Tatta Hitotsu no Koi
たったひとつの恋
http://wiki.d-addicts.com/Tatta_Hitotsu_no_Koi
Drama en 10 épisodes diffusé au Japon sur NTV en 2006 et réalisé par Iwamoto Hitoshi. Tout de suite je vous recommande fortement ce drama à cause de la richesse des petits rien de la vie, de leurs aspects terriblement dérisoires. C’est par le jeu du contraste, si enrichissant en art, et dans cette histoire, que cela prend tout son sens.
Une pure histoire d’amour entre le fils d'un homme qui dirige un atelier de réparation navale, en proie à des problèmes financiers, et la fille bien élevée du propriétaire d’une chaîne de magasins de bijoux. L’histoire se déroule à Yokohama, port et ville moderne connue pour son atmosphère romantique.
Un garçon et une fille de milieux sociaux très différents se rencontrent et tombent amoureux ; ils sont confrontés bien-sûr à beaucoup d’obstacles.
Hiroto Kanzaki (joué par Kazuya Kamenashi) travaille dur jour et nuit pour la survie d'une petite usine de réparation navale (hérité de son père), et pour la survie de sa mère et de son jeune frère, Ren (joué par Saito Ryusei), handicapé. A vivre une telle vie défavorisée, Hiroto en a oublié ce qu’était le sourire. Contrairement à lui, Tsukioka Nao (joué par Haruka Ayase), fille du riche propriétaire du magasin principal de bijoux, situé dans une rue aux commerces de luxe à Yokohama, tout semble lui être facilité. Elle étudie dans un prestigieux collège et sa vie est baignée par un entourage affectif bénéfique. A partir du moment où elle répond à Hiroto, son esprit fermé s'ouvre lentement à lui. L’innocence de Nao permet également une transformation du jeune homme. Les deux amis d’Hiroto, qui ont aussi 20 ans, vont jouer un rôle important dans le développement de ces relations.
La scénariste est Kitagawa Eriko, auteur aussi de Orange Days. Elle a gagné le surnom de « La déesse des histoires d’amour ». En espérant simplement que les histoires d’amour ne finissent pas toujours mal ! Ne pas oublier aussi que l’amour est intemporel ! imprévisible !
(Résumé en partie d’après le DramaWiki)
Je retrouve ici avec plaisir Kazuya Kamenashi, qui jouait l’un des trois compères dans Nobuta wo Produce.
Si les bijoux sont de petits objets et composés en partie de métal, le premier épisode démarre dans le métallique, mais de la taille d’un chantier de réparation de bateaux. On s’échappe momentanément du métallique, car Hiroto retrouve deux de ses copains pour aller pêcher dans une zone non autorisée. Ils pêchent pour se faire un peu d’argent. Malheureusement ils se débrouillent mal, car ils y a des intrus. En opposition et dans une autre chronologie, un endroit luxueux, une jeune femme : Nao (joué par Ayase Haruka), apprend les rudiments de la cérémonie du thé (Chanoyu).
Là aussi ça fouare lamentablement à cause d’un autre genre d’intrus : une guêpe !
De leur chronologie, les trois garçons attendent la nuit pour effectuer leur « pêche miraculeuse ». Dès les premières minutes, au son d’une jolie musique un peu nostalgique, genre folklore celtique, ou du côté de ce coin là, on est soulevé par une intense émotion. Il est vrai que Hiroto joue en même temps le narrateur de sa rencontre avec Nao. En faite de pêche miraculeuse ce sont plutôt les policiers que récoltent les trois garçons ! Mais ils sont agiles et glissants comme... des poissons.
Avec leur marchandise les trois garçons se rendent à Yoko Jyo, université célèbre et réputée, comme toutes les universités du monde n’est-ce-pas !
Attention on va entrer dans la loi de cause à effet de pleine tête si je puis dire : des filles donne une invitation aux trois garçons, pour leur fête de l’université, alors qu’arrive en trombe Nao. Comme Hiroto a la mauvaise posture de tenir son seau remplit de poissons à ses copains, c’est Nao qui renverse tout ça... Évidemment Nao ne s’occupe que de sa robe trempée d’eau de mer, et qui va sentir le poisson.
