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Karel Zeman - L’invention destructrice Suggérer par mail
 

Ecrit par Sechy, le 03-12-2008 00:26

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Publié dans : Présentation Dessins Animés, Dessins animés divers

Tags : Dessins animés, Gravures, Karel Zeman, L’invention destructrice

 
Karel Zeman - L’invention destructrice
 
 
Monsieur Prokouk, de Karel Zeman
 
 
Document pdf sur Karel Zeman : http://www.plan-sequence.asso.fr/bo/documents/Sindbad.pdf
Page sur Sinbad de Karel Zeman : http://www.cnbdi.fr/index.php?option=com_content&task=view&id=1037&Itemid=45

L'invention destructrice, film de Tchécoslovaquie de Karel Zeman (1956-1957) qui évoque les illustrations françaises de Édouard Riou et Léon Benett pour Jules Verne.
Karel Zeman a créé le personnage populaire de Monsieur Prokouk (vidéo ci-dessus).
 
 
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Dessins de Riou pour : Cinq semaines en ballon,
Voyage au centre de la Terre
 
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Dessins de Benett pour : Les 500 millions de la Begum
 
 
Monsieur Prokouk de Zeman évoque la magie des trucages et de l’animation image par image des marionnettes. J’ai aussi animé des marionnettes, et animé des papiers découpés sous la caméra de banc-titre. Avec le recul du sable temporel, j’ai une préférence pour ce genre d’animation par rapport à l’animation classique et plutôt commerciale que l’on peut voir dans la japanimation et chez les Américains.
On ne peut pas rendre cette magie avec l’informatique actuelle, il faut la main de l’homme au contact des papiers découpés, au contact de la marionnette articulée, véritable bijou de mécanique avec de petites rotules et tout une armature digne des horlogers suisses. Et que dire de l’habillage de la marionnette, digne création proche de la haute couture.
 
Marionnette de Jiri TRNKA
 

Il faut savoir aussi que l’animation Tchèque a été une des plus importante en Europe et même au-delà.
Zeman a été avec Jiri Trnka et Bretislav Pojar un grand de l’animation, aussi important que chez nous en France Paul Grimault.
Zeman après les aventures avec son héros Monsieur Prokouk s’est attaqué a des problèmes de pure virtuosité : animation de figurines en verre dans Inspiration (1949), combinaison savante de la marionnette et du dessin animé dans Le trésor de l’île aux oiseaux (1952), puis le mélange de ces deux techniques avec des personnages en chair et en os dans son stupéfiant Voyage dans la préhistoire (1953), où l’histoire naturelle racontée aux enfants devient un efficace cauchemar. Le résultat de cette maîtrise atterrit dans la perfection du film présenté sur cette page: L’invention destructrice (1956).
Zeman s’inspire très librement des gravures de Riou et Benett pour les œuvres de Jules Verne chez l’éditeur Hetzel. Par un cumul de savantes techniques, il parvient à doter la prise de vues directe de certaines vertus propres à l’animation classique, et strie même comme les gravures ses interprètes, son décor, et jusqu’aux éléments selon le modèle de base.
 
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Karel ZEMAN
 
 
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Monsieur Prokouk
 
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Monsieur Prokouk
 
 
Zeman s’adresse plus spécialement à l’adolescent, alors que Jiri Trnka s’adresse à tous les âges.
Depuis les premiers travaux de Ladislas Starewitch, vers 1910, et surtout sur son chef-d’œuvre : Le Roman de Renard, en passant par Jean Painlevé, Alexandre Alexeïeff, la marionnette a tenté beaucoup de monde : la Pologne, la Chine, la Hollande avec Joop Geesink, la Norvège. l’Angleterre avec Halas et Batchelor. Aux États-Unis George Pal a fait la preuve de sa grande ingénuité (Aladin) ; Lou Bunin aussi a été un pionnier de la marionnette avec par exemple son Alice in Wonderland (1948). En France il y a eu en marionnettes : plusieurs séries portant le nom : Le Petit Lion, le Manège enchanté de Serge Danot, plusieurs autres équipes dont j’ai oublié le nom, mais ne pas oublier l’équipe Italo Bettiol et Stephano Lonati et leur Chapi Chapo (1974) et autre Pépin la Bulle.
 
 
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Barbe-Bleue, plastiline colorée et animée de
Jean Painlevé et du sculpteur René Bertrand.
 
 
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Aladin et la lampe magique, de George Pal.
Voir l'étonnant film de George Pal : La grande revue Philips 1938.
 
 
Le Manège Enchanté
 
 
Le film L’invention destructrice est une adaptation de plusieurs romans de Jules Verne, dont Vingt mille lieues sous les mers, et adapté par Karel Zeman et Frantisek Hrubin, filmé aux importants studios de Gottwaldov.
Tout de suite on pénètre dans l’univers de Jules Verne avec une gravure animée : de la vraie fumée noire sort d’un bateau à vapeur. Sur le bateau en décor de gravure sont placé de vrais acteurs bien vivants.
C’est vraiment très beau : les décors en noir et blanc avec des rayures comme par exemple celles des rails défilants sous une antique locomotive à vapeur, sur laquelle est juché un acteur. Et bien-sûr les acteurs portent des costumes à rayures ! Même l’eau de la mer est tramée. En plus Zeman introduit dans des plans une animation traditionnelle, ou plutôt en papier découpé.
Tout de suite je sens l’ambiance esthétique du Andreï Roublev de Tarkovsky. Il a certainement vu ce film ou un des films de Zeman.
 
