esprits de la Nature théoriquement au nombre de 33 millions). Ce mont est attaché à l’Étoile Polaire et au chiffre sept (Étoile Polaire étant la dernière des sept étoiles de la Grande Ourse).
Pour la Chine le mont sacré c’est le K’ouen-louen, pour les Grecs c’est l’Olympe, pour les Tibétains c’est le Potala, etc.
Comme les dieux se trouvent au sommet de la montagne, elle est assimilée à un trône, un temple.
Comme dans la nouvelle de
Jorge Luis Borges :
L’écriture du Dieu, une montagne peut être la parole du dieu, comme les
Tables de la Loi pour Moïse, mais aux cours des millénaires, les montagnes s’usent, comme les individus. Tout bouge tout le temps. Dans la nouvelle de Borges, le personnage pense que du langage d’un dieu devrait sortir un seul mot résumant la plénitude.
Mais la montagne c’est de la pierre, et avant tout la pierre est, exactement comme le Soi divin de
Ramana Maharshi. La pierre frappe le regard, sa puissance aussi frappe le pauvre être humain dans sa précarité. C’est ce que représente le monolithe du film
2001 Odyssée de l’espace. La
Kaaba est en forme de cube. La pierre sert de tombe, l’âme habite la pierre. La pierre, le dolmen, le menhir deviennent sacrés grâce à la force spirituelle dont ils portent la marque.
Mircea Eliade rapporte qu’aux Indes il existe une croyance suivant laquelle certaines pierres seraient nées et se reproduiraient d’elles-mêmes.
Mircea Eliade explique que la montagne est comme le centre du monde, le Soleil se couche entre les montagnes et c’est par là que doit passer le chemin du mort vers l’autre monde. L’expression assyrienne commune pour « mourir » est : « s’accrocher aux montagnes ». En égyptien ancien, le verbe
mnj (meni : s’accrocher, rejoindre quelqu’un) est un euphémisme, comme les aimaient les Anciens Égyptiens, qui signifie aussi « mourir », mais aussi : marier, pouvoir, attribuer.
Montagne en égyptien ancien s’écrit :
dw (doua), comme le monde des mort et celui d’Anubis. Doua indique aussi rocher, être méchant, triste, de mauvais humeur.
Donc avec notre époque ou quasiment le principe vital prend sa source dans la matière et non dans le spirituel, on comprend parfaitement que la symbolique de la montagne et de la pyramide soit totalement faussée. L’ascension de la montagne qui théoriquement conduit à la connaissance de Dieu, est devenu le dieu matérialiste qui a sous son œil ses esclaves... Tout s’est inversé.
I’m looking for the face I had.
Before the world was made.
Je cherche le visage que j’avais.
Avant que le monde a été fait.
(Yeats, The Winding Stair, citation dans : Biographie de Tadeo Isidoro Cruz, de Jorge Luis Borges)
Comme le souligne
Georges Dumézil dans sa préface du
Traité d’histoire des religions, de Mircea Eliade : « En matière de religion comme en matière de langage, tout
état s’explique et ne s’explique que par une évolution, à partir d’un état
antérieur, avec ou sans intervention d’influences
extérieures ».
[En haut de page, les deux Routy sous le ciel étoilé, les deux lions de l’horizon, gardiens du passé et de l’avenir, protègent le Soleil à son lever et à son coucher à travers la montagne. L’un des lions représente “ hier “ et regarde l’Occident ; l’autre se nomme Doua (demain) et regarde l’Orient. Ils sont les deux gardiens qui ouvrent et ferment l’entrée et la sortie du monde des ténèbres]
M. R.