Pendant la fête, que des riches en costumes, mais alors la nourriture... deux des copains de Hiroto en profitent comme s’ils n’avaient pas mangé depuis une semaine. Hiroto bien-sûr retrouve Nao très esseulée. À la question de Nao, Hiroto invente sa spécialité d’étude à l’université : la médecine. Nao est mécontente de sa robe fichu à cause de l’odeur de poisson. Dès le départ on voit qu’Hiroto est un petit débrouillard de première.
La symbolique de la scénariste est jolie : Nao et Hiroto sont marqué par l’eau : première rencontre avec le seau remplit de poissons, deuxième rencontre avec carrément un plongeon dans la piscine où à lieu la fête de l’université, et dans ce dernier cas sous la musique dans le style celte, ou quelque chose comme ça, en tous cas un peu tire-larmes, musique qui n’est pas sans rappeler Titanic.
Les deux copains de Hiroto draguent les filles en se présentant étudier en économie, et possédant une Rolls !
Hiroto est dégoûté de leur vantardise. Une amie de Nao lui fait comprendre qu’Hiroto est tombé exprès dans la piscine avec Nao, et que celle-ci ne l’a même pas remercié de s’être dévoué pour rechercher ses verres de contacts, d’ailleurs jetables !...
Nao fait un effort et rattrape dans la rue avec peine les trois garçons. Ils conviennent d’un rendez-vous le jour de la fête d’Halloween. Pendant ce temps nous pouvons admirer la maquette du « magasin » de bijoux du papa de Nao : un bel immeuble d’au moins 6 étages avec au rez-de-chaussée la « boutique ». On apprend qu’il possède aussi 36 autres magasins, ou 35... mais on se fiche du nombre n’est-ce-pas !
Toujours le jeu intéressant des contrastes : pendant que papa bijoux discute de la santé de sa fille, Hiroto dans sa chaumière se débat pour faire sécher des vêtements sur une corde à linge. On le retrouve ainsi préparant à manger pour son petit frère, Kanzaki Ren (joué par Saito Ryusei, qui a commencé la comédie à 7 ans).
Le soir près de la chaumière d’Hiroto, en discutant avec ses deux amis, Kusano Ko (joué par Tanaka Koki) et Ozawa Ayuta (joué par Hiraoka Yuta), Hiroto ne sait pas quels sont ses sentiments envers Nao. Il ne veut pas aller au rendez-vous avec Nao, pourtant il lui a promis.
Dans le luxueux logis de Nao, nous la voyons se préparer pour copie conforme de la fête d’Halloween, fête qui est tout de même d’origine celtique ; ça fait étrange au Japon !
Rongé par le remords, Hiroto vient tout de même au rendez-vous de Nao, avec un très gros retard. Elle est là, déguisée en sorcière. Hiroto a l’air froid et dérangé par l’honnêteté, l’innocence de Nao. À ce premier rendez-vous, Nao transmet une parcelle de son innocence à Hiroto. C’est joli comme tout.
Après un échange de vêtement : une veste de cuir prêtée à Nao, pour masquer un peu sa tenue de sorcière, elle doit rendre sa veste nettoyé à Hiroto. Ne disposant pas de son adresse personnelle, son seul renseignement étant la vantardise de l’appartenance d’Hiroto à l’université Yoko Jyo. Comme il n’y a jamais été admis, imaginez la déroute de Nao.
C’est touchant parce que la richesse s’étale, la pauvreté se cache, elle se cache même quand elle s’étale dans des bidonvilles, car c’est toujours à l’extérieur des villes. Ici, en se vantant, les trois copains cachaient innocemment leur misère. Elle se renseigne auprès des siens, car les garçons ont quelque fois vendus des poissons à sa famille ; construction de cause et effet oblige. Ainsi Nao se retrouve dans l’atelier de réparation de bateaux face à Hiroto.