 
Karel Zeman est le digne successeur de Georges Méliès, tant il se dégage de chaque plan un émerveillement, quelque chose de l’origine du cinéma, quand les badauds prenaient place dans des cafés, ou sur des bancs en plein air dans des attractions foraines. Ils découvraient pour la première fois « ces images qui bougent mieux que dans une lanterne magique ».
Toutes ces merveilles de trucages sont effectuées sans ordinateur, inexistant à l’époque ; cela en a d’autant plus de mérite.
Il y a une jolie séquence avec vues sur le fond de la mer construit en un mélange d’animation, de maquettes et d’incrustation tantôt de vrais poissons, tantôt de poissons en semi-animation. On a vraiment l’impression d’être dans les gravures de Riou ou de Benett. Si bien que les cadrages sont souvent en plan d’ensemble ou en plan rapproché.
Impressionnante est la scène de l’abordage : un sous-marin genre Nautilus éperonne un navire et le coule.
 
 
Et qui dit Jules Verne et abordage dit : trésor, avec impressionnant coffre remplit de pierres précieuses et autre monnaie genre pistole. La mer ne serait pas la mer sans ses requins, pas vraiment amis avec les humains.
Dans la séquence du sous-marin j’ai l’impression de voir des gravures de Riou pour Le Voyage au centre de la Terre de Jules Verne. Zeman y ajoute des animaux marins et des méduses toutes phosphorescentes ; tout comme ses vues vers des édifices terrestres ou marins où il y ajoute des vols d’oiseaux réels ou semi-animé.
Tout ce bidouillage, dans le bon sens du terme, me fait beaucoup penser aussi à Saiyuki ; c’est de la même vaine en ce qui concerne les astuces de réalisation, de trucages pour faciliter la compréhension directe, faciliter l’essentiel, apporter une originalité, sublimer le réel.

J’emploie le mot de bidouillage parce que dans Jules Verne, il fourmille un tas  de machines bizarres et d’inventions dignes du professeur Tournesol de Hergé. Zeman a retranscrit parfaitement cet univers industriel grand dévoreur de la chose métallique : nous ne sommes pas bien loin de la première guerre mondiale et de l’acier Krupp et de ses canons et obus. Le fer et l’acier sont maudits : on a commencé par des flèches, ensuite des épées, pour terminer par des balles, des boulets de canons et autres obus.
 
 
19è siècle, naissance de l’ère industrielle avec l’invention du téléphone, de l’ampoule électrique, du chemin de fer, du moteur électrique, du cinéma et de la photo, du phonographe, du disque de Paul Nipkow (1), le ballon dirigeable, l’anesthésie, la dynamite, etc... et j’oubliais l’essor des banques et des banquiers... et des bagnes qui vont avec... Et c’est là que l’on a commencé a polluer à qui mieux-mieux notre planète.
Je site Paul Nipkow parce que Zeman illustre ce principe dans quelques plans où l’on voit carrément un « pirate » tourner la manivelle, non pas pour faire défiler une quelconque pellicule argentique dans sa caméra, mais belle et bien un disque analyseur d’images, une télévision mécanique, donc l’ancêtre de la télévision du 20è siècle avec ses tubes à vide genre tubes cathodiques. Mais on peut aussi le comprendre comme une utilisation du Phénakistiscope, qui est un dérivé du disque de Nipkow, mais déjà enregistré avec un mouvement dessiné sur chaque cadre, donc l’ancêtre du film argentique. C’est fou la technique, non !?

Toute cette débauche de technique n’empêche pas l’homme d’être confronté à la Nature, puisqu’il en fait partie ! mais il ne s’en rend pas compte, ainsi un scaphandrier doit lutter avec une pieuvre géante. Normal pour du Jules Verne, mais chez Zeman il sublime la réalité en une poésie d’un mélange d’animation du poulpe et de l’acteur réel dans son scaphandre pris dans les tentacules, rayées comme les gravures de Riou. Et bien-sûr le compagnon du scaphandrier ne pense qu’a tuer le poulpe. S’ils ne l’avaient pas dérangés, l’attaque du poulpe n’aurait pas eu lieu.

Un chef d’œuvre dans son genre qui dépayse certes, mais quelle poésie, quelle fraîcheur, il y a même un plan sorti du film de Le Bargy (L’Assassinat du duc de Guise, 1908) ; et chaque plan apporte une invention picturale. Pour les gravures du film, on peut même aller jusqu’à faire référence aux gravures de l’encyclopédie de Diderot, notamment pour l’illustration des mécaniques et autres bielles en action.

Michel Roudakoff



Note.
1. Ancêtre de notre télévision maintenant à écran plat.
Différents sites sur la découverte de la télévision.
http://bpcv.free.fr/Nipkow.htm
http://histv2.free.fr/nipkow/nipkow2.htm
http://819lignes.free.fr/Disque%20de%20Nipkow.html
http://www.musee-communication.com/Photos%20collection/foto29.html
http://la-radiovision.fr/description.htm
En anglais :
http://inventors.about.com/od/germaninventors/a/Nipkow.htm
http://en.wikipedia.org/wiki/Paul_Gottlieb_Nipkow
 
 
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Dernière mise à jour : 14-12-2008 02:28

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