Évidemment elle le traite de menteur, puisqu’elle découvre tout, y compris son jeune frère handicapé. Hiroto veut payer le nettoyage de sa veste, mais Nao est déjà repartie.
Terrible est la barrière de l’argent, à mon goût bien écrite dans le scénario, en plus la scénariste appuie sur le déficit de la petite entreprise de réparation. J’espère quand même qu’on ne va pas tomber dans la Petite Fille aux allumettes, le beau conte de Hans Christian Andersen, évocation d’une inadmissible énième misère.
Tout de même, la scénariste Kitagawa Eriko oppose l’opulence et le monde clinquant et arrogant de Nao, au monde pauvre du métal coupant, luisant et graisseux d’Hiroto. Un monde qui risque de s’éteindre comme la dernière allumettes de la petite fille du conte.
Je pense à cette personne, clochard ou presque tout sa vie, et qui a réussit à économiser, on ne sait comment sans se faire voler, et qui s’offre une nuit dans un palace parisien. Le lendemain la personne est retrouvé morte.
Je pense à cette personne qui voulait manger des chocolats malgré une grave maladie. Elle a voulue accomplir son souhait, ainsi elle en est morte, ou plutôt, comme la Petite Fille aux allumettes, elle s’en est allé dans un monde meilleur.
Je pense au mini scénario publié sur le site de Celtx (logiciel gratuit pour scénaristes), où un clochard dans un square sur un banc fait gagner des millions à une femme. Elle veut le récompenser, le clochard l’envoie balader en lui expliquant qu’il connaît tout ça par cœur et que ça ne l’intéresse plus. On le retrouve le lendemain : mort de froid et d’épuisement.
Je pense à la magnifique phrase du médecin Barberousse, résumant tout le film du même nom, réalisé par Kurosawa, et consacré aux déshérités :
- Dans une vie, rien n'est plus sublime que les derniers instants.
J’ajoute que le franchissement DU SEUIL est toujours terriblement émouvant.
Par la suite Ozawa Ayuta, un des deux amis d’Hiroto, apprend à Nao que le père d’Hiroto est mort et que c’est lui qui fait tourner cette entreprise de réparation, mais qui entretient aussi toute sa famille. Ainsi les jugements de Nao à l’égard d’Hiroto ne peuvent plus tenir. Et c’est bien ce que j’écrivais plus haut, il cache sa misère par des mensonges.
Dans l’épisode deux il y a une jolie séquence où Hiroto prouve sa foi en Nao, mais en un air boudeur, comme détaché. Dans un stand, Nao voulait une petite boule orange plongée parmi bien d’autres dans un petit basin. Petites boules contenant une surprise. Hiroto ne réussit pas malgré ses efforts de concentration. Sur l’instance boudeuse de Nao, il retourne au stand ; je vous laisse devinez la suite. Nao voulait la boule orange parce que c’était Hiroto qui essayait de la pêcher, et Hiroto voulait la pêcher parce que c’était pour Nao. La belle histoire d’amour donc peut commencer... En espérant qu’elle finissent bien...
Ensuite c’est fait de tout petits rien de la vie, coulant dans la chronologie que nous lui connaissons : Hiroto peut voir de sa chaumière de pauvre le building de luxe où crèche Nao. Ainsi la nuit de son balcon elle lui fait des signes lumineux provenant de la petite boule orange pêchée par Hiroto. Ce sont des petits rien comme ça qui peuvent devenir extraordinaires, comme une Pierre Philosophale. Et j’en profite une nouvelle fois pour appuyer la véracité de l’Œuvre alchimique, même si c’est déplacé par rapport à une page sur le drama, seulement tellement le nom Pierre Philosophale peut contenir de sens qu’il peut naître n’importe où, mais sous un faisceau de CONJONCTIONS extraordinaires... Le mot Pierre indique une fixation, une coagulation de l’Instant, là où source tous les possibles... Si vous arrivez a fixer un millionième de scrupule (unité de poids) de cet Instant sans pour autant le priver de liberté, alors à vous la possibilité de jongler avec les atomes de n’importe quelle matière... Et pour en faire profiter les autres uniquement.
Un exemple de petits rien : un objet des plus banals peut être sacralisé simplement parce qu’il a appartenu à mon père.
A la fin de l’épisode deux, sans trop tomber dans le scénario à la Aristote, Hiroto ignore tout jusqu’à présent de la famille de Nao. En prenant une pose au bord de l’eau longeant son atelier de réparations, il lit un magasine et découvre un reportage sur la bijouterie du père de Nao, avec une photo d’elle...
Terrible d’accorder deux sentiments : quand l’un désir quelque chose, l’autre n’est pas à l’écoute, et l’inverse... Surtout quand il y a une différence d’origine sociale comme ici : Hiroto se sent en état d’infériorité par rapport à Nao, depuis qu’il a découvert que son père était riche. Nao est une « princesse » trop riche pour lui... Il l’aime, mais n’ose poursuivre...
Dans l’épisode trois, un rôle plus conséquent est donné au très jeune Saito Ryusei. Il s’en tire naturellement, et il échange ses impressions d’apprentissage de la vie avec son handicape. C’est là aussi que Nao explique au petit frère d’Hiroto, et en toute sincérité, sa santé précaire, et qui a aussi nécessité un passage par une école pour enfants handicapés.
Terrible scène dans l’épisode trois, où Hiroto est obligé de s’agenouiller pour supplier un jeune loup nouvellement débarqué en reprenant l’entreprise de son père, afin de bien vouloir confier l’entretien de ses bateaux dans son atelier de réparation. Ce jeune loup, arrogant et méprisable, un petit yakuza, est au courant de comment a finit le père d’Hiroto, et icelui est obligé de s‘incliner, au sens propre.
Reste plus qu’au père de Nao d’acheter l’atelier d’Hiroto, mais je ne sais pas si ça fait partie du scénario, et je ne vais pas vous raconter toute l’histoire pour ne pas gâcher votre plaisir.
Quant à l’amour entre Hiroto et Nao, au stade de l’épisode trois, il est en continuel construction... et très volatil ! tant l’un accuse l’autre d’être égocentrique, voir immature. Seulement vous savez, quand Cupidon a décoché sa flèche, le premier instant est le bon, quoiqu’il arrive par la suite ! Cette « libido » qui pousse toute existence à se réaliser dans l’action. En amour, ça peut aller très très très vite, c’est bien ce que représente la flèche ! Un des rayons du Soleil est aussi comme une flèche... Selon Ovide, la flèche d’Or enflamme l’amour, la flèche de plomb l’éteint !
Un secret : la flèche de Cupidon ici, c’est la flûte de la musique style celtique.
Grand bravo à Kamenashi Kazuya, je ne le connaissait pas sous ce jour romantique, un peu timide et secret, malgré ses allures de gros dur. Il a ici une grande présence, un magnétisme, une fragilité aussi. Je le trouve beau, une beauté particulière ; la beauté est si subjective... Bravo à Ayase Haruka, que je trouve moins naturelle, laissant trop voir son métier de comédienne, ce n’est que mon impression ; mais elle se rattrape par ses tendresses envers Hiroto et des petites mimiques enfantines charmantes. Non, non, Ayase Haruka est vraiment bien aussi... elle sait oublier son métier, à certains moments. Désolé, parfois elle force trop... Bref je ne sais trop qu’en penser ! Dommage que Tanaka Koki en fasse trop, il fait clown et détonne par moments, alors ça fait rajouté et ne s’accorde pas à l’ensemble.
Quatre étoiles pour Tatta Hitotsu no Koi. Prévoyez quelques mouchoirs car vous pourrez craquer d’émotion pour les deux héros et leur famille. Grand bravo à la scénariste. Et merci au réalisateur Iwamoto Hitoshi, pour avoir su montrer avec élégance les petits rien, les moins que rien de la vie.
Je voudrai bien une cuisine équipée comme chez les bijoutiers !
Michel Roudakoff
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Dernière mise à jour : 19-03-2023 23:43